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Il faut se défaire d'une caricature.

Publié le 23/10/2012

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Il faut se défaire d'une caricature. La France de Napoléon III n'est pas celle d'une fête malsaine, ordonnancée par les " lionnes " du demi-monde et des hommes de pouvoir et d'affaires corrompus. Ni l'insouciance de La Grande Duchesse de Gérolstein ou de La Vie parisienne de Jacques Offenbach ni le désespoir héréditaire qui hante les Rougon-Macquart, histoire naturelle et sociale d'une famille sous le second Empire, d'Emile Zola ne peuvent seuls tenir lieu de bilan. Les dates terribles du coup d'état du 2 décembre 1851 et du désastre de Sedan, le 2 septembre 1870, cachent l'histoire d'un règne qui ne saurait être réduit à celui de Badinguet - surnom donné à l'empereur Napoléon III par ses ennemis politiques, qui lui vient du nom du maçon qui, en prêtant ses vêtements au prince Louis Napoléon qu'il était alors, lui permit de s'évader du fort de Ham en 1846. Il faut encore se défaire de l'image d'Epinal composée par les proscrits de l'Empire qui comptent les plus grandes figures républicaines comme Louis Blanc, Edgar Quinet ou Barbès et d'importants écrivains comme Eugène Sue ou Alexandre Dumas. Les mots de Victor Hugo, peu après le 15 août 1859 où Napoléon III proclame une amnistie sans condition pour tous les proscrits, " Fidèle à l'engagement que j'ai pris vis-à-vis de ma conscience, je partagerai jusqu'au bout l'exil de la liberté. Quand la liberté rentrera, je rentrerai" résonnent encore. La condamnation de " cette baraque, abject et vil bazar, où Mandrin mal lavé se déguise en César" que lance le même Victor Hugo ne suffit pas à dire ce que fut le second Empire. Lorsque l'empire prend place, la France est encore un pays essentiellement agricole. Les techniques qui permettent de nourrir et d'occuper une population rurale, au sein de laquelle le nombre de travailleurs agricoles n'a jamais été aussi important q...

« augmentent de quelque 50 % dans les départements du nord de la France. Parce que le Grand Dictionnaire du XIX e siècle donne en 1867 pour définition du mot “ ouvrier ”, “ une personne qui gagne sa vie à travailler de ses mains ”, les statistiques de la même époque comptent sans doute parmi les “ ouvriers ” un certain nombre de ceux qui travaillent à la transformation de ces betteraves sucrières.

Ceci ne masque pas une évidence : dans une France qui compte 38 millions d’habitants en 1866, 11 millions de Français vivent de “ professions industrielles ”.

En moins de vingt ans, la population d’ouvriers actifs, qui n’était que d’à peine un million et demi à la veille de la révolution de 1848 , a pratiquement doublé.

Plus de la moitié de ces ouvriers travaillent dans l’industrie du textile et de l’habillement.

C’est dans ce domaine que la prolétarisation est la plus forte.

Le bâtiment est le deuxième plus important employeur du monde ouvrier.

La population ouvrière n’est encore majoritaire en 1866 que dans deux départements, le Nord et la Seine.

Mais le prolétariat de ces départements ou d’un centre minier comme Le Creusot (où la population atteint 24 000 habitants en 1866, alors qu’elle n’était que de 1 200 habitants en 1832) n’est pas représentatif de l’immense majorité de ceux qui constituent le monde ouvrier.

Le secteur artisanal, au sein duquel un patron dirige en moyenne trois ouvriers, assure encore 70 % de la production du pays.

Les machines à coudre, les scies mécaniques, les premières machines-outils qui font leur apparition commencent de modifier le rapport des ouvriers à leur travail.

“ Le spécialiste a tué l’artiste ” se plaignent alors des rapports ouvriers.

Seuls à peine 10 % des ouvriers parisiens parviennent à travailler moins de douze heures par jour.

Dans les filatures de Roubaix, la journée commence à 5 h 30 du matin et ne finit qu’à 21 h 30. Elle n’est ponctuée que d’une heure de pause à midi et d’une demi-heure de goûter vers 16 h 30.

Peu à peu le salaire hebdomadaire et remplacé par la quinzaine.

Ce rythme du versement du salaire a, entre autres raisons, un but moral : il s’agit d’éviter ce que le romancier Alphonse Daudet appelle “ l’horrible drame si parisien ” que sont les beuveries des samedis de paye.

On boit deux fois plus de vin en 1870 à Paris que vingt ans plus tôt.

Pendant l’empire, si les salaires augmentent de 30 %, de 40 % dans certaines professions, les disparités de ces augmentations au sein d’une même profession comme entre les hommes et les femmes. »

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