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La dynastie des entrepreneurs

Publié le 01/11/2013

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Les dynasties d'entrepreneurs Tout au long du XIXème siècle, on constate une industrialisation rapide des pays européens, allant de pair avec un bouleversement des techniques et une production de plus en plus importante. Cette « révolution industrielle «, qui progresse par étapes successives, entraîne également l'émergence de nouveaux acteurs, et notamment les patrons. Leur place extrêmement importante dans les processus économiques à l'oeuvre est illustrée par Charles Gide : « L'entrepreneur est le pivot de tout le mécanisme économique. C'est vers lui que convergent les facteurs de la production. C'est de lui que divergent tous les revenus (...). L'entrepreneur est donc tout à la fois, le grand metteur en oeuvre et le grand répartiteur. « Cette position cruciale l'est d'autant plus chez les grands patrons, qui forment des « dynasties « de plusieurs générations (dont certaines, comme Schneider, perdurent encore aujourd'hui), en transmettant l'entreprise de père en fils. Quelle fut la place des grands entrepreneurs dans le cycle économique et dans la société du XIXème siècle ? Si les patrons n'auraient certainement pas pu atteindre leur niveau de richesse sans les bouleversements provoqués par la révolution industrielle, ils l'ont en retour structuré et accentué. Le patronat a également progressivement acquis une place à part dans la société, avec ses origines et ses pratiques propres. Un rapport circulaire entre développement industriel et entrepreneurs L'avènement de grandes familles d'entrepreneurs est très lié au développement de l'industrialisation au cours du siècle. Parallèlement, le mode d'entreprise familiale a permit d'asseoir et de structurer le capitalisme industriel. L'industrialisation permet un enrichissement rapide Nouveaux secteurs génèrent revenus parfois exponentiels : Entre 1850 et 1900, la production de charbon est multipliée par près de 10. Entraîne constitution de grandes fortunes en l'espace d'une ou deux générat...

« · Le haut patronat est aussi très lié au développement du capitalisme o Apparition des Sociétés Anonymes, inaugurant la place de plus en plus importante occupée par la Bourse dans le mode de financement de l’investissement. o La transmission filiale dans les dynasties d’entrepreneurs permet aussi la pérennisation des grands groupes (Wendel, Schneider, Schlumberger etc.). · L’avènement de grandes dynasties d’entrepreneurs ne touche pas que la sphère économique : c’est aussi l’émergence d’un nouveau groupe dans la société, avec ses pratiques propres. 2.

Une nouvelle catégorie sociale 1.

La prédominance de la famille · Les grandes familles d’entrepreneurs ont diverses origines, dépendant en partie du secteur d’activité où elles opèrent (et donc du montant de l’investissement initial requis) : o Certaines familles sont présentent dans la manufacture de manière ancienne, disposant ainsi d’un solide capital de départ (les Wendel). o Beaucoup d’exploitations moyennes et grandes viennent de négociants de la proto-industrie ayant remonté la chaîne de production : par exemple Victor Charvet, fils d’un marchand de tissu, fonde une entreprise de tissage mécanique du lin en 1854 à Armentières. o Enfin, certains industriels partent d’une situation assez précaire et s’imposent par leur sens des affaires : c’est le cas des frères Schneider, qui rachètent le Creusot en décrépitude au Wendel en 1836 pour en faire le fleuron de l’industrie française.

· Dans les grandes familles d’entrepreneurs, on constate l’importance primordiale de la transmission d’une génération à l’autre : o Exemple des Wendel : après la défaite de 1870, une bonne partie des usines Wendel passent en territoire allemand (Hayange notamment).

Pour éviter la dislocation du groupe, il est inscrit une clause dans les statuts de la société stipulant que seul un Wendel pourrait détenir des parts de la société. o De même, les alliances entre familles sont courantes pour unifier différentes activités.

Exemple de la famille Motte : les trois frères se marient à de riches héritières pour former de puissantes entreprises de textile dans la région de Roubaix. 2.

Des pratiques socio-culturelles propres · La plupart des grandes familles sont emplies d’un sentiment religieux assez fort : o Ainsi à Mulhouse, à côté d’une majorité de calvinistes, on trouve aussi des familles d’entrepreneurs juives comme les Schlumberger et les Koechlin.

De même, les Wendel sont très attachés au catholicisme. o Cela a un impact direct sur la vie de l’usine : les entrepreneurs, certains d’être investis d’une « mission sociale », vont souvent adopter une attitude paternaliste auprès de leurs ouvriers.

À Hayange ou au Creusot, de véritables villes minières sont établies, avec hôpital, école etc.  Les ouvriers de l’usine Krupp à Essen bénéficient même d’une couverture sociale, avec assurance maladie, vacances à prix réduit et même des maisons de retraite. o En contrepartie de cela, le patron exige un respect et une fidélité totale des ouvriers, dans un rapport père-fils infantilisant.

Face aux grandes grèves de 1871, Krupp lance un règlement général auquel tous les ouvriers doivent prêter serment, mentionnant par exemple que : « La déloyauté et la trahison doivent être réprimés par tous les moyens légaux (...) car de même que le fruit qui naît de la graine devient, selon la terre qui l’a nourri, aliment ou poison, de même l’âme se reconnaît par les actes, bonne ou mauvaise.

» · Les industriels prennent une place de plus en plus importante dans la vie en société et dans la politique. o Les alliances avec les grandes familles et la noblesse leur permettent d’atteindre les hautes strates sociales.

Il devient important de paraître, et de nombreuses grandes familles d’industrielles achètent de somptueuses demeures : l’exemple le plus symbolique en est Henri Menier, l’héritier d’une grande famille d’industriels du chocolat, qui rachète le château de Chenonceau en 1913.

o Enfin, si les industriels sont en général favorables à la stabilité du régime pour le bon déroulement des affaires, il arrive que certains se lancent dans la politique, par conviction ou par intérêt.

C’est le cas d’Eugène Schneider, maire du Creusot de 1866 à 1870 et constamment élu député sous le Second Empire, jusqu’à devenir vice-président du corps législatif.. »

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