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Ivan IV le Terrible

Publié le 22/02/2012

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Né le 25 août 1530, Ivan IV était issu du second mariage de son père, le grand-prince Basile III, avec Hélène Glinski, une famille de boyards russes passés récemment de Lituanie en Moscovie. Il avait trois ans à la mort de son père, le 3 décembre 1533. Aussi son règne débuta-t-il par une minorité de plus de dix ans. Cette période fut marquée par la rivalité de deux partis : d'un côté, les Glinski et leurs amis, regroupés autour de la régente Hélène jusqu'à sa mort (1538) s'appuyaient sur la nouvelle noblesse, les dvoriane, pour poursuivre la politique monarchique et centralisatrice de Basile III ; à l'opposé, la noblesse traditionnelle, constituée de boyards, propriétaires terriens à titre héréditaire et désireux de conserver leurs prérogatives, ne cachait pas son hostilité envers l'État unitaire, elle se regroupait autour de la puissante famille des Sujski. Les intrigues, les violences, les prévarications restent les traits essentiels de la vie politique russe de ces années.

« L'orientation libérale du groupe d'Adachev se manifesta dans la convocation d'une assemblée, le Zemskiï Sobor, oùétaient représentés les boyards, les dvoriane et le haut clergé, c'est-à-dire les classes dirigeantes de la sociétémoscovite ; les membres du Sobor semblent avoir été choisis par le gouvernement du tsar.

Malgré toutes cesrestrictions, cette initiative marque la naissance d'une nouvelle institution dans l'État moscovite.

C'est devant cetteassemblée qu'Ivan IV annonça la compilation d'un nouveau Code judiciaire (Soudebnik) qui fut promulgué en 1550 :reflétant l'influence de la vieille noblesse, ce texte reconnaît la place de la Douma (conseil) des boyards dans ladirection de l'État ; il limite l'extension de la propriété foncière des monastères, mais confirme celle de la noblessehéréditaire ; il restreint, mais ne supprime pas, les pouvoirs judiciaires des officiers locaux, les namestniki et lesvolosteli.

Ces charges, données “ en subsistance ” à leurs titulaires, ne furent supprimées qu'en 1555-1556 :l'exercice de la justice et la collecte des impôts furent alors confiés à des élus locaux, paysans ou bourgeois aisés,tout au moins dans les “ terres noires ”.

Parallèlement, on assiste à une réorganisation de l'administration centrale :les “ bureaux ” (prikazy) deviennent plus nombreux et reçoivent des attributions plus précises ; les secrétaires(diaki), dont le rôle ne cesse de croître, étaient recrutés dans les rangs de la nouvelle noblesse.

Pour permettre àcelle-ci d'assurer plus facilement son service, civil ou militaire, Ivan avait installé dans les environs de Moscou, surdes terres domaniales, un millier de dvoriane (1550-1552). Un an après l'assemblée politique, se réunit un concile local pour procéder à une remise en ordre de l'Église (février1551).

La majorité “ joséphienne ” de cette assemblée accepta facilement de voter certaines réformes d'ordremoral, liturgique ou pastoral ; elles furent consignées dans un texte en cent chapitres (le Stoglav).

En revanche, legouvernement d'Adachev ne put obtenir la sécularisation des terres de l'Église ; il ne put que restreindre, par desmesures unilatérales, l'extension des propriétés monastiques. Dans un autre domaine, Adachev et ses amis se préoccupèrent de réformer l'armée moscovite : le commandementen campagne fut unifié au détriment des préséances des boyards.

En 1556, les obligations militaires de ces derniersfurent alignées sur celles des dvoriane : tous les propriétaires terriens devaient désormais fournir un contingentd'hommes dont le nombre était calculé d'après la surface de leurs terres ; les défaillances étaient sanctionnées pardes amendes, les services supplémentaires donnaient lieu à une rémunération.

A côté de la cavalerie noble, fut crééun corps d'arquebusiers (streltsy) entretenu directement par le tsar.

