LA France EN VILLES
Publié le 21/06/2012
Extrait du document
La France, en 2012, n’a jamais été aussi urbanisée : 5 français sur 6 résident à l’intérieur ou en périphérie d’une agglomération urbaine. Les espaces urbains, attractifs connaissent d’importante mutation. Leur croissance prend la forme de l’étalement des résidences et des activités provoquant une explosion des mobilités. De vastes régions urbaines polycentriques intégrant des villes petites et moyennes et des communes rurales émergent. Les déplacements automobiles qui découlent de cette nouvelle forme d’organisation posent le problème de sa durabilité.
A l’échelle nationale, la mondialisation renforce le dynamisme des grandes villes : lieux d’innovation, d’échanges et de création de richesse. Ce processus de métropolisation accentue les inégalités socio spatiales. De nombreuses politiques sont menées pour atténués la fraction urbaine. Mais leur efficacité est discutée.
L’opposition ville / campagne perd de sa pertinence avec des espaces ruraux aussi bien connectés et pratiqués par les urbains. Ainsi les frontières de la ville sont difficile à définir/fixé. Dans ces conditions, quelles sont les dynamiques qui transforment les villes françaises à l’heure actuelle.
Nous virons quelles sont les formes, les facteurs et les acteurs de l’urbanisation du territoire. Puis nous nous intéresserons aux inégalités produites par ces mutations récentes ainsi qu’à leur réduction. Enfin, nous analyserons les nouveaux territoires de l’urbanisation.
«
Avec 11,8 millions d’habitants (18.5% de la population française), sans être la plus dynamiques, Paris est l’aire
urbaine qui contribue le plus à la croissance démographique nationale.
Elle connait un léger déficit migratoire dû
au départ des retraités, compensé par un solde naturel exceptionnel liée à la forte présence de jeunes ménages.
Héritée d’une longue tradition centralisatrice, la concentration des fonctions d’État au sein de la capitale se
double d’une hégémonie économique croissante.
Paris accueille les activi tés les plus dynamiques nécessaires au
fonctionnement du capitalisme polarisé : systèmes sociaux de FTN (firmes transnationales), services aux
entreprises, finance, Recherche et Développement.
Traduction de cette puissance, elle accueille 45% des cadres
de s fonctions métropolitaines et produit 29% du PIB.
Paris ville monde de premier plan constitue l’interface
privilégié entre la France, l’Europe et le reste du monde à travers trois secteurs prioritaires : la finance, la culture
et le tourisme.
Les aéroport s parisiens assure 70% du trafic aérien français et monopolise l’essentiel des échanges
internationaux.
Cependant l’armature urbaine française évolue vers un polycentrisme plus affirmé sous l’impulsion de l’ouverture
européenne et de la mondialisation.
Mais comparés à leurs homologues européennes, les métropoles régionales
françaises sont plus petites en taille, dénuées de pouvoir autonome et dotées d’un rayonnement international
limité.
On a 7 grandes villes qui dominent l’armature urbaine française : Lyon , la conurbation Aix -Marseille, Lille,
Toulouse, Nantes Strasbourg et Bordeaux.
On pourrait en rajouter quatre autres aux fonctions incomplètes :
Rennes, Nice, Montpellier et Grenoble.
Une douzaine de viles intermédiaires polarise leur zone : Le Mans,
Poit iers, Mulhouse...
L’ « image de Paris et le désert français » (J -F G avier) ne se justifie plus.
En matière de grands équipements
( infrastructure s de transport) , les métropoles ont connu un réel rattrapage et constituent d'indéniables relais
régionaux.
Souc ieuses de renforcer leur place dans la hiérarchie des villes européennes et d'accroître leur
rayonnement international, elles développent des projets urbains d’envergure , tel « Euroméditerranée » à
Marseille ou Euralille .
Elles forment, avec la capitale, un archipel métropolitain.
Malgré cela, les grandes villes de
province nouent de plus en plus de relations directes, entre elles ou avec d'autres villes européennes (contrats de
recherche, programme d'échanges universitaire « Erasmus » depuis 1987).
Ainsi s'affirme une organisation plus
polycentrique.
Quant aux petites et moyennes villes très nombreuses, elles jouent un rôle important dans les encadrements
administratifs et fonctionnels.
En effet avec la départementalisation, les villes petites et moyennes ont longtemps
maillé le territoire.
Deux tiers des aires urbaines de 20 000 à 100 000 habitants perdent aujourd'hui des habitants.
Leur évolution reflète l'inégal dynamisme régional.
Excédentaires dans les régions en forte croissance (sud et
ouest), elles sont très déficitaires au nord et à l'est.
La proximité des grandes métropoles a un effet dynamisant.
Inversement, ces villes souffrent de l'enclavement.
Plus spécialisées que les grandes villes, les villes petites et
moyennes sont particulièrement vulnérables.
Beaucoup ont une forte spécialisation industrielle et pâtissent des
délocalisations.
Elles se distinguent aussi par une sur- représentation des services à la population.
Cette économie
réside ntielle, parfois dynamique (tourisme), se trouve fragilisée par la fermeture des services publics.
Le processus de métropolisation décisif désormais pour l’armature urbaine française n’en demeure pas moins
concurrentiel et sélectif, pour les espaces urbai ns.il renforce le poids des métropoles mais aussi des inégalités
socio -spatiales transformant la ville.
La métropolisation entraîne une hausse du prix du foncier qui renforce la
ségrégation urbaine héritée de l’histoire entre les beaux quartiers et les qua rtiers populaires.
Les centres
connaissent un processus de gentrification qui passe par la réhabilitation de l'habitat, des espaces publics et le
renouveau des commerces.
A cela s’ajoute la spéculation immobilière favorisant cet embourgeoisement très
inéga l et encore inachevée.
Attirées par des prix plus abordables et la qualité du cadre de vie, les des classes
moyennes privilégient l'accession à la propriété en maison individuelle dans les espaces périurbains.
Les
premières couronnes, proches et bien équi pées, y sont généralement plus aisées que les périphéries éloignées où
se trouvent relégués les ménages modestes.
Dans l es banlieues, les communes aisées contrastent avec les
secteurs marqués par les grands quartiers d'habitat populaire dont beaucoup sont classés en ZUS (zone urbaine
sensible).
La crise économique et le départ des classes moyennes y provoquent un triple processus de
paupérisation, d'ethnicisation et de relégation, source de violences urbaines.
L'image médiatique de ce s « cités
ghettos », oc culte la diversité et la richesse culturelle de ces territoires.
Néanmoins avec l’aggravation de la crise
depuis 2008, certain s géographes et sociologues n’hésitent plus à parler de sécessions urbaines.
Le terme est- il
adéquat ?
Les ménages tendent à résid er dans des quartiers de plus en plus homogènes .
En 2010, 51% des ouvriers et 40%
des chômeurs étaient rassemblés dans seulement 10% des aires urbaines.
Ce qui s’explique par l a flambée
immobilière.
L a valeur du mètre carré pouvant varier de 1 à 10 entre l e centre et les lointaines périphéries.
La
recherche d'entre -soi résidentiel accentue les mécanismes ségrégatifs, y compris à très grande échelle
(lotissement, rue).
L'évitement scolaire, la multiplication des ensembles résidentiels fermés ou encore les
po litiques de club de certaines communes traduiraient la volonté de groupes sociaux favorisés de se mettre à
l'écart de la population urbaine.
En France, les résidences fermées ne sont toutefois pas comparables aux « gated communities ».
La mobilité
quotidienne des citadins relativise l'impact de l'entre -soi résidentiel en donnant l'occasion aux groupes sociaux de
se côtoyer dans les espaces publics (centres commerciaux)..
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