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Foucaut

Publié le 22/05/2014

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Envoyé par Stéphanie. COURS DE MR FOURCAUT ATTENTION : Voici les notes que j'ai prises lors des cours de Mr Fourcaut à l'IUFM. Pour certains, les analyses qui vont suivre leur apparaîtront lumineuses et évidentes. Mais pour d'autres, les commentaires apparaîtront opaques voire complètement incompréhensibles. Je tiens à signaler l'originalité de la démarche de ce professeur et invite tous ceux qui liront ces notes à venir aux cours de Mr Fourcaut à l'IUFM. Il est en effet évident que ma prise de notes ne saurait refléter la richesse du cours de ce professeur. Il existe également, dans la collection 128, un ouvrage qui reprend en grande partie le contenu de son cours et a fortiori des notes qui suivent. Plan du cours : I.Intro : à la recherche de la poéticité II.Les attributs externes du texte poétique III.La mise en page du poème, marque d'une intentionnalité IV.Les mots du poème et les choses de la vie I.Une production différente du sens II.L'homéopathie poétique III.La mise en abyme du poème a.Intro : à la recherche de la poéticité Pour Mr Fourcaut, la poéticité est à chercher autre part que dans les vers et dans les rimes. Une grande partie de la poésie moderne se passe du vers régulier et de la rime. Donc, l'essentiel est ailleurs. Enjeu capital : le poème radicalise et concentre la fonction fondamentale de la littérature. Le poème parle toujours du désir de se laisser reprendre par l'impersonnel, de se défaire comme sujet, de céder aux séductions destructrices de l'informe (le poème est une forme informe). Blanchot : « le poème laisse émerger le IL sans figure, l'être anonyme, impersonnel. ». Le poème parle de ce désir et à sa façon le poème réalise ce désir en le mettant en ?uvre. ii.Les attributs externes du texte poétique Lire un poème ne se réduit jamais à examiner les rimes, à déceler le type de mètre utilisé, le type de strophe, à scander un vers. La poésie moderne laisse tomber tout cela et ce qui reste, c'est la poésie, la poéticité. Cf. rapport du jury (1994) ? une des lacunes soulignées : peut-on réduire les éléments de poéticité d'un texte à ses procédés de versification ? Ceci dit, on doit apprendre aux élèves les éléments de versification. Attention à la notion de rythme souvent mal utilisée. Le rythme (Mazaleyrat) est « fondé sur la perception d'une série de rapports entre les nombres syllabiques de groupes délimités par leurs accents ». En français, ce qui compte, c'est l'accent tonique (sur la dernière syllabe prononcée : bateáu, navíre). Exple : groupe nominal « mon beau navíre » ? accent sur dernier élément de l'unité syntaxique. Cela s 'appelle une mesure. La mesure = groupes délimités par leurs accents. Exple d'un alexandrin de Baudelaire : Mon esprít est pareíl à la toúr qui succómbe. = rythme de l'alexandrin 3 3 3 3 autre exemple : Adieú vive clarté de nos étés trop coúrts = rythme symétrique 2 4 4 2 Règle = la présence d'une syllabe en -E atone (i.e. -e muet) à la fin du dernier mot d'une mesure fait passer cette syllabe au début de la mesure suivante. La coupe se place exactement après l'accent et tombe une syllabe avant la fin du mot. Exemple (tjs le même poème) : J'écoúte en frémissánt chaque búche qui tómbe 2 4 3 3 Il faut être attentif aux jeux de sonorités (c'est important) MAIS tous ces procédés importent avant tout car ils sont autant de traces de l'inscription du corps dans le texte, de son désir de mouvement , de danse et de fusion. C'est le c?ur du problème. Pour le poète, il y a un paradoxe extraordinaire : pour le poète, le langage est un ennemi qu'il va essayer de retourner. Le langage est un obstacle, un système de signes, un ensemble de symboles mais le symbole se substitue à la chose qu'il symbolise. C'est une barrière, un écran. Pour la poésie, le langage me gêne pour approcher au plus près des choses. Cf. formule de F. Ponge : « Le monde muet est notre seule patrie ». Le langage n'appartient pas au monde (le monde est en-deçà du langage). Le monde = objet du désir en tant qu'il est maternel. Le poète veut fusionner avec le monde maternel mais il y a la barrière du langage qu'il faut alors retourner. D'où travail sur les sons. Ce qui est en jeu, c'est la possibilité d'un accord sensuel avec les choses. Le langage est traité comme une chose qui vaut la chose. Le langage est traité comme un corps qui vaut pour le corps maternel du monde. Je transforme le langage en un équivalent « monde ». Exple simple : l'harmonie imitative. Le poète importe le monde dans le langage pour pouvoir jouir du monde dans le langage. « Nous savons qu'elle est écrite que par accident historique. C'est dans l'oralité que vit la poésie, générée par le rythme du corps » dit Calvet. Un poète russe dans Comment faire des vers ? dit : « Je marche en gesticulant ? il n'y a encore presque pas de mots [point de départ = l'informe]. Je raccourcis le pas pour ne pas gêner ce mugissement. Ainsi se prend forme le rythme, base de toute poésie » ? mots générés par la production rythmique corporelle. III.La mise en page du poème, marque d'une intentionnalité ? spécificité de l'occupation de l'aire scripturale (i.e. disposition typographique du poème). La disposition est tabulaire (comme un tableau). C'est la VI-LISIBILITÉ du poème. Cela fait partie de la production du sens par le poème, cette disposition. Pour toute sorte de raison, cela oblige à une sorte de lecture. Quand on lit un poème, on a tendance à changer notre lecture (on va de haut en bas, bas en haut, diagonal). C'est une invitation à une autre lecture, une lecture spéciale, i.e. la signifiance. ? le poème comme théâtre. Cette typographie signale que qch. se met en place : le poème. C'est une sorte de seuil, de passage initiatique. Le poème a un fonctionnement et une vertu cathartique (catharsis = purification), comme au théâtre. Observons la page au milieu de laquelle se situe le poème : il y a bcp de blanc, peu de noir. Il y a un rapport dialectique subtil entre les mots noirs et le fond blanc. J. GIONO dans Noé développe la contradiction entre deux tendances fondamentales : le désir ?dipien de fusion avec le monde perçu comme maternel (mais par là, perte de l'individualité donc la mort) i.e. la perte (c'est comme cela que Giono l'appelle) et l'avarice. L'avarice, c'est l'économie du désir, i.e. l'horreur de mourir, l'attachement à l'individuel. Cf. début de La peau de chagrin où l'homme du magasin d'antiquité parle de son économie de désir. Il existe un jeu dialectique entre l'avarice et la perte. Dans un poème se passent deux choses contradictoires : les formes noires s'aventurent dans le grand blanc pour s'y perdre. Mais, dans le même temps, les formes se serrent pour faire corps ? opposition. Cette dialectique joue aussi dans la fable du poème. Jouer à ce jeu dans le poème, c'est jouer à mourir pour de faux (simulacre de l'art = dépenser le désir artificiellement). Exple du 1er poème des poésies de Mallarmé, « Salut ». Ce poème commence par « rien, rien ». Le mot est capital : c'est « rien » et ça n'est pas « rien ». Le mot « rien » est une forme qui dit son désir de retour dans le rien (i.e. la page blanche tout autour). La page blanche est la métaphore de la mer et de la mère. « Rien » est le 1er mot qui sort du ventre du monde. Cf. étymon : « rem », i.e. la chose, le truc inommable étranger aux formes. Toute la poésie est dans cette tension : exister noir sur blanc à la surface du papier et la volonté de s'y dissoudre. CHAR appelle cela « le poème pulvérisé ». ? la question des formes fixes : cette théorie tient-elle pour le sonnet par exple ? L'objection est importante. Le poème est une fête comme une fête dans les sociétés primitives (on travaille, on accumule les biens puis vient la fête, moment ritualisé, codifié où l'on jette tout, on gaspille? C 'est une dépense). Le poème est le lieu ritualisé dans lequel on va dépenser en se donnant un cadre bien spécifique (la fête dure 3 jours et puis basta). Les règles de la forme fixe sont des gardes-fous. On fait la « part du feu ». La poésie parle tjs du désir de mourir. Cf. Du Bellay dans l'olive. La poésie parle tjs du désir de se perdre. Dans tout poème, qqn court à sa perte (même s'il y a tjs la tendance opposée). IV.Les mots du poème et les choses de la vie. ? l'utilisation poétique du mot. Cf. Qu'est-ce que la littérature ? de Sartre. Sa thèse est simple [cette thèse est exactement celle qui nous a été proposée le jour de la composition française] : le poète est différent des autres, ne se sert pas des mots ordinairement comme des signes. En poésie, le mot n'est plus un signe mais devient une chose qu'il est, doté de propriétés matérielles (son par exple), taille du mot, couleurs? et surtout la signification. Dans la poésie, le mot comme la chose n'est plus signe de qch dans le monde mais devient une image de qch dans le monde. L'objet de la poésie est le réel en tant qu'il est strictement informe, étranger aux catégories du langage. Par le