Enfin, l'artillerie fut renforcée. Ces mesures expliquent, en partie, les succès militaires du début du règne.

Le plus important fut l'annexion dukhanat de Kazan, aboutissement d'une lutte séculaire.

La prise de la ville même (octobre 1552), en présence dutsar, peut être considérée comme la première victoire décisive des Russes sur l'Infidèle ; elle leur ouvrit tout lebassin moyen et inférieur de la Volga (Astrakan prise en 1556).

En quelques années, de nombreux peuples allogènes,sur les bords de la Volga, puis dans la région située entre ce fleuve, la chaîne de l'Oural et le Iaïk, entrèrent dansl'empire d'Ivan.

Des colons russes vinrent se mêler aux autochtones et contribuèrent à la mise en valeur des terres.Ce mouvement fut favorisé par la création de nombreux monastères, centres d'une activité colonisatrice etmissionnaire.

Celle-ci fut coordonnée par l'archevêché de Kazan, créé en 1555. Adachev était partisan de la poursuite de la guerre contre les Mongols par l'attaque du khanat de Crimée, allié decelui de Kazan.

Mais Ivan préféra s'en tenir à une politique défensive dans cette région et fit établir une lignefortifiée entre Toula et Riazan.

L'attention du prince était, en effet, tournée vers l'Europe.

Déjà en 1553-1554, à lasuite de l'arrivée fortuite de l'Anglais Chancellor, il avait signé un important traité commercial avec l'Angleterre,concédant aux marchands de ce pays le monopole du commerce par la mer Blanche.

Peut-être est-ce poursatisfaire les revendications des marchands russes, lésés par ce traité, qu'Ivan tenta de leur ouvrir la voie de laBaltique ? En 1558, les armées russes pénétrèrent en Livonie et s'emparèrent de Narva et de Dorpat, mais unarmistice fut conclu prématurément (1559).

Cette maladresse hâta le départ d'Adachev et de son équipe. Depuis quelque temps, Ivan lui reprochait, en effet, sa politique trop libérale, en particulier vis-à-vis des boyards,bête noire du souverain depuis son enfance.

Le prétexte de la disgrâce fut la mort de la femme du tsar, Anastasie,qu'Adachev fut accusé, sans preuves, d'avoir assassinée (1560). Toutefois, ce départ ne se fit pas immédiatement sentir.

Après l'union de la Livonie avec l'État polono-lituanien(1561), Ivan attaqua son puissant voisin et ses troupes s'emparèrent de Polotsk (1563).

Mais l'année suivante futmarquée par de sérieux revers, ceux-ci favorisèrent à leur tour l'instauration, dans le pays, du régime de terreur quiresta pour toujours lié au nom d'Ivan le Terrible.

Les premières exécutions de boyards (janvier 1564) provoquèrent lafuite en Lituanie du prince André Kourbski, ce qui poussa à son comble l'exaspération du souverain, comme entémoigne la correspondance polémique qu'il entreprit avec son ancien collaborateur. C'est alors que, après s'être fait plébisciter, grâce à une manœuvre démagogique, par la population de Moscou, Ivanprit une mesure surprenante (janvier 1565) : il sépara l'État en deux parties : d'une part, l'opritchnina (mot à mot “la terre mise à part ”), domaine réservé du tsar qu'il allait gouverner avec ses hommes de confiance, les opritchniki(d'origines diverses, ils étaient choisis exclusivement pour leur fidélité au prince) ; d'autre part, la zemchtchina,confiée au gouvernement de la Douma des boyards.

L'opritchnina comprenait essentiellement des “ terres noires ”qui pouvaient être facilement distribuées aux fidèles du prince.

Mais cette règle ne fut pas absolue : despropriétaires nobles furent expulsés de leurs terres.

Ce territoire réservé, dont les dimensions ont varié, comportaitde nombreuses enclaves dans la zemchtchina.

Son centre administratif était le bourg Alexandrova, au nord deMoscou, où Ivan créa une cour dont le protocole était une parodie sacrilège de la règle monacale.. »

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