La Forêt-Noire

« UNE ZONE DE FAIBLE PEUPLEMENT • Les arbres sont les principaux hôtes de la Forêt-Noire, où les hommes ne sont que des invités, tenus de respecter la nature.

Renforcée depuis que la région abrite deux parcs naturels, cette vocation n'a guère été contrariée au cours des siècles, la Forêt-Noire n'ayant jamais été une zone de peuplement, sauf à la périphérie, où se situent les villes, restées d'importance moyenne.

• La plaine du Rhin elle-même est peu peuplée, et ne saurait être comparée à cet égard à l'Alsace.

De tous temps, les zones montagneuses n'ont guère été habitées que par des bûcherons et des paysans pauvres.

• La Forêt-Noire appartient à la région de Bade, qui en fusionnant avec le Wurtemberg à l'issue d'un référendum a donné naissance au Land de Bade­ Wurtemberg en 1952.

Ce Land, d'une superficie de 35 751 km', compte une population de 10 700 ooo habitants, ce qui en fait le troisième d'Allemagne, derrière la Rhénanie du Nord-Westphalie et la Bavière.

La densité y est de 293 hab./ km', et ce n'est certes pas la population de la Forêt-Noire qui contribue à un tel taux.

• Concentrée à plus de 90 % dans les villes, la population de la Forêt­ Noire est d'environ 450 000 habitants, soit une densité de 75 hab./ km'.

Comme pour toute l'Allemagne, on constate un vieillissement de la population : 16 % de la population comptent moins de 18 ans, et presque autant ont plus de 60 ans.

lA COMPOSITION ETHNIQUE ET RELIGIEUSE • Pays de langue et de tradition germaniques, la Forêt-Noire a été très tôt évangélisée.

Aujourd'hui, les catholiques prédominent légèrement par rapport aux protestants, concentrés dans le canton de Liirrach, près de Bâle, et dans d'autres petites enclaves du pays de Bade.

• Les communautés étrangères sont peu représentées dans la Forêt-Noire, alors qu'elles constituent près de 12% (1,25 million) de la population du Bade-Wurtemberg.

Un tiers des immigrés sont originaires des pays de l'Union européenne, suivis des Turcs musulmans (27 %) et des ressortissants des pays de l'ex-Yougoslavie (11 %), chrétiens catholiques et orthodoxes et musulmans originaires de Bosnie ou du Kosovo.

• À la périphérie nord-est de la Forêt-Noire, Stuttgart, capitale du Bade-Wurtemberg.

peuplée de près de 600 000 habitants, est la métropole régionale et le principal pôle d'attraction économique.

• Fribourg-en-Brisgau, avec 215 ooo habitants, est la principale ville de la Forêt-Noire, dont elle est d'ailleurs considérée comme la capitale.

Elle occupe les contreforts méridionaux du massif, dominant le Rhin.

Entourée de forêts, elle bénéficie d'un climat doux et ensoleillé.

Son statut de ville universitaire - I'AibrechHudwig Universitat compte 30 ooo étudiants -, mais aussi la proximité des frontières française et suisse, contribuent à son dynamisme.

• Pforzheim, 119 000 habitants, située à l'extrémité nord de la Forêt-Noire, constitue le point de départ de la «route des crêtes».

• Tübingen, 83 000 habitants, à l'est du massif, est arrosée par le Neckar, marquant la lisière entre la Forêt-Noire et le Jura souabe.

Elle est renommée pour sa vieille université et son patrimoine architectural.

On peut y visiter la maison du poète Friedrich Hiilderlin qui y mourut en 1843.

• Baden-Baden, 50 ooo habitants, est située dans la vallée de I'Oos, un petit affluent du Rhin entaillant les contreforts septentrionaux de la Forêt· Noire.

La ville a une vocation thermale, mais elle s'est développée jusqu'à la plaine du Rhin, où se concentrent ses activités industrielles, parfois au détriment des coteaux de la Forêt­ Noire.

La ville est néanmoins entourée de forêts, qui la désignent comme l'un des lieux de cure et de villégiature les plus prisés d'Allemagne.

