JUILLET 1980 - chronologie
Publié le 16/11/2011
Extrait du document
Madame Thatcher face aux Huit
La demande anglaise d'une réduction de sa contribution financière au Marché commun se trouve à l'origine du conflit qui oppose la GrandeBretagne à ses partenaires continentaux. Lors de la session du Conseil européen à Dublin (29-30 novembre 1979), Mme Thatcher avait défendu avec intransigeance sa thèse du juste retour selon laquelle toute somme versée par un pays dans la caisse communautaire devrait lui revenir sous forme d'aides, de subventions, de crédits d'investissements; ce fut la cause de l'échec de ce sommet.
«
dépenses communautaires , ni les règles de base de la politique agricole commune.
N'ayant pas
obtenu la réduction de la contribution britanni
que, Mme Thatcher
n'a pas avalisé l'augmentation
des prix agricoles : en effet, dès le 26 avril, un
accord à Huit était acquis sur 5 % de hausse pour les prix agricoles , ainsi que sur l'organisation du
marché du mouton, mais c'était oublier que le veto d'un seul membre suffit à bloquer la procédure.
« L'accord à Huit doit être néanmoins appli
qué » a dit M.
Giscard d'Estaing et cette fermeté a
été approuvée par la plupart des organisations
agricoles européennes .
Toutefois deux problèmes
se posent : un juridique, car si le traité de Rome
permet des décisions à la majorité, il exige l'unani
mité quand l'intérêt vital d'un pays est en jeu, et
Mme Thatcher plaidera ce point; un financier, en
cas de mise en parenthèses de Londres, les Huit
devront dégager sur leurs propres fonds l'équiva
lent de
70 % de la contribution britannique pour
financer la politique agricole.
Pour sortir l'Europe des difficultés nées des exi
gences anglaises , les dossiers agricole et financier
sont passés
par tous les organes du dispositif com
munautaire : commission de Bruxelles, Assemblée
de Strasbourg , conseil
de~ ministres des Neuf,
deux sommets de chefs d'Etat.
Les Neuf se sont
donnés jusqu'à la fin mai pour trouver un accord
sur les questions qui les divisent et notamment un
arrangement sur le montant et la durée de l'aide
des Huit (France et R.F .A .
surtout) au Royaume Uni .
L'existence de la Communauté européenne s'est
jouée entre le 27 et le 30 mai.
Le 27 mai, les Bri
tanniques négocient une fois de plus la levée de
leur veto agricole contre une réduction de leur
contribution ;
les 28 et 29 mai, les ministres de
l'Agriculture veulent trouver un accord, le (0
' juin
étant la date ultime pour fixer les tarifs agricoles .
Vendredi
30 mai, après une nuit entière de dis
cu ssions -marathon classique -un compromis
était trouvé
sur la base d'une substantielle réduc
tion de la coti sation britannique.
Selon ce com promi s, q!li doit être entériné par les
gouvernements des Etats-membres (la France l'a
approuvé
le 5 juin) , la part que devra verser la
Grande-Bretagne sera réduite de 1, 175 milliards d'Ecu en 1980 et de 1,410 milliards d'Ecu en 1981,
soit au total une réduction de 15 milliards de
francs.
Pour 1982, cette réduction devra être
confirmée, par des mesures structurelles.
Le gou
vernement français a accepté ce compromis, à
condition qu 'il le soit par tous ses partenaires.
Une fois adopté , ce compromis permettra la
levée des réserves émises par Londres sur l' accord
agricole obtenu auparavant : hausse moyenne des
prix de 5 % ainsi que l'adoption d'un règlement
communautaire pour la viande de mouton.
La
France a imposé une clause aux termes de laquelle
l'Angleterre ne cherchera pas à remettre en cause
en
1981 le principe d'une nouvelle augmentation
des prix agricoles.
Au
nom du réalisme, la France a favorisé
ce compromis pour rendre possible l'accord sur les
prix agricoles, mais surtout pour assurer la survie
du Marché commun agricole, menacé de disloca
tion .
Les sept
autres partenaires européens n'ayant pas montré une grande volonté de résis
tance, la France s'est résignée à s'incliner devant
les exigences de Mme Thatcher.
Sur le plan budgé
taire , elle obtient presque tout ce qu'elle deman
dait, plus même que ce qui lui avait été offert à
Luxembourg.
Compte tenu de l'impatience des exploitants
agricoles, durement touchés
par l'inflation, il était
prioritaire que les hausses des prix communs agri
coles puissent s'appliquer , ce qui explique l'am
pleur des concessions faites par les Huit sur le plan
budgétaire .
La manœuvre n'était pas commode
pour
ces derniers face à un partenaire décidé à re s
ter dans la Communau té, tout en essayant d'en
gêner le fonctionnement pour parvenir à ses fins.
La construction européenne connaîtra encore
de nouveaux échecs et, dans l'immédiat , une pause
puisque M.
Giscard d'Estaing a annoncé que
les difficultés que connaissait le Marché commun ne
permettaient pas de nouvelles adhésions avant une
clarification des problèmes,
ce qui vise l'entrée,
dans la C. E.E., de l'Espagne et du Portugal.
Manifestation des agriculteurs à Strasbourg, le 25 février 1980, devant le Parlement Européen Vioujard /Gamma.
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