Flora Tristan
Publié le 27/02/2008
Extrait du document
«
Au contraire de la plupart des "féministes", c'est donc un humanisme que Flora défend.
Elle ne disjoint pas la causede la femme de celle de la classe ouvrière tout entière.
Ces deux catégories d'êtres humains, asservis pour desraisons diverses, ne peuvent séparer leur cause, et doivent lutter en commun pour la création d'une humanitéréellement libérée et réconciliée, enfin, avec elle-même.
C'est donc au prolétariat qu'elle s'adresse pour libérer lesfemmes de leur assujettissement millénaire, en même temps qu'il se libérera lui-même de l'oppression sociale qu'ilsubit : "La loi qui asservit la femme et la prive d'instruction, vous opprime, vous, hommes prolétaires.
C'est donc àvous, ouvriers qui êtes les victimes de l'inégalité de fait et de l'injustice, c'est à vous qu'il appartient d'établir enfinsur la terre le règne de la justice et de l'égalité absolue entre la femme et l'homme.
Ce sera l'œuvre des prolétairesfrançais de proclamer les droits de la femme, comme les hommes de 89 ont proclamé les droits de l'homme."
Ce sont donc les ouvriers que Flora Tristan veut d'abord atteindre.
Mais elle ne rencontre auprès d'eux que peud'encouragement.
Non pas que l'on conteste ses descriptions de la famille ouvrière, mais on lui reproche d'en faireconnaître les tares au monde bourgeois.
L'éditeur Pagnerre, spécialiste des ouvrages sociaux, lui refuse sonmanuscrit.
Flora Tristan ne renonce pas à la publication d'une œuvre à laquelle elle n'attache pas de vanitéd'auteur, mais qui lui semble apporter au monde le salut.
Elle va mendier des souscriptions.
Grâce à Béranger,Considerant, George Sand, Eugène Sue, Blanqui, Flora Tristan réussit à faire paraître son livre.
Mais c'est aussi une Bible qu'il lui faut aller prêcher.
Les précurseurs de la Révolution de 1848 ont tous ce côtémessianique.
Flora prend donc le bâton du pèlerin et emprunte la route classique des compagnons qui s'en allaientfaire leur tour de France.
A Marseille, elle tombe malade, mais les ouvriers l'entourent et la soignent avecdévouement, avec solidarité : "J'ai atteint mon but, écrit-elle : voilà l'amour que je voulais leur inspirer, me rendreutile afin qu'ils m'aiment, parce qu'ils reconnaissent que je puis les servir utilement." A Montpellier, une "coalition"ouvrière éclate après son départ.
On l'accuse de l'avoir fomentée.
A Béziers, à Carcassonne, les patrons sedéchaînent contre cette "sorcière".
A Toulouse, à Agen, la police la surveille.
Elle arrive mourante à Bordeaux et ymeurt, le 14 novembre 1844.
Que reste-t-il de cette vie passionnée ? Une idée que Flora Tristan a lancée dans l'air et à laquelle elle s'estdévouée jusqu'à la misère, jusqu'à la mort.
Mais cette idée a eu une fortune prodigieuse.
C'est à elle que l'on doitaujourd'hui de voir des femmes professeurs d'université, des femmes ingénieurs, des femmes qui se dévoilent enIslam, ou ces millions de femmes chinoises qui, peu à peu, deviennent des êtres humains égaux et libres.
FloraTristan est l'une des ancêtres de toutes ces femmes qui, à travers le monde, conquièrent patiemment leur liberté etleur personne, et qui ignorent jusqu'à son nom..
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- UNION OUVRIÈRE (L’) de Flora Tristan (résumé & analyse)
- Flora Tristan par Edith Thomas A côté des saint-simoniens, de Fourier, de Cabet, de tous ceux qui ont, au XIXe siècle, posé la question de la femme dans la société, Flora Tristan se distingue par son originalité et par sa vigueur.
- Rosa Luxemburg par Édith Thomas Comme Flora Tristan, Rosa Luxemburg pensait que les problèmes concernant la situation de la femme s'intégraient dans l'histoire totale de l'humanité.
- TRISTAN, Flore Célestine Thérèse Tristan-Morcoso, dite Flora (3 avril 1803-14 octobre 1844) Femme politique Orpheline d'un aristocrate péruvien, elle commence sa vie à seize ans comme ouvrière coloriste.
- Tristan, Flora - écrivain.