LE PARENT PAUVRE DU BADE-WURTEMBERG • Si le Bade-Wurtemberg se caractérise par son dynamisme économique, qui en fait l'une des régions les plus prospères de l'Union européenne, dont il représente environ 4 Ofo du PIB, la Forêt-Noire en est le parent pauvre de ce point de vue.

La rivalité traditionnelle opposant les gens du pays de Bade, revendiquant l'appartenance au terroir et jaloux de ses produits, à ceux du Wurtemberg.

plus travailleurs et entreprenants, prend tout son sens dans cette région où l'homme vit en communion avec la nature, habitant de grondes fermes de bois.

Alors que Stuttgart compte une grande concentration d'entreprises internationales, la Forêt-Noire, longtemps repliée sur elle-même, reste une région essentiellement rurale, vivant notamment du travail du bois et peu gagnée par l'industrialisation.

Les rares industries tendent d'ailleurs à • La Forêt-Noire bénéficie pourtant du développement économique du Land, même si le marché du travail y est moins florissant.

Alors que le Bade-Wurtemberg affiche le plus bas taux de chômage d'Allemagne (6,1 %), il est nettement plus élevé à Fribourg­ en-Brisgau (10,8 %), tout en restant inférieur à la moyenne nationale allemande.

L'AGRICULTURE • Comme les autres secteurs d'activité, l'agriculture reste concentrée dans les vallées, livrées à la polyculture.

• La vie agricole associe la culture des céréales, dans la mesure des possibilités du relief, et l'élevage, de bovins surtou� pratiqué de manière extensive dans les vallées et les pâturages d'altitude, mais aussi de porcins.

La plaine du Rhin, en raison de son ensoleillement relatif, permet la mise en valeur des vergers, surtout de poiriers, de pommiers et de pruniers, tandis que dans la vallée du Rhin supérieur, les vignobles grimpent sur les pentes de la Forêt-Noire, réputée pour son vin blanc, auquel est dédié un circuit touristique.

• En Forêt-Noire, l'agriculture reste un secteur d'activité plus important que dans le reste du Bade-Wurtemberg.

où elle ne joue qu'un rôle très marginal, représentant 2,2% du PIB, en raison de la nature du sol et des conditions climatiques peu favorables.

Le Land, qui est toutefois la deuxième région viticole d'Allemagne, produit certaines cultures spéciales, comme les fruits et les asperges, appréciées pour leur excellente qualité.

Fabriqués de manière artisanale, les produits de l'agriculture de la Forêt-Noire sont d'ailleurs réputés pour leur qualité et leur parfum de terroir.

La gastronomie, avec toute une gamme de charcuterie et de pâtisseries, dont bien sûr la "forêt­ noire"· y est un art de vivre, qui va de pair avec le tourisme.

• À plus grande échelle, la sylviculture alimente aussi bien l'artisana� associé à l'activité touristique, que l'industrie.

L'INDUSTRIE · L'industrie ne s'est jamais vraiment implantée dans la Forêt-Noire et sa part tend à se réduire à mesure que s'affirme la vocation touristique de la région, nécessitant la préservation de la vie sauvage.

Le contraste est à cet égard saisissant avec le reste du Bade-Wurtemberg.

très dynamique et toujours en quête d'innovations dans les domaines de l'économie, des sciences, de la technologie, mais aussi de la protection de l'environnement, dont la Forêt-Noire est un terrain d'expérience.

• Dépourvu de sources d'énergie notables et de richesses minières, le Bade-Wurtemberg doit sa prospérité économique au degré d'instruction de sa population ; avec leurs universités, les villes de Tübingen et de Fribourg­ en-Brisgau y contribuent grandement.

La recherche représente 3,8% du PIB du Land, qui se place sur ce point juste après la Suède et bien avant le Japon (2,9 %) et les États-Unis (2.7 %) ou encore le reste de l'Allemagne (2,3 %) ou la France (2,2 %).

Le Land compte, à côté de grands constructeurs d'automobiles, d'électroménager, d'outillage et d'informatique, une multitude d'entreprises moyennes - industries du bois, textiles ou hortogrres- qui caractérisent son paysage industriel.

Près de 41 % de la population active du Land ont une activité dans la production, que ce soit dans la grosse industrie ou les PME.

