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Flora Tristan

Publié le 27/02/2008

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A côté des saint-simoniens, de Fourier, de Cabet, de tous ceux qui ont, au XIXe siècle, posé la question de la femme dans la société, Flora Tristan se distingue par son originalité et par sa vigueur. Beaucoup plus qu'une "jolie femme", elle se crut et fut, aux yeux de beaucoup, ce Messie que les saint-simoniens attendaient. Fille d'un noble Péruvien, Don Mariano de Tristan, et d'une jeune Française émigrée en Espagne, Flora Tristan naquit à Paris, en 1803. Le mariage de ses parents n'avait pas été légalisé et sa naissance passa pour illégitime. Don Mariano mourut en 1807 ou 1808, laissant sa femme et ses deux enfants dans la misère. L'enfance de Flora Tristan fut donc marquée à la fois par l'irrégularité de sa naissance et la pauvreté. A quinze ans, elle entre comme ouvrière coloriste dans l'atelier d'un peintre-lithographe, André Chazal. Séduit par son étrange beauté, son patron l'épouse et lui donne trois enfants (elle sera la grand-mère de Gauguin). Mais elle quitte bientôt son mari brutal et jaloux et se réfugie, avec ses enfants, à la campagne. Après avoir fait l'expérience de la pauvreté, Flora Tristan faisait l'expérience du mariage manqué. Le divorce n'était pas alors admis par la loi. Chazal poursuit sa femme de sa haine. Il ira jusqu'à tirer sur elle et la blesser. Le procès assez scabreux qui s'ensuivit rendit un moment Flora Tristan célèbre.

« Au contraire de la plupart des "féministes", c'est donc un humanisme que Flora défend.

Elle ne disjoint pas la causede la femme de celle de la classe ouvrière tout entière.

Ces deux catégories d'êtres humains, asservis pour desraisons diverses, ne peuvent séparer leur cause, et doivent lutter en commun pour la création d'une humanitéréellement libérée et réconciliée, enfin, avec elle-même.

C'est donc au prolétariat qu'elle s'adresse pour libérer lesfemmes de leur assujettissement millénaire, en même temps qu'il se libérera lui-même de l'oppression sociale qu'ilsubit : "La loi qui asservit la femme et la prive d'instruction, vous opprime, vous, hommes prolétaires.

C'est donc àvous, ouvriers qui êtes les victimes de l'inégalité de fait et de l'injustice, c'est à vous qu'il appartient d'établir enfinsur la terre le règne de la justice et de l'égalité absolue entre la femme et l'homme.

Ce sera l'œuvre des prolétairesfrançais de proclamer les droits de la femme, comme les hommes de 89 ont proclamé les droits de l'homme." Ce sont donc les ouvriers que Flora Tristan veut d'abord atteindre.

Mais elle ne rencontre auprès d'eux que peud'encouragement.

Non pas que l'on conteste ses descriptions de la famille ouvrière, mais on lui reproche d'en faireconnaître les tares au monde bourgeois.

L'éditeur Pagnerre, spécialiste des ouvrages sociaux, lui refuse sonmanuscrit.

Flora Tristan ne renonce pas à la publication d'une œuvre à laquelle elle n'attache pas de vanitéd'auteur, mais qui lui semble apporter au monde le salut.

Elle va mendier des souscriptions.

Grâce à Béranger,Considerant, George Sand, Eugène Sue, Blanqui, Flora Tristan réussit à faire paraître son livre. Mais c'est aussi une Bible qu'il lui faut aller prêcher.

Les précurseurs de la Révolution de 1848 ont tous ce côtémessianique.

Flora prend donc le bâton du pèlerin et emprunte la route classique des compagnons qui s'en allaientfaire leur tour de France.

A Marseille, elle tombe malade, mais les ouvriers l'entourent et la soignent avecdévouement, avec solidarité : "J'ai atteint mon but, écrit-elle : voilà l'amour que je voulais leur inspirer, me rendreutile afin qu'ils m'aiment, parce qu'ils reconnaissent que je puis les servir utilement." A Montpellier, une "coalition"ouvrière éclate après son départ.

On l'accuse de l'avoir fomentée.

A Béziers, à Carcassonne, les patrons sedéchaînent contre cette "sorcière".

A Toulouse, à Agen, la police la surveille.

Elle arrive mourante à Bordeaux et ymeurt, le 14 novembre 1844. Que reste-t-il de cette vie passionnée ? Une idée que Flora Tristan a lancée dans l'air et à laquelle elle s'estdévouée jusqu'à la misère, jusqu'à la mort.

Mais cette idée a eu une fortune prodigieuse.

C'est à elle que l'on doitaujourd'hui de voir des femmes professeurs d'université, des femmes ingénieurs, des femmes qui se dévoilent enIslam, ou ces millions de femmes chinoises qui, peu à peu, deviennent des êtres humains égaux et libres.

FloraTristan est l'une des ancêtres de toutes ces femmes qui, à travers le monde, conquièrent patiemment leur liberté etleur personne, et qui ignorent jusqu'à son nom.. »

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