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Gabrielle d'Estrées

Publié le 27/02/2008

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" C'est une merveille comment cette femme, de laquelle l'extrême beauté ne sentait rien de lascif, a pu vivre plutôt en reine qu'en concubine tant d'années et avec si peu d'ennemis. Les nécessités de l'État furent ses ennemies, ce de quoi je laisse, comme une chose douteuse, à chacun son explication. " Ainsi parle Agrippa d'Aubigné dont le jugement, qui sent pour une fois l'indulgence, n'a pas manqué d'étonner. Au reste, la chose n'est douteuse que parce qu'il est toujours plusieurs explications des secrets d'une âme pour les contemporains, et du secret d'une époque pour ses historiens. Or, dans le cortège des maîtresses en titre du Béarnais, Gabrielle d'Estrées occupe la place d'honneur ; elle trône entre Diane d'Andoins, comtesse de Gramont, qui fut Corisande, et Henriette de Balzac d'Entragues qui sera duchesse de Verneuil. Diane avait été associée à la vie dangereuse du chef de guerre des réformés en quête d'un royaume apparemment inaccessible ; Henriette occupera le coeur et les pensées du souverain confirmé sur son trône, et qui vient de faire de Marie de Médicis son épouse légitime et une reine de France ; mais il était réservé à la " charmante Gabrielle " de franchir, avec son royal amant, toutes les étapes qui allaient le porter de cet abaissement au faîte de sa puissance, et qui sont autant de grandes dates de notre histoire : 1589 Arques, 1590 Ivry, 1593 l'abjuration, 1594 le sacre et l'entrée à Paris, 1595 Fontaine-Française et la soumission de Mayenne, 1596 l'assemblée des notables de Rouen, 1598 enfin, l'année du traité de Vervins et de l'édit de Nantes. Neuf années d'une vie exaltante qui commence, à dix-huit ans, pour la fille cadette d'Antoine d'Estrées et de Françoise Babou de La Bourdaisière, par l'arrivée rocambolesque au château de Coeuvres de Henri, qui en a trente-huit, déguisé en paysan, un sac de paille sur l'épaule et se termine à vingt-sept dans les affres d'une crise d'éclampsie, la veille de Pâques 1599.

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