La mer ADRIATIQUE

« • Mais l'Influence continentale très marquée et les montagnes bordant le littoral (les Apennins culminent à 2 900 rn au Gl'fl• S4JSso ti'H•Ihl , les Alpes Dinariques à 2 522 rn au Durmitor, les Dolomites à 3 300 rn au nord du golfe de Venise) , sont à l'origine d'un milieu climatique particulier et contrasté .

• les températures moyennes sont plus basses au nord , soumis à l'Influence de la bora , vent froid , sec et très violent du nord-est qui souffle sur l 'Adriatique et le littoral de Trieste à Dubrovnik .

les amplitudes thermiques sont plus marquées dans cette zone en raison de ces tempêtes qui durent de 150 à 200 jours par an, entraînant en hiver des refroidissements susceptibles de geler la mer en bordure des côtes.

•les caractéristiques m~diterranéennes reprennent le dessus à mesure que l'on va vers le sud.

la zone au sud d 'une ligne Gargano-Dubrovnik est soumise à l'Influence du sirocco, vent marin chaud du sud-est à l'origine d'un climat doux et très humide .

le littoral et les nes dalmates reçoivent de 1300 à 2900 mm d'eau .

LA ROIE • Comme tout l'espace méditerranéen , le bassin adriatique possède une flore qui a été profondément transformée par l'activité de l 'homme.

Ce dernier cultive son littoral depuis l'Antiquité, au détriment de la forêt et du maquis .

• Dans la haute Adriatique, le milieu marécageux et lagunaire a été très tôt modifié afin de préserver le littoral de l'ensablement et des marées .

les cultures céréalières dominent du delta du Pô à l'Istrie , à côté des tdgiiObiH.

• le faible escarpement de la côte italienne , à l'exception du promontoire du Gargano (1 055 rn) au sud, où dominent les forêts de chênes-lièges et de pins , a encouragé une agriculture de type méditerranéen , associée aux vignobles , qui laissent la place aux oliviers au sud.

• le littoral balkanique , escarpé et montagneux , a mieux su préserver ses espèces endémiques, particulièrement variées sur la côte dalmate et les nes.

les cultures méditerranéennes , associées aux vignobles , aux oliviers et aussi au coton , en Albanie , n 'ont pas dénaturé une flore présentant des affinités , selon la pluviosité, avec celle des zones steppiques d'Asie Mineure, ou des zones subtropicales humides des rivages pontiques du Cauca se .

• Au nord, un maquis de buissons épineux et d'arbustes prospère sur les falaises karstiques, laissant la place , dans le sud plus humide, à une végétation de chênes verts et de pins parasols, les reliefs du littoral étant recouverts d 'une forêt luxuriante où dominent les chênes orientaux.

Sur tout le pourtour enfin , l'homme a planté des palmiers , eucalyptus et autres yuccas, qui se sont adaptés grace à la douceur du climat lEs IESSOUICES MINtllAIH • les ressources minérales sont inégalement réparties entre les pays du pourtour de l'Adriatique , le littoral italien concentrant l'essentiel de la product ion en hydrocarbures, alors que les zones montagneuses du littoral balkanique sont riches en métaux non ferreux.

Près de 80 plates -formes offshore sont implantées le long de la côte occidentale, qui compte 280 puits productifs , de gaz naturel surtout (11,5 milliards de m '), et est ponctuée de raffineries .

Sur la rive orientale, les Alpes Dinariques renferment d'importants gisements métallifères : bauxite en Croatie et au Monténégro , cuivre, nickel et chrome en Albanie.

LES DONNÉES HUMAINES LA POPULATION • Autour de l'Adriatique , six pays rassemblent 72 millions d'hab .

Ceux-ci sont répartis de façon inégale entre la rive nord et occidentale appartenant à l'Italie, qui compte 57,5 millions d'hab .

- mais dont seuls 5 millions sont tournés vers l 'Adriatique -, et la rive orientale, où les pays de l 'ex-Yougoslavie -Slovénie , Croatie, Bosnie-Herzégovine , Monténégro- et l'Albanie totalisent 14, 2 millions d 'hab.

le Monténégro est l'État le moins peuplé de la côte orientale, avec 650 000 hab.

et la Croatie le plus peuplé avec près de 4,8 millions d'hab .

