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Jean XXIII

Publié le 27/02/2008

Extrait du document

Entre eux, le contraste est si net, l'opposition si tranchée, qu'on les croirait issus du cerveau d'un Balzac soucieux d'évoquer les deux visages les plus représentatifs de l'Église. Une foi profonde, un amour agissant les identifient mais quelles différences dans l'exercice de leur souverain ministère ! Leurs silhouettes, déjà, s'opposent. Pie XII semble avoir jailli du pinceau du Greco ; Jean XXIII est peint par Rubens. L'un, grand, mince, osseux, transparent, ascétique, lame de pur acier, regard aigu, mains fines et blanches d'aristocrate romain ; l'autre, tout en forces paysannes, terriennes, trapu, rond, lié au sol par une ascendance millénaire, ascète par volonté mais aimant la vie, l'amitié, le grand air qui rougit la peau, les nourritures solides qui réparent les fatigues du travail. Rigueur de l'un héritée de vieilles disciplines intellectuelles et scientifiques ; bonté spontanée de l'autre qui ne découvre que des frères sur les chemins de la vie et partage avec eux tout ce qu'il possède. Tous les deux, parfaits serviteurs d'une même cause mais l'un analyse, négocie, légifère, cherche les voies les plus hautes, non par orgueil, mais par respect d'un pouvoir qu'il tient de Dieu ; l'autre ouvre les bras, le coeur, et convainc par la douceur, par la pureté de ses sentiments qui sans cesse rappellent les Béatitudes. Le Père sévère, le Père aux inépuisables bienveillances... Pessimisme du diplomate qui a trop appris des hommes pour ne pas se méfier ; optimisme d'un saint qui sait, avec Léon Bloy, qu'après tout, c'est la Providence qui a la charge du monde.     

« Entre eux, le contraste est si net, l'opposition si tranchée, qu'on les croirait issus du cerveau d'un Balzac soucieux d'évoquer les deux visages les plus représentatifs de l'Église.

Une foi profonde, un amour agissant les identifient mais quelles différences dans l'exercice de leur souverainministère ! Leurs silhouettes, déjà, s'opposent.

Pie XII semble avoir jailli du pinceau du Greco ; Jean XXIII est peint par Rubens .

L'un, grand, mince, osseux, transparent, ascétique, lame de pur acier, regard aigu, mains fines et blanches d'aristocrate romain ; l'autre, tout en forcespaysannes, terriennes, trapu, rond, lié au sol par une ascendance millénaire, ascète par volonté mais aimant la vie, l'amitié, le grand air qui rougit lapeau, les nourritures solides qui réparent les fatigues du travail.

Rigueur de l'un héritée de vieilles disciplines intellectuelles et scientifiques ; bontéspontanée de l'autre qui ne découvre que des frères sur les chemins de la vie et partage avec eux tout ce qu'il possède.

Tous les deux, parfaitsserviteurs d'une même cause mais l'un analyse, négocie, légifère, cherche les voies les plus hautes, non par orgueil, mais par respect d'un pouvoirqu'il tient de Dieu ; l'autre ouvre les bras, le cœur, et convainc par la douceur, par la pureté de ses sentiments qui sans cesse rappellent lesBéatitudes.

Le Père sévère, le Père aux inépuisables bienveillances...

Pessimisme du diplomate qui a trop appris des hommes pour ne pas seméfier ; optimisme d'un saint qui sait, avec Léon Bloy , qu'après tout, c'est la Providence qui a la charge du monde.

Rien n'aurait pu faire dire au curé qui baptisa, fin novembre 1881 à Sotto il Monte, le petit Angelo Giuseppe Roncalliqu'un jour cet enfant serait pape.

Les parents du nouveau-né sont d'humbles paysans.

Treize enfants : laProvidence bénit les récoltes.

Le séminaire de Bergame n'est pas loin d'où Angelo part pour Rome, en 1901 ; il y vacontinuer des études de théologie, de droit canonique, à l'Apollinaire ; puis son évêque le rappelle à Bergame ; il enfait son secrétaire.

La légende n'est qu'une légende d'un abbé Roncalli bon petit fonctionnaire sans envergure.

L'histoire le passionne ; ill'enseigne ; il publie des études qui attestent déjà qu'il a des vues personnelles sur l'avenir de l'Église.

Sa bontédevient tôt proverbiale : elle ne doit pas faire oublier sa fermeté doctrinale.