langage, nous humanisons le monde mais le vrai monde ne ressemble à rien, que ce soit le microcosme (l'inconscient, l'impersonnel, la chose en nous) ou le macrocosme. L'informe est ce qui échappe aux catégories du langage dans lesquelles on essaie d'enfermer le monde. Pour accéder aux choses, je traite le langage comme une chose et je le manipule tel qu'il me donnera accès à la chose du monde. Je fais tout pour qu'il ressemble à la chose du monde. Cf. Prévert in Fleurs et couronnes. Parfois, par exception, le mot ressemble à la chose. « Le poète s'est retiré du langage instrument. Ambiguïté du signe implique qu'on peut le traverser comme une vitre? L'homme qui parle est au-delà des mots et près de l'objet? Faute de savoir se servir des mots le poète voit dans le mot l'image d'un des aspects du monde » dit Sartre. La matérialité du poème (Blanc/noir) vaut pour le rapport de l'homme au monde, rapport tjs visé à travers le poème. Dans le poème, nous cherchons à atteindre le monde, à retourner aux choses via le langage traité comme une chose. D'où la thèse de la remotivation du signe. Cf. thèse de Jakobson. L'arbitraire du signe est qu'il y a entre le signifiant et le signifié une relation conventionnelle. Pour désigner une même réalité, il y a selon les langues plusieurs mots. Il y a des mots où le signifiant ressemble au signifié : onomatopée = c'est un signe motivé. Remotiver le langage, c'est rétablir le rapport de nécessité entre les mots et les choses, le signifiant et le signifié. Cf. Baudelaire et sa « sorcellerie évocatoire ». Allusion aux sociétés primitives ? le sorcier évoque un esprit, i.e. le rend physiquement dans l 'espace. La poésie ne raconte pas, ne décrit pas mais évoque, elle rend les choses présentes dans l'espace du poème en traitant les mots comme des choses. ? poéticité et déconstruction des stéréotypes. Le langage est perçu comme un écran entre l'homme et le monde, on tente de briser cet écran. On s'attaque à ce qui est spécialement aliénant, ce qui s'est figé par l'usage : le stéréotype (expressions toutes faites, proverbes, vers célèbres. Cf. Prévert qui « parodie » Hugo (« ceux qui pieusement? »). Prévert est farouchement anti-nationaliste et tourne en dérision ce vers en changeant « pieusement » en « copieusement ». Prévert déconstruit les stéréotypes. Le vrai artiste est celui qui sait qu'il n'y a plus d'accès immédiat à la chose. Il faut déconstruire les stéréotypes, sortes de sédimentation posée sur l'objet. ? paradoxe de la poésie : nommer l'inommable. L'objet de la poésie est tout ce qui échappe au langage. Ce qui est paradoxal, c'est que la poésie essaie de mettre l'informe en forme, elle essaie d'attirer dans le texte la chose informe. Roland Barthes a dit cela admirablement : « la littérature ne commence pourtant que devant l'inommable, face à la perception d'un ailleurs étranger au langage même qui le cherche » (in Mythologie). Ambition paradoxale de la poésie. Cf. poème de Jacottet, réaction du poète face à l'agonie d'un ami très cher. « On peut nommer cela horreur, ordure, prononcer même les mots de l'ordure (?) à quelque singerie que se livre le poète, cela n'entrera pas dans sa page d'écriture » ? le poète déplore cette impossibilité. Mais le poème mime la décomposition (5 vers liés puis 2, puis 1). V.Une production différente du sens. En poésie, on produit du sens par diverses voies. Historiquement, on assiste à la disparition des formes fixes. Cf. Jacques Réda, La course (sonnets) [sonnets existent dans les époques modernes mais moins]. Les poèmes modernes sont différents. On éclate la forme du poème pour mettre le sens en liberté. On parle de « dissémination paragrammatique » ? poésie, pour produire du sens autrement, joue sur la plasticité du signifiant et traite le mot en le pétrissant. Elle bouleverse l'ordre les lettres (anagrammes) ? engendrement matériel du sens. Cf. poème de René Char, Evadné ? le titre programme tout un aspect du poème. « Eve », « Adam », « Eden », « Evadé » ? tout cela est contenu dans le titre (Adam et Eve, littéralement, dans le paradis, Eden). Le sens se met à circuler par des voies spéciales , latérales? Autre exple : poème de Prévert sur Van Gogh, Complaintes de Vincent in Paroles : « ?et l'orage s'en va calmer? » « Ces grands tonneaux de sang. // VIN-CENT » ? « vin » est appelé par « tonneaux », etc? Suite du poème de Jacottet : « Ordure, non à dire ni à voir : A dévorer » Ordure = inommable (corps en décomposition). Comment expliquer ces 2 derniers vers ? « Dévore » est l'anagramm...