• S'il est difficile d'évaluer la proportion de la population vivant dans les zones littorales, du moins peut-on affirmer que la côte adriatique est une des zones les plus densément peuplées d 'Italie, avec une concentration de 200 hab./ km', du golfe de Venise au Gargano .

Ce phénomène se manifeste , sur le littoral balkanique, où l'on retrouve de telles densités, notamment en Croatie (Istrie et région de Dubrovn i k ) et en Slovénie, dont le littoral , long de 37 km, est l'une des régions les plus peuplées de ce pays de 2 millions d 'hab.

les rythmes de croissance démographique des États de l'Adriatique s'alignent sur ceux des pays du nord-ouest de la Méditerranée , avec une tendance au vieillissement de la population et un taux de natalité inférieur à 10 %o.

En Italie, où les clivages s'estompent entre le nord et le sud, la croissance annuelle est de -0,1 % et l'Indice de fécondité de 1 ,23 enfant par femme.

• On retrouve les mêmes taux négatifs de croissance démographique sur la rive balkanique , où l'indice de fécondité est à peine plus élevé, et même inférieur comme en Slovénie , où il n 'est que de 1,14 enfant par femme.

Font exception l'Albanie , qui affiche un indice de fécondité de 2,28 enfants par femme , mais où la croissance annuelle n 'est que de 0,7 %, en raison d'une forte mortalité infantile (25 %o) et d'une émigration continue , et la Bosnie-Herzégovine , avec un indice de fécondité de 1,30 enfant par femme, mais une croissance de 1,1 % .

L'UIIANISATION • le littoral adriatique, malgré le taux d'urbanisation des États riverains (de 43,8 % pour l'Albanie à 59% pour la Croatie et 65 % pour l'Italie) , ne compte aucune ville millionnaire .

• les villes du littoral italien , comme Venise, Trieste ou S.r#, atteignent à peine 400 000 hab., alors que sur la côte orientale , le port croate de Rijeka , anciennement Fiume , compte 200 000 hab.

LES POm n LE TIAfiC MAimME • De l'époque faste du trafic maritime dont Venise fut une ville phare, avec une flotte qui contrôlait le comme rce méditerranéen jusqu 'au XVII' siècle , Trieste s 'imposant au X IX' siècle en assurant un débouché maritime à l'Empire austro-hongrois , l'Adriatique n'a gardé que de maigres vestiges .

• les ports n'assurent plus qu'une desserte locale, sauf ceux devant leur expansion à la pêche, à l'industrie ou au tourisme .

le transit des hydrocarbures intervient pour une grande part dans le trafic maritime , à partir des ports pétroliers et centres de raffinage que sont Trieste et Ancône en Italie , Rijeka en Croat i e et Vltire en Albanie .

le port de Brindisi , dans les Pouilles italiennes, assure le transit des marchandises et des passagers vers la Grèce , par le canal d'Otrante , emprunté par ailleurs par les navires de croisière , dont l'un des principaux ports d 'attache est Venise-Mestre , l'Italie étant le premier prestataire de ce type de services en Médite rranée .

• Dans le sens est-ouest l'Adriatique génère un tout autre trafic, celui de drogues , de cigarettes et autres produits illicites, mais aussi le trafic d'êtres humains , organisé par des passeurs basés en Albanie et au Monténégro.

Dans le sillage des dizaines de milliers d'Albanais qui, poussés par la misère, s'étaient embarqués pour l'Italie après la chute de la dictature communiste, des milliers d'immigrants originaires des Balkans et d'Asie tentent chaque année une périlleuse tl'flversh de l'Adriatique.

• Comme le reste du bassin méditerranéen, premier espace touristique mondial.

l'Adriatique draine une importante activité touristique qui a connu son essor au début des années 1970 , en suivant des modèles de développement très différents de part et d 'autre de la mer .

• la côte italienne, bordée de longues plages de sable , de Trieste à Ancône, en passant par Rimini , a encouragé un tourisme balnéaire qui attire une vingtaine de millions de visiteurs par an.

le développement rapide de l'industrie touristique a souvent dénaturé le front de mer envahi par une concentration de villes balnéaires , surtout dans l'Émilie-Romagne .

