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La guerre de course (pirates et corsaires)

Publié le 08/11/2018

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UNE PRATIQUE ANCIENNE

 

La guerre de course naît au Moyen Âge de la pratique féodale des représailles. Lorsqu'un seigneur ne peut assurer à son vassal le retour d'un bâtiment saisi par l'ennemi, il l'autorise à s'emparer, à son tour, d'un navire marchand du même port que l'agresseur. En favorisant la course, des princes, des villes-États, voire des nations pauvres ou sans tradition maritime, ont pu se constituer une flotte de guerre sans avoir à apporter les capitaux.

« COURIR SUS AUX ENNEMIS DU ROI »

Les premiers corsaires

 

• Un corsaire est un marin auxiliaire d'une marine légale. Il tient sa légitimé d'une «lettre de marque» ou d'une « commission de guerre ». Il court «sus aux ennemis» lorsque le prince auquel il est attaché est en guerre.

 

■ Un marin poursuivant ses activités en temps de paix, ou sans être détenteur d'une «lettre de marque», est un pirate.

• Le navire corsaire est donc un bâtiment marchand, armé par un civil, qui fait sur la mer une guerre que le souverain est incapable d'entreprendre, faute de navires, d'hommes ou de capitaux.

BARBEROUSSE KHAYT AL-DIN (1476-1546)

 

D’origine sicilienne, ce corsaire barbaresque fonde au xvie siècle la régence d'Alger. En tant que vassal de Soliman le Magnifique, Barberousse est l'allié indéfectible de François Ier, roi de France, contre l'empereur d’Autriche Charles Quint.

 

En 1534, il s'empare de Tunis, mais, un an plus tard, la ville retombe aux mains de Charles Quint. En 1543, il soutient la flotte française contre l'empereur. La guerre se termine en 1544. Il retourne à Constantinople où il meurt en 1546.

Le traité de Tordesillas : l'essor de la guerre de course

 

Le 4 mai 1493, quelques semaines après le retour de Christophe Colomb, le pape Alexandre VI partage le monde en deux. Le traité de Tordesillas précise que toutes les terres situées à 100 lieues marines à l'ouest de l’île Flores des Açores sont désormais à l'Espagne et toutes celles qui sont à l'est appartiennent au Portugal. Un an plus tard, par un accord mutuel, la ligne de partage est déplacée à 370 lieues vers l'ouest, ce qui permettra aux Portugais de s'approprier le Brésil (1500).

En France, dès son accession au trône, François Ier (1515-1547) dénonce le traité de Tordesillas. Tout en autorisant les marins français à voguer sur toutes les mers,

il les incite à explorer et à prendre possession, en son nom, des terres inconnues qu'ils découvriraient.

Dépourvu d'une marine de guerre à la hauteur de ses ambitions, François I\" accorde des lettres de marques (1516), en particulier à l'armateur Jean Ango, qui coordonne l'action des corsaires de la Manche et de l'Atlantique. C'est le début

de l'épopée corsaire qui connaîtra son apogée entre 1577 (bataille de Lépante) et 1713 (traité d'Utrecht).

En Méditerranée (1500-1830)

Disputant aux puissances européennes le contrôle de la Méditerranée, les corsaires barbaresques (turcs, algériens, tunisiens, tripolitains) y régnent en maîtres. Impunément, ils se livrent à des razzias le long des côtes espagnoles, françaises et italiennes.

■ Outre la maîtrise du commerce maritime, la course est un moyen de rançonner les États chrétiens : soit en réduisant à l'esclavage les nombreux Français, Italiens, Espagnols, Anglais et Hollandais qui peuplent les bagnes barbaresques ; soit en approvisionnant les harems de Constantinople et d'Asie.

Faisant fi des considérations religieuses, les puissances européennes - en particulier la France - oeuvrent pour acheter

« • Tout au long des xv• et XVI' siècles , les États -France, Angleterre, Provinces­ Unies, république de Gênes et de Venise , Espagne , Portugal -tentent de réglementer les prises , favorisant le développement des juridicti ons d'amirautés.

