Devoir de Philosophie

Helmut Kohl, le chancelier de l'unité

Publié le 09/04/2012

Extrait du document

3 octobre 1990 - Helmut Kohl, chancelier, et Hans-Dietrich Genscher, ministre des affaires étrangères, se sont assuré une place dans les livres d'histoire en conduisant la nation allemande vers son unité. Le premier en saisissant sans l'ombre d'une hésitation la chance que lui offrait l'écroulement du régime communiste en RDA pour canaliser le mouvement populaire vers la revendication unitaire le second en créant dans le reste du monde les conditions d'acceptation de la réunification. Ni Helmut Kohl ni Hans-Dietrich Genscher ne passent pour des visionnaires ou des théoriciens : on chercherait en vain dans leurs écrits ou leurs discours la définition d'une " certaine idée de l'Allemagne " qui aurait pu constituer l'armature d'un nationalisme allemand renaissant de ses cendres. Helmut Kohl s'est défini d'emblée comme le " petit-fils d'Adenauer " et a affirmé que son ambition se limitait, à son arrivée au pouvoir en 1982, à poursuivre, en la modernisant, celle du " vieux " : ancrer toujours plus solidement la République fédérale dans l'alliance occidentale et la Communauté européenne en se refusant à faire passer l'unité avant la liberté. Hans-Dietrich Genscher travaille, lui, sous le portrait de Gustav Stresemann, ministre des affaires étrangères de la République de Weimar et Prix Nobel de la paix, qui oeuvra sans relâche au rétablissement de la souveraineté et de la dignité internationale d'une Allemagne humiliée par le traité de Versailles. Que les deux hommes soient des patriotes allemands ne peut être contesté : l'attachement sentimental qu'ils affichent pour leur Heimat, leurs régions natales respectives du Palatinat et de Saxe-Anhalt, leurs références constantes au terroir et à ses valeurs, ne relèvent pas simplement d'une rhétorique platement électoraliste. Le chancelier et le ministre des affaires étrangères ont beau être, fonction oblige, de grands voyageurs, cela ne les a pas transformés pour autant en chantre d'une culture transnationale. Helmut Kohl, qui ne passe jamais ses vacances hors de l'espace germanophone, laisse à ses fils le soin de parcourir le " village planétaire " pour leurs études et leurs loisirs. Hans-Dietrich Genscher est un habitué de la Côte d'Azur, mais ce choix relève plus chez lui d'un hédonisme bien compris que d'une volonté de puiser hors des frontières nationales savoir et inspiration. En cela, les deux hommes sont parfaitement représentatifs de leur génération, celle du repli allemand sur des identités partielles, régionales, religieuses ou culturelles. Ce n'est pas le cas d'autres hommes politiques allemands de premier plan de l'après-guerre, qui avaient vécu l'époque nazie en tant qu'hommes faits et que les circonstances avaient amenés à se frotter à d'autres cultures, à l'expérience physique et psychologique du déracinement. Willy Brandt, exilé et combattant antifasciste en Scandinavie Helmut Schmidt, officier de la Luftwaffe fait prisonnier par l'armée britannique, et Richard von Weizsäcker, officier de la Wehrmacht sur le front russe, ont été arrachés au cocon de la Heimat. Ils y sont revenus bien différents de ce qu'ils étaient avant. L'ambition de ces hommes a été de s'affirmer comme des membres allemands de l'élite politique mondiale, porteurs d'idées universelles plutôt que comme porte-parole et représentants d'un message national germanique. Cet état d'esprit se retrouve dans la nouvelle génération qui parvient aux responsabilités et devrait prendre la relève des actuels gouvernants. La brochette des " petits-fils " de Willy Brandt, comme Oskar Lafontaine, Gerhard Schröder ou Björn Engholm, qui s'est installée aux commandes de gouvernements régionaux, exprime dans les comportements privés ou l'attitude politique cette ouverture au monde, cette relativisation des " vertus allemandes " et ce mépris du provincialisme étroit qui heureusement dominent dans les nouvelles générations. L'intégration de la RDA, exclue pour cause de communisme et de guerre froide du grand brassage européen de ces dernières décennies, va pour un temps