« nominal « mon beau navíre »  accent sur dernier élément de l’unité syntaxique.

Cela s ‘appelle une mesure.

La mesure = groupes délimités par leurs accents.

Exple d’un alexandrin de Baudelaire : Mon espr í t | est pare í l || à la to ú r | qui succ ó mbe.

= rythme de l’alexandrin 3 3 3 3 autre exemple : Adie ú | vive clart é | de nos ét é s | trop co ú rts = rythme symétrique 2 4 4 2 Règle = la présence d’une syllabe en –E atone (i.e.

–e muet) à la fin du dernier mot d’une mesure fait passer cette syllabe au début de la mesure suivante.

La coupe se place exactement après l’accent et tombe une syllabe avant la fin du mot.

Exemple (tjs le même poème) : J’éco ú |te en frémiss á nt | chaque b ú |che qui t ó mbe 2 4 3 3 Il faut être attentif aux jeux de sonorités (c’est important) MAIS tous ces procédés importent avant tout car ils sont autant de traces de l’inscription du corps dans le texte, de son désir de mouvement , de danse et de fusion.

C’est le cœur du problème.

Pour le poète, il y a un paradoxe extraordinaire : pour le poète, le langage est un ennemi qu’il va essayer de retourner.

Le langage est un obstacle, un système de signes, un ensemble de symboles mais le symbole se substitue à la chose qu’il symbolise.

C’est une barrière, un écran.

Pour la poésie, le langage me gêne pour approcher au plus près des choses.

Cf.

formule de F.

Ponge : « Le monde muet est notre seule patrie ».

Le langage n’appartient pas au monde (le monde est en-deçà du langage).

Le monde = objet du désir en tant qu’il est maternel.

Le poète veut fusionner avec le monde maternel mais il y a la barrière du langage qu’il faut alors retourner.

D’où travail sur les sons.

Ce qui est en jeu, c’est la possibilité d’un accord sensuel avec les choses.

Le langage est traité comme une chose qui vaut la chose.

Le langage est traité comme un corps qui vaut pour le corps maternel du monde.

Je transforme le langage en un équivalent « monde ».

Exple simple : l’harmonie imitative.

Le poète importe le monde dans le langage pour pouvoir jouir du monde dans le langage.

« Nous savons qu’elle est écrite que par accident historique.

C’est dans l’oralité que vit la poésie, générée par le rythme du corps » dit Calvet.

Un poète russe dans Comment faire des vers ? dit : « Je marche en gesticulant … il n’y a encore presque pas de mots [point de départ = l’informe].

Je raccourcis le pas pour ne pas gêner ce mugissement.

Ainsi se prend forme le rythme, base de toute poésie »  mots générés par la production rythmique corporelle. III.

La mise en page du poème, marque d’une intentionnalité  spécificité de l’occupation de l’aire scripturale (i.e.

disposition typographique du poème).

La disposition est tabulaire (comme un tableau).

C’est la VI-LISIBILITÉ du poème.

Cela fait partie de la production du sens par le poème, cette. »

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