Celles-ci statuent si le navire capturé est ennemi , ami ou neutre et si la cargaison doit être vendue, rendue ou remboursée.

• En France, à partir de 1627, le Conseil de marine, aux mains du roi ou de ses ministres, se substitue aux juridictions d'amirautés qui instruisent et exécutent désormais le jugement.

Loui s XIV, réglemente notamment la course dans les eaux européennes.

La capture, la saisie de l a prise en mer, la procédure à l'arrivée au port , les actes conservatoires en attenda nt le jugement, la vente de la prise et la répartition du butin entre les intéressés y sont définis précisément.

• Désormais, le rôle de l'amiral de France est essentiel.

Lui seul délivre la lettre de marque ou «comm ission de guerre> > et reçoit la somme très é levée de 10% du produit brut des prises .

• La durée de la campagne de course ne peut excéder quatre mois.

• Obligation est faite aux navires corsaires de hisser le pavillon français afin de prouver leur nationalité et de montrer le rayonnement de la France sur les mers .

• Enfin , le Conseil des prises , qui succède au Conseil de la marine, est créé à chaq u e guerre.

C'est une sorte de commission extrao rdin aire du Conseil du roi.

LA FIN DE LA GUERRE DE COURSE • Avec la défaite définitive de Napoléon (1815), l'Europ e retrouve pour un temps la paix.

La course n 'a donc plus de raison d'être.

Le plus souvent, les corsaires se reconvertissent en armateur ou en marchand.

• C'est en Méditerranée que la course survit le plus longtemps, avec les Barbaresques.

Les exactions des corsaires algérois sont l e prétexte à l'intervention française en Algérie en 1830 .

• La course est supprimée le 30 mar s 1856 par le congrès de Paris par lequel le sultan ottoman accorde aux chrétiens les mêmes droits qu' à ses autres sujets, à commencer par la libre circulation sur les mers .

comme l a caravelle , le go/ion ou la galère.

·Entr e 1550 et 1650, sous l'influence des Holl andais et des Anglais, les navires corsaires connaissent une profonde évolution .

• Révolutionnaire , la flûte hollandaise (1595), vaisseau ventru à fond plat, possède des mâts plus hauts et des vergues plus courtes .

Il en résu lte un bon voilier , robuste , assez rapide et surtout économique en hommes.

• Plus rapide que le galion et d 'un tonnage plus faible, le« nouveau galion» est mis au point par les Anglais Drake et Hawkins (vers 1588) lors de leurs expéditions aux Antilles .

Il est moins long et sa ligne de flottaison est plus basse, afin de diminuer la résistance au vent.

Sa voilure est mieux répartie et ses canons sont plus lourds .

• Comme son aînée la galère , la demi-galère (fin du XVI' siècle ), est aussi rapide qu'apte à la navigation en eau calme .

En revanche, elle compte moins de rames et une brigantine sur les deux mâts .

Elle connaît un vrai succès en Méditerranée , tant auprès des corsaires chrétiens que musulmans .

Les rames ont deux avantages : par manque de vent , elles permettent de capturer un navire immobilisé ou d'échapper à un navire ennemi.

• Inspirée de la demi-galère , la frégate dunkerquoise (début du XVII' siècle ) possède des voile s carrées , trois mâts et un seul pont porteur de canons 1--------------1 qui tirent sur les côtés .

C'est un bâtiment rapide et a isé à manœuvrer .

RENÉ DUGUAY·TROUIN (1673-1736) • Fils d 'un riche annateur, lleaé Jhlailt sieurdv Glltl)', naît à Saint -Malo et combat comme corsaire à partir de 1688 contre lesAnglo ­ .,:ol,...,.4 11"'1a;.-'-' Hollandais .

• Devenu capitaine de frégate (1697) dans la marine royale , il capture plus de 300 navires marchands et 20 de guerre, dont une flotte de 64 navires (1707).

• Anobli par Louis XIV, il conquiert Rio de Janeiro en onze jours (1711 ), puis commande, à partir de 1731, une escadre destinée à protéger le commerce français des Barbaresques .

• Légère et très rapide, la chaloupe de guerre possède des dérives relevables et pivotantes pour se faufiler entre les bancs de sable .