ralentir la progression de cette " dégermanisation " ( une dirigeante des Verts, Antje Vollmer, va même jusqu'à parler de " déteutonisation " ) de l'Allemagne. Les habitants de l'ex-RDA se reconnaissent plus, pour l'instant, dans les hommes de terroir que sont Kohl et Genscher que dans des politiciens qui, comme Oskar Lafontaine, n'hésitent pas à qualifier l'Allemagne unie de " formation provisoire " appelée à s'effacer devant l'affirmation d'une Europe patrie première de tous les Européens. Helmut Kohl : le provincialisme comme euphémisme Le pavillon familial des Kohl à Oggersheim, près de Ludwigshafen, est devenu le passage obligé de tous les grands de ce monde qui veulent rendre un hommage particulier à un pays à travers la personne de son chancelier. Helmut Kohl est persuadé que la consommation de panse de truie farcie et la dégustation des excellents vins blancs du Palatinat sont indispensables à la compréhension, par ses partenaires, de sa philosophie politique. " Voyez comme mon pays est serein, placide et bon enfant, peuplé de vignerons joyeux et d'ouvriers consciencieux, de braves gens qui ne pensent qu'à bien vivre et vivre en paix avec leurs voisins ! " Helmut Kohl s'attache par ces invitations sur ses terres à donner à François Mitterrand, Jacques Chirac ou Margaret Thatcher l'image idyllique d'une Allemagne provinciale, petite-bourgeoise et conviviale qui fête Carnaval et fréquente la messe dominicale. Son objectif est clair : faire comprendre à ses interlocuteurs qu'il n'y a d' " incertitudes allemandes " que dans les discours coupés, selon lui, de la réalité populaire des éditorialistes de gauche et des intellectuels fumeux. Mais ce serait gravement sous-estimer Helmut Kohl que de ne voir en lui que le porteur d'une ambition médiocre, le gestionnaire des idéaux terre à terre d'une Allemagne mercantile. Cette exaltation " régionaliste " masque en fait une profonde conviction, qui maintenant ose s'affirmer : la vocation de l'Allemagne, c'est, ni plus ni moins, d'être le numéro un en Europe. Vu rétrospectivement, le provincialisme kohlien, qui lui attira tant de quolibets, peut passer pour une ruse subtile : il permettait, à l'intérieur, de travestir un nationalisme intransigeant en un patriotisme local de bon aloi et de cultiver pour l'extérieur l'image d'un leader allemand sans arrogance, semblable en tout point à l'ami d'outre-Rhin qui vient trinquer avec vous à l'occasion d'un jumelage communal... Le provincialisme, c'est aussi pour lui l'euphémisme d'un nationalisme allemand qu'il ne peut exprimer brutalement. Dans son introduction à un recueil de discours d'Helmut Kohl récemment publié en France (1), le professeur Joseph Rovan décrit le premier chancelier de l'Allemagne unifiée d'après guerre comme " homme de la démocratie, homme de l'alliance atlantique, homme de l'Europe unie basée sur l'union franco-allemande, homme de l'économie sociale de marché interprétée à la lumière de la doctrine sociale de l'Eglise, homme de la morale, de la famille et des vertus traditionnelles ". Tout cela est vrai, mais ce portrait exige pour être complet que l'on n'oublie pas que Helmut Kohl est aussi l'homme de la visite aux tombes de soldats SS de Bitburg, l'homme de la résistance jusqu'à la limite du possible à la reconnaissance définitive de la ligne Oder-Neisse, l'homme qui assume la tradition national-conservatrice d'une partie de la CDU et tolère à ses côtés comme porte-parole du gouvernement un Hans Klein, admirateur des Waffen SS et auteur de " lapsus " antisémites. LUC ROSENZWEIG Le Monde du 5 octobre 1990

« d'une même médaille » devient le leitmotiv du chancelier allemand.

Cependant, la réunification allemande entraîne une hausse du chômage dans les cinq Uinder de l'Est, ce qui provoque un fort mécontentement social.

La disparition du Mark suscite la grogne de nombreux Allemands.

En 1998, Kohl perd les élections face à son rival social-démocrate Schrëder.

L'année suivante, Kohl est impliqué dans un scandale politique portant sur le financement de la CDU.

Son image ternie, il se retire de la vie politique.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles