Henri IV et Marie de Médicis : le contrat de mariage
Publié le 25/08/2013
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Le 10 avril 1599, Gabrielle d'Estrées, la maîtresse d'Henri IV, est morte en couches : ce qui a éliminé l'éventualité d'un mariage redouté par l'entourage du roi. Le 17 décembre, l'union du Béarnais et de Marguerite de Valois a été annulée par le Saint-Siège. Il y a cependant déjà longtemps — près de sept ans —que des négociations ont été engagées avec les puissances voisines en vue de trouver une princesse européenne digne de devenir la seconde épouse du souverain. Celui-ci a fait venir des portraits des prétendantes et a comparé leurs qualités respectives.

«
DES LIENS ÉTROITS ET ANCIENS
Les Médicis n'appartiennent
pas à une ancienne lignée
princière et leurs activités
bancaires rebutent la
noblesse, pour laquelle c'est déroger que de se livrer à
de telles occupations .
Mais
l'union d'Henri
IV et de Marie
de.
Médicis ne sera pas la
première du genre :
en octobre 1533, Catherine
de Médicis a épousé Henri Il
et, depuis, les seigneurs de
Florence ont accédé à un
rang considérablement plus
élevé.
En 1569, Côme r' de
Médicis a été fait grand-duc
de Toscane et couronné par le pape Pie V.
Fort de
cette nouvelle dignité, il a
marié son fils aîné, François,
avec l'archiduchesse Jeanne
d'Autriche, fille de l'empereur
Ferdinand !"' et nièce de Charles Quint.
De cette
alliance est née la princesse
Marie, la future reine de France, le 26 août 1573.
A
la mort du grand-duc
François Ier, en octobre 1587,
son frère,
le cardinal
Ferdinand de Médicis, lui a
succédé à la tête du duché - c'est lui qui négociera le
mariage de sa nièce et d'Henri IV.
Redevenu laïc, Ferdinand !"' a épousé
Christine de Lorraine, la
petite-fille
bien-aimée de la reine Catherine de Médicis, et des relations privilégiées
avec la Cour de France se sont ainsi nouées, le Toscan
s'attachant à favoriser la
politique française en Italie .
« Il me paraît nécessaire que
l'on ait ici le plus vite possible
quelque signe de votre Sei
gneurie .
» Du fond de l'Auver
gne où
elle a été exilée au châ
teau
d'Usson, Marguerite de
Valois, la « reine Margot »,
approuve ce projet, soulagée
que le roi ne puisse plus épou
ser cette « bagasse » de Ga
brielle d'Estrées : une princes
se
florentine lui paraîtrait bien
plus digne de lui succéder!
Quant à Henri IV, il considère
que cette union, tout en lui
attirant les faveurs de Rome,
aura l'avantage de lui valoir le
soutien de l'Italie et ne devrait
pas offusquer la très catholi
que d'Espagne .
Par ailleurs,
l 'Ég lise
et les catholiques de
France ne manqueront pas
d'apprécier cette alliance .
Un
autre argument , et non des
moindres , joue en faveur de
Marie de Médicis : Henri IV a
contracté vis-à-vis
du grand
duc de Toscane une dette de
prè s de un million de ducats
d'or.
Le rerriboursement de ~
cette somme colossale entrera
dans les négociations
du ma
riage,
qui devient de ce fait
une
bonne affaire .
Six cent mille écus
Dès qu'elle a appris l'annula
tion de l'union du Béarnais et
de la reine Margot, Florence a
dépêché en France un ambas
sadeur extraordinaire,
le cha
noine Baccio Giovannini, char
gé
de négocier le contrat de
mariage de la nièce du grand
duc .
Le chanoine argue du fait
que la prétendante n'est pas
la
fille de Ferdinand f •', mais
seulement sa 11ièce et, de
plus, la cadette et non l'aînée
(qui,
dotée de trois cent mille
écus, a épousé le fils du duc
de Mantoue) .
Il juge donc les
propositions dont il est por
teur -cinq cent mille écus et la
prise en charge des frais du
voyage de la mariée de Flo
rence à
Marseille -largement
insuffisantes .
Le négociateur
d'Henri IV, Nicolas de Villeroi,
fait monter les enchères et
souligne que, lors des premiè
res prises de contact, une dot
de un million a été évoquée,
demande raisonnable lorsqu'il
est question de hausser sur le
trône de France la nièce d'un
grand-duc.
Le chancelier Pom
ponne de Bellièvre ne craint
~E DITI ONS ~ ATLAS
~ ~ 0 è Ê i\l, " 45
~ .c o.
pas d'affirmer qu'à défaut d'ac
cord favorable
le roi risque de
se lancer dans quelque nou
velle aventure amoureuse qui
mettrait en cause l'équilibre
du royaume, et Florence ne
pourrait alors jamais recouvrer
sa créance .
Ce ne sont pas là
paroles en l'air :
Henri IV a déjà
noué une liaison avec Henriette
d 'Entragues !
Le
sordide marchandage dure
tout l 'hiver .
Après l'interven
tion de Sully, fort intéressé à
l 'affaire en
tant que superin
tendant des Finances, un com
promis est conclu, . portant sur
six
cent mille écus et les frais
du voyage .
Trois cent cinquante
mille écus seront payés comp
tant, le reste comblera une
partie de la dette française .
Sully se
flatte d'être l'artisan
de ce fructueux arrangement
et lance à Henri IV : « Nous
venons
de vous marier, Sire ! »
Finalement, le contrat de ma
riage
est signé le 25 avril 1600
à Florence .
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