La Grande Compagnie ravage le royaume

« Mais le 6 avril 13 62, à Brignais, p rès de Lyon , les hommes aguerris de la Grande Compa­ gnie , postés sur les collines environnantes , fondent sur l'ar­ mée royale .

En seulement quelques heures, celle-ci est rudement défaite .

Les prison ­ niers des routiers sont innom­ brables, à commencer par le comte de Tancarville en per­ sonne.

Quant à la seconde armée, commandée par le maréchal d'Audrehem , elle n'ar­ rivera sur les lieux du désastre que trois jours plus tard.

L..:échec est total pour Jean le Bon, dont la stratégie d' affron­ tement direct s'est révélée pour le moins inefficace face à des soldats professionnels .

Mais le roi n'a pas abattu toutes ses cartes .

Après tout , n'est-ce pas le manque de contrats et les traités de paix qui ont favo­ risé l'émergence des compa­ gnies ? Alors, pense-t-i 1.

envoyons-les là où les hommes se battent, et, surtout, le plus loin possible.

I.:Eldorado espagnol En 13 65 , Charles V reprend à son compte la politique de son père et tente lui au ssi d 'é loigner les compagnies du royaume de France .

Alors que les Turcs menacent la Hongrie , il commence par relancer ·l'idée d'une croisade .

Mais les routiers ne sont guère enthou­ siasmés à l' idée d'aller si loin se faire étriper par les Infi­ dèle s, même si l' aventure, au demeurant très ris quée et mal préparée , est largement finan­ cée par le pape Urbain V et par le roi.

L'affaire s'enlise donc .

Reste la Castille .

Charles V y soutient les ambitions d'Henri de Trastamare contre son demi-frère, le roi Pierre le Cruel.

Du Guesclin parvient à rassembler une armée , à laquelle il incorpore de nom­ breux routiers, attirés par le profit .

Cette campagne d'Es ­ pagne va se révéler une véri ­ table promenade militaire et, le 5 avril 13 66 , Henri de Trasta­ mare est couronné roi de Castille .

fi!mED ITIONS ll!m ATLAS Malheureusement , une victoi ­ re trop rapide ne sied guère au x compagnies qui se retrou ­ vent de nouveau sans s olde .

Alors pourquoi ne pas soute­ nir à présent le vaincu et ses espoirs de revanche ? Pierre le Cruel sais it l'occasion et embauche les soudards de la Grande Compagnie qui ne sont pas rentrés en France.

Grâce à ces mercenaires , il recouvre son trône , en 1 36 7, avant d' être finalement assas­ siné, deu x ans plus tard , par Henri de Trastamare .

Mais à cette date , la pai x franco­ anglaise est déjà un lointain souvenir et les compagnies , qui ne forment plus que des petits groupes très marginaux , réintègrent l'armée royale .

« L'ARCHIPRÊTRE » ARNAUD DE CERVOLE Cadet d'une famille périgourdine de petite noblesse, Arnaud de Cervole entame sa carrière militaire sous le règne de Jean le Bon, en 1351.

Connu sous le sobriquet de « ! 'Archiprêtre », car ses premiers revenus venaient d'une cure, ce mercenaire avisé et sans scrupule devient le meneur d'une compagnie de pilleurs qui écument une grande partie du royaume.

Il sévit en Provence, dès 1358, puis en Nivernais et en Bourg9gne, où il se met au service du duc Philippe le Hardi.

En 1364, il est à Cocherel, au service de Du Guesclin contre Charles de Navarre .

Mais, jugeant · l'issue du combat trop incertaine, il préfère déserter.

La carrière d'Arnaud de Cervole s'achève piteusement, le 25 mai 1366, vers Mâcon .

Il est poignardé par un de ses hommes, un routier avec lequel il vient d 'échanger quelques paroles peu amèn ,es.. »