LA DRÔLE DE GUERRE

« Charles de Gaulle sait que non.

Mais que se passe-t-il dans la tête d'un vieillard à qui échoit brusquement ladestinée d'une grande nation à la merci d'un régime barbare?Sans vouloir rouvrir le dossier Pétain, il convient de penser que la voie de la collaboration en raison desconséquences humaines vis-à-vis de certaines parties de la population, notamment des Juifs, était la dernière dessolutions à envisager.

L'Etat français, sous le régime de Vichy, s'est complètement discrédité.

Quelles sont lesgrandes caractéristiques et les principaux événements de ce régime? Vichy 1940-1944: de la révolution nationale à l'Etat policier Après Bordeaux, le gouvernement dirigé par Philippe Pétain gagne la ville de Vichy située en zone libre dans le Sudde la France.

Députés et sénateurs sont convoqués par Pierre Laval, alors vice-président du Conseil, afin de voterles pleins pouvoirs.

L'urgence, c'est-à-dire la débâcle, semble justifier cette mesure exceptionnelle.

Par 569 voixcontre 80, les parlementaires, toutes tendances confondues, déposent entre les mains du président du Conseil lesprérogatives et les devoirs qu'ils avaient obtenus de leurs électeurs.

Cet abandon de la souveraineté nationales'apparente à une forme de lâcheté, lourde de conséquences par la suite.

Il marque aussi la fin de la Ille Républiquequi, aux yeux des responsables politiques de Vichy, symbolise la défaite et l'anarchie.Dès le lendemain du scrutin, le président de la République, Albert Lebrun, est prié de remettre aussitôt sa démission.Pétain se retrouve donc seul à la tête de l'Etat.

Plusieurs traits caractérisent son régime : La révolution nationaleHitler ne voit dans l'armistice que des avantages économiques et stratégiques.

Pas question pour lui d'envisager unegrande réforme des institutions et de la société dans un pays vaincu.

En clair, la France n'a pas le choix, elle doitservir les intérêts du Reich.

A l'opposé, il semble que le personnel politique de Vichy ne songe qu'à transformer lasociété française en lui arrachant certains mécanismes issus de la Ille République : économie libérale, systèmeparlementaire et société de masse.

Selon O.

Paxton, les tendances politiques de Vichy « visent toutes à un ordresocial élitiste...

» Quel est l'objectif de cette élite?La révolution nationale est perçue sur le plan idéologique comme une troisième voie entre le communisme et lefascisme.

Pour Vichy, c'est semble-t-il une réponse apportée à une certaine forme de décadence.

Du coup, legouvernement privilégie des cadres intégrateurs très étroits comme l'Etat centralisé, les corporations, l'Eglise, lafamille, l'éducation des jeunes, etc.

Le slogan « Travail, Famille, Patrie» devient l'emblème du régime.Mais, derrière la façade, il s'agit ni plus ni moins que de mieux organiser le contrôle des individus en leur donnant desvaleurs simples et communes facilement identifiables.

Dans ces conditions, peut-on encore parler de libertés commevoudrait le suggérer l'article 2 de la loi constitutionnelle du 10 juillet 1940?Dans le même ordre d'idées, Vichy produit également une série de mesures discriminatoires : interdiction de la franc-maçonnerie (août 1940), statut des Juifs (octobre 1940), suppression des centrales syndicales (novembre 1940),etc.Le mouvement s'accélère au fil des années lorsque la Résistance entre en action ou lorsqu'il s'agit d'intensifier lerecours au travail obligatoire (STO).

La pression exercée par les nazis est telle que l'Etat autoritaire se transformeprogressivement en un Etat policier.

Mais cette transformation est largement facilitée par la base idéologique surlaquelle repose le système tout entier.

Bref, Vichy est une dictature qui ne veut pas avouer son nom, mais qui prendforme grâce à plusieurs acteurs centraux (Pétain, Laval, Darlan) et à un personnel politique plutôt disparate. Les acteurs principaux de la classe politique vichyssoise PétainPhilippe Pétain est né le 24 avril 1856 dans le Pas-de-Calais.

Issu d'une famille de paysans, il fait Saint-Cyr etdevient professeur à l'Ecole de guerre.

En 1914, à 58 ans, il s'apprête à prendre sa retraite en qualité d'officierd'infanterie quand survient la Grande Guerre.

A la tête de la 2e armée avec le grade de général, il participevictorieusement à la bataille de Verdun (1916).Toutefois, sa prudence légendaire lui vaut une réputation de défaitiste.

Mais, à la fin de la guerre, il reste pour lanation française le grand héros de Verdun, ce qui lui vaut de nombreux honneurs et plusieurs fonctions prestigieuses: maréchal de France (1918), inspecteur général de l'armée (1922), membre de l'Académie française (1929),ambassadeur de France en Espagne sous le gouvernement Daladier (1939).Pendant l'Occupation, Pétain s'arroge tous les pouvoirs (exécutif, législatif et judiciaire) et oblige les Français àcollaborer avec les Allemands.Le 14 août 1945, il est condamné à mort par la Haute Cour de justice, pour haute trahison.

Sa peine esttransformée en détention perpétuelle sur l'île d'Yeu où il meurt le 23 juillet 1951.Chaque année, sa tombe est fleurie discrètement.

Y commémore-t-on le héros de Verdun ou le dictateur de Vichy ? LavalPierre Laval est né dans le Puy-de-Dôme, le 28 juillet 1883.

Issu d'une famille de commerçants, il devient avocat àParis.

Puis, il embrasse une carrière politique sous la 111e République.Elu plusieurs fois député dans les rangs socialistes (SFIO puis socialiste indépendant), il exerce différentes fonctionsministérielles à partir de 1925.

Laval devient également président du Conseil à deux reprises (1931-1932 et 1935-. »