!:ARMEMENT • Les nnvires corsnires ne comptent qu'un petit nombre de canons et d 'un faible calibre.

Les raisons en sont que les corsaires attaquent des navires marchands peu armés et que les canons et la poudre coûtent cher .

• La majorité de l'armement corsaire provient des prises .

Aussi les canons sont-ils très disparates et l'artillerie légère plutôt rare .

• En conséquence , les armes les plus utilisées sont des épées , des coutelas, des piques ou des haches d 'abordage .

i:tQUIPAGE • Vrais loups de mer , les capitaines sont pour la plupart des hommes jeunes , d ' une trentaine d'années .

Beaucoup ont commencé comme mousse.

• Un bon capitaine prépare son voyage , veille à l'armement et sait faire preuve de prudence.

Il s'entoure de quelques officiers, hommes de confiance , et d'un chirurgien.

• Les équipnges corsnires sont numériquement supérieurs à ceux des navires marchands .

Ils se composent surtout de mousses , novices et matelots , et de «volontaires >>, jeunes gens sans statut ni qualification précise embarqués dès l'âge de 15 ans afin d'accéder rapidement à des responsabilités d 'officiers sur un navire corsaire qui sera armé par leur famille ; on trouve aussi de jeunes terriens , gentilhommes, bourgeois ou soldats , qui renforcent les rangs des combattants.

LA VIE À BORD • Le recrutement des équipages corsaires se fait par contrat entre l'armateur et le matelot.

Ce n 'est qu'à la fin du XVII' siècle , lorsque les armateurs commencent à utiliser des vaisseaux prêtés par le roi, que ceux-ci bénéficient de «levés >> de matelots opérés par les commissaires aux classes .

• Une discipline de fer règne sur les navires corsaires .

Fouet carcan , supp lice de l a cale et même pendaison punissent les fautes.

• Les maladies -dysenterie, typhus, scorb ut, petite vérole -provoquent un fort taux de mortalité parmi l'équipage .

LA CHASSE·PARTIE • La chasse-partie est un contrat de travail qui lie, entre eux, tous les assoc iés -prop riétaires du bâtiment et membres d'équipage -intéressés dans l'armement du navire ainsi que dans la course.

• La coutum e en Europe veut que, sur un corsaire , l 'équipage reçoive à la fois un salaire et une part des prises , d'où la signature d 'une «charte-partie >> qui règle le partage du butin .

!:ARMATEUR • Appelé aussi « bourgeois >>, l'armateur peut être le propriétaire du bateau, l e capita ine corsaire , un marchand ou même un grand propriétaire terrien , comme aux Antilles.

• Son rôle premier est d 'être responsable du bâtiment et de prendre en son nom la lettre de marque.

À ce titre , il est aussi caution en cas de faute commise par le capitaine .

• L'armateur recrute le capitai n e et l'équipage, effectue l'approvision nement tient la comptabilité de l 'armement et, en cas de prises et de rançon, se charge de vendre les prises et d 'en distribuer le montant aux intéressés et à l 'équipage, après versement des taxes et des droits.

• Pour ce travail, l'armateur touche une commission, plus une part des prises proportionnelle à son investissement dans l'expédition .

PARTS, RtCOMPENSES, INDEMNITtS ET PtNALITtS • Chaque membre d 'équipage en âge de porter les armes reçoit une part du butin .

Les autres , souvent très jeunes, obtiennent demi-part .

Les officiers subalt ernes obtiennent d'une part et demie à deux parts , à la discrétion du capitaine.

• Les récompenses et les indemnités sont aussi prélevées sur le produit brut de la course .

Les premières récompensent des initiatives ayant permis la capture d'un bâtiment ou d'une place ennemie.

Les secondes sont accordées pour la perte totale ou partielle au combat de l'usage d'un membre ou d 'un œil.

• Outre sa part, le chirurgien reçoit une somme pour réapprovisionner son coffre de médicaments .

• Les viv res du départ et la poudre constituent des frais fixes qui sont déduits du butin brut avant le partage .