A son seul contact, ses élèves avouentse sentir meilleurs.

Un prêtre profond dont la compréhension pardonne toute faiblesse.

Âme pure, joyeuse,franciscaine.

Son âme se reflète sur la simplicité de son visage.

1915 : l'Italie étant entrée en guerre, Roncalli est envoyé au front en qualité d'infirmier et d'aumônier.

Souffrance ethumilité devant les misères des hommes.

La paix le renvoie à son enseignement, à ses ouvrages d'histoire.

Son grand souci : former la jeunesse afin que lesatrocités de la guerre ne se renouvellent point.

Il s'y emploie avec un zèle nourri de la plus profonde charité.

On lesait, à Rome : on l'y réclame en qualité de secrétaire de l'œuvre de la propagation de la foi.

Prélat de la Maison deSa Sainteté, le petit paysan de Sotto il Monte reçoit le titre de Monseigneur et doit porter le manteau violet.

Il avait assisté au sacre de Pie X P2337 en 1903 : il voit mourir Benoît XV P1203 en 1922, assiste au couronnement de Pie XI P2338 .

Il voyage, coordonnant les actions des missions catholiques.

Tâche qui le passionne parce qu'elle lui permet de prendre la mesure des besoins de l'Égliseuniverselle.

En 1923, le nouveau pape, sensible à des possibilités d'union des Églises romaine et orthodoxe bulgare, envoieRoncalli, élevé à la dignité épiscopale, à Sofia.

“ Mon esprit est tranquille et mon cœur en paix ”, note le déléguéapostolique.

L'humilité et l'obéissance caractérisent ce serviteur de Dieu et des hommes.

Ceux qui le fréquentent le trouvent toujours souriant, disponible.

Ils ne se doutent même pas que c'est un travailleuracharné, un esprit profond, un savant historien.

Il cache sa gravité sous la grâce d'un accueil plein de bonhomie ;sa piété mystique, sous les abords joviaux.

Après dix ans de Bulgarie, le voici chez Atatürk, délégué apostolique pourla Turquie et la Grèce.

Mission qui réclame avant tout de la patience et de la finesse...

L'élection de Pie XII P267 ne change rien à sa situation.

Il demeure à Istanbul tout le temps de la guerre, ne quittant la capitale turque que pour de périlleux voyages en Grèce où, sous l'occupation allemande et italienne, il put déployer les dons de son inépuisable charité.

Une brusque décision de Pie XII P267 le mute à Paris.

Le général de Gaulle P115 débarrassait la France des diplomates vichyssois.

Le nonce arrive tout juste à temps, le 1er janvier 1945, pour présenter les vœux du corps diplomatique au nouveau maître.

Il conquiert d'emblée ses auditeurs par safranchise, sa délicatesse, sa bonté.

Sa tâche est difficile.

Les sympathies avouées du pape à l'égard de l'Allemagne, l'attitude de l'Italie en 1940 ne la favorisent pas.

Pourtant, le tact, lapatience, la douceur du nonce lui valent l'estime des autorités françaises.

Le président Herriot P1766 apprécie l'immense culture de ce prêtre modeste qui s'inspire en tous ses actes de l'esprit de l'Évangile.

Pendant les huit années de sa nonciature, Roncalli se lia d'amitié avec les hommespolitiques, les écrivains, les recteurs d'Université.

Pas seulement diplomate.

Il suit avec perspicacité les recherches théologiques qui se multiplient sous ses yeux.

Lebouillonnement des idées nouvelles réjouit ce prélat que l'âge aurait pu fermer à des audaces qui inquiètent la Curie.Il y voit au contraire une preuve encourageante de la jeunesse de l'Église prompte à tirer la leçon des conquêtes dela science.

Il accueille pareillement les innovations pastorales qui rapprochent le clergé d'une classe ouvrière silongtemps négligée.

Un champ nouveau s'ouvre devant les missionnaires qui ont à reconquérir un prolétariatdéchristianisé.

Ainsi se dessine le profil d'un pape qui réformera son Église.

1953 : avant de quitter Paris pour Venise où Pie XII P267 lui a réservé le siège du patriarche, Roncalli reçoit du Président Auriol P1152 , à l'Élysée, l'imposition de la barrette.

Le nouveau Cardinal a soixante et onze ans.

L'âge de la retraite ? Il lui reste à parcourir l'étape décisive d'une destinéeprovidentielle.. »

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