• Le respect de l'environnement a également déterminé l'orientation de l'activité économique de la Forêt-Noire, singulièrement à Fribourg-en-Brisgau, tournée vers les activités tertiaires et de recherches, et qui s'est fait une spécialité des problématiques liées au développement durable.

La ville abrite l'une des principales usines européennes de production de panneaux photovoltaïques, dont est recouverte toute une façade d'une tour du centre-ville.

La ville a par ailleurs été aménagée de telle sorte que soient privilégiés les modes de transport non polluants.

Un « écoquartier » a été aménagé sur l'emplacement des anciennes casernes qui abritaient la garnison française jusqu'en 1998.

I.E COMMERCE • La Forêt-Noire a souffert longtemps de son enclavement et d'un faible peuplement qui, ajoutés à l'indigence des voies de communication, ont limité les opportunités de commerce dans une région pourtant au carrefour de l'Allemagne, de la France et de la Suisse.

Un paradoxe, alors que l'économie du Land de Bade-Wurtemberg, du fait de sa structure de production, dépend fortement de l'exportation (48% vers I'UE), qui absorbe 42% de ses produits industriels et dont dépend un tiers des emplois du domaine industriel.

·La Forêt-Noire n'a pas les mêmes potentialités, mais la collaboration transfrontalière établie par le Land avec les régions voisines des pays limitrophes, notamment dans les transports, permet à la région de développer ses relations avec ses voisins suisse et français.

LE TOURISME Le principal atout de la Forêt-Noire réside dans son patrimoine vert, qui attire un nombre croissant de visiteurs épris d'écotourisme, qui parcourent les sentiers de montagnes, entre deux haltes gastronomiques dans les localités de la région qui ont conservé leur architecture pittoresque et colorée.

Au printemps et en été, les randonnées sur la «route des crêtes>> (Schwarzwald-Hochstrasse) au nord et la «route du vin de Bade>> (Badische Weinstrasse) le long du Rhin, la visite des villes historiques de Fribourg­ en-Brisgau et de Tübingen, ainsi que des châteaux médiévaux et des abbayes et cloîtres au centre du massif, qui abritent des festivals de musique et des représentations théâtrales, sont les points forts du tourisme.

• Le massif dispose de quelque 140 000 chambres d'hôtel et 60 ooo chambres d'hôte, enregistrant 28 millions de nuitées annuelles.

• En hiver, la Haute Forêt-Noire attire les skieurs dans les stations de sports d'hiver du Feldberg notamment, où l'enneigement important compense la faible altitude.

• Le thermalisme constitue un atout important pour le développement du tourisme dans la région, qui compte six grandes stations thermales de renom.

La plus prestigieuse est celle de Boden-Boden, dont les sources aux vertus thérapeutiques et cicatrisantes étaient connues déjà des Romains.

Le casino, très réputé, contribue aussi à la richesse de la ville.

• Les promeneurs sont rois dans le massif, sill onné par quelque 23 000 km de chemins de randonnée balisés, dont le plus fameux est le Schwarzwaldweg.

• Les pistes de VTT s'étirent sur quelque 3 000 km.

LE TRANSPORT • Les infrastructures routières de la Forêt-Noire sont peu développées, à l'exception de son pourtour : à l'ouest, le Rhin, navigable à partir de Bâle, permet de relier la région à la France, au Benelux et au nord de l' Allemagne, comme l'autoroute et la voie ferrée qui longent le fleuve sur plus de 200 km jusqu'à Karlsruhe et au-delà Frandort.

• Dans le sud, une route au pied du massif longe le Rhin de Bâle à Constance, reliée à Stuttgart, au nord, par une autoroute et une voie ferrée à l'est du massif.

Une autre route traverse le sud du massif, au sud, reliant la ville de Donaueschingen à Fribourg-en-Brisgau.

• Dans le nord, le massif est contourné par l'autoroute reliant Stuttgart à Karlsruhe via Pforzheim.

• Deux aéroports internationaux desservent la région, celui de Bâle­ Mulhouse, et celui de Stuttgart, tandis que Lahr, dans la plaine du Rhin, abrite un aéroport pour le transport de fret.

• Pour le transport fluvial, le port de Bresach, sur le Rhin, voit transiter un million de tonnes par an.. »