• En cas de non-respect des règles à bord durant le voyage , des pénalités sont encourues.

Elles cons istent presque toujours à amputer la part individuelle du butin.

·Enfin , si l'un des membres d'équipage meurt durant le voyage , ses héritiers sont en droit de réclamer sa part sur tout ce qui a été pris jusqu'au jour de son décès.

LE MATELOTAGE • La nécessité de manœuvrer le navire 24 heures sur 24 explique la division de l'équipage en deux .

Une partie assure le service pendant que l 'autre se repose, d 'où le nom de « matelot », mot d'origine hollandaise qui signifie « compagnon de lit >>.

• Plus que de simples camarades de dortoir, les matelots sont des associés à part entière et signent des contrats en bonne et due forme.

Grâce au matelotage, un homme n'est jamais seul , il sait que son compagnon veille sur lui et sur ses intérêts.

LA CHASSE ET 1.' ABORDAGE • Les corsaires n e se battent pas pour le panache ou la gloire, mais pour toucher un salaire .

• Pour un corsaire, la prise idéale est rapide et san s combat.

Ils préfèrent s'attaquer à des navires de commerce isolés ou distancés d'un convoi.

• La tactique de prise consiste à se placer et à se maintenir dans le sillage du bateau convoité pour éviter d'être sous le feu de ses batteries.

Si, au premier coup de semonce , le navire baisse pavillon pour indiquer qu'il se rend , la prise est facile.

Dans le cas contraire, l'abordage se fait de façon plus violente .

• L'nbordnge se fait géné ralement de «bout en bout» , en engageant le mât de beaupré sur la poupe de l'adversaire.

Après quelques coups de mitrailles tirés de la mâture, les grappins sont jetés.

Les assaill ants s'élancent ensuite à l'aborda g e en utilisant le mât de beaupré comme passerelle .

• Dès que l'équipage corsai r e se rend maître d 'un navire, le capitaine se saisit de tous les papiers -chasse-parties, passeports , lettre de mer ...

-, de l'ensemble des clés et fait fermer les lieux recelant des marchand ises afin d'empêcher le pillage.

LA PRISE ET LI RETOUR AU PORT • Le port de retour est rarement celui de l'armement , le corsaire préférant conduire s a prise vers un port ami proche du lieu de capture.

• Une fois au port, le capitaine dépose son rapport de mer à l'Amirau t é .

• Tant que les officiers d 'administration n'ont pas dressé le procès-verbal d'inspection du navire et vérifié que les scellés apposés sur les armoires de la prise sont bien intacts, personne ne descend à terre.

• Après avoir posé leur propre sceau sur les écoutilles de la prise, les officiers d 'administration interrogent les captifs et les conduisent en prison.

• Une fois rendu le jugement du tribunal de prises , on procède à la vente des cargaisons.

• Les prises vont des oranges aux sacs d'argent ou de poudre d'or , en passant par du sucre, des figues, du vin de Xérès , des cuirs , du bois de Campêche, de l'indigo , du cacao, du vin, des pois, de l'orge ou du bœuf .

LA RANÇO N ET L'tCHANGE • Certains corsaires préfèrent rançonner plutôt que de s'embarrasser de prises.

• Lorsque la rançon n 'est pas payable sur le champ, les capitaines saisissent les papiers de bord et p rennent des otages panni les officiers et la maistrance.

• Une variante de l a rançon, l'échange de prisonniers , se pratique surtout à la fin du XVIII' et au X IX ' siècle .

ROBEID SURCOUF (ln3-1827) • Capitai ne corsaire à 22 ans, le Malouin Robert SltntMd, fils d'armateur et petit -fils de capitaine de la Royale , s'illustre notamment dans l'océan Indien duran t la Révolution et l'Empire .

• Partant d e 111e Maurice ou de La Réunion , il capt ure, entre 1795 et 1815 , 47 navires anglais , dont le Triton (1796 ) un bâtiment de 1 000 tonneaux , 26 canons et 150 hommes d'équ ipage , et le Kent (1800 )-1 200 tonneaux , 38 canon s, 437 hommes d'équipa ge.. »

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