Si le tourisme balnéaire italien est surtout estival, Venise et Ravenne attirent des millions de visiteurs tout au long de l'année .

• le littoral balkanique s 'est ouvert tôt aussi au tourisme de masse , mais l'escarpement des côtes et le dirigisme du régime communiste de Tito lui ont épargné ce modèle de développement la cOte dalmate a attiré pourtant plus de 5 millions de visiteurs par an des années 1970 jusqu'aux années 1990, quand la guerre en ex-Yougoslavie a interrompu l'activité touristique.

• le retour à la stabilité a permis une renaissance du tourisme , dont a surtout profité la Croatie qui, avec ses côtes ourlées de villes au riche patrimoine , comme Dubrovnik, mais aussi ses tarifs attractifs , est devenue une destination très courue , au r isque de voir son littoral subir le même sort que les autres régions touristiques de Méditerranée .

Terres vierges sur le plan du tourisme, la côte montagneuse du Monténégro et les pl•ges tl' AIIHI•Ie.

dont certaines encore jalonnées des bunkers installés par le régime d'Enver Hoxha , présentent un fort potentiel .

LA Gi!oltounQuE • Dans l'histoire de la Méditerranée, l'Adriatique a joué un rôle qui va bien au-delà de celui , limité , que lui assigne la géographie .

Elle a été à la fois frontière et passerelle entre l'Occident latin et l'Orient balkanique gréco-slave , mais aussi le nord alpin et le sud méd iterranéen .

Dans l'Antiquité , elle a marqué la limite entre mondes romain et grec, s'est retrouvée au cœur de l'Empire romain sous Auguste , avant de séparer empires d 'Occident et d'Orient catholicisme romain et orthodoxie .

• Construite dans un milieu lagunaire instable, Venise s'est efforcée depuis le XVI' siècle de protéger son somptueux dêcor urbain, par un système d'endiguement et d 'ouvrages hydrauliques plus ou moins efficaces face à l' «acqua alta • -la « marée haute ».

• Venise recrée le lien, en installant ses comptoirs sur le littoral balkanique et au-delà , même lorsque l'Empire ottoman domine les Balkans , dressant dans l 'Adriatique une frontière étanche entre la chrétienté d'Orient soumise à l'islam et l'Occident.

• Après la Première Guerre mondiale et l 'accession des États balkaniques à l'indépendance, la vocation de mer de contact de l'Adriatique se trouve contrariée par les ambitions impériales de Mussolini, qui veut en faire une mer italienne .

• l'Adriatique redevient frontière avec la guerre froide, même si la Yougoslavie de Trto s'éloigne de l'URSS à partir de 1948, suivie par l'Albanie maoïste et autarcique de Hoxha.

l'éclatement du bloc soviétique et la fin de la guerre froide, à partir de 1989, n 'en ont pas moins des incidences sur l'Albanie, où la dictature communiste s 'effondre en 1991, et la Yougoslavie , où les efforts des Serbes pour conserver un rôle dominant au sein d 'une fédération rongée par les nationalismes centrifuges enclenche un processus de dissolution marqué par un ciiiiiiH -.ntr/er, ressuscitant les antagonismes entre orthodoxes, catholiques et musulmans .

• Serbes, Bosniaques et Croates concluent la paix de Dayton en 1995, mais la désagrégation de la Yougoslavie se poursuit le futur statut du Kosovo, province serbe majoritairement peuplée d'Albanais, qui est placée sous l 'administration des Nations unies depuis 1999 , est en discussion ; le Monténégro choisit par référendum , en mai 2006, de se séparer de la Serbie -dernier avatar de l 'ex-Yougoslavie-, privant celle-ci de sa façade marit ime.

• Alors que les États de l'ex-Yougoslavie , derrière la Slovénie, membre de I'UE dès mai 2004, se pressent aux portes de l'Europe, l'Adriatique semble avoir renoué avec sa vocation de pont Mais elle trace toujours une frontière , cette fois entre pays riches de l'espace Schengen et habitants des pays pauvres attirés par l'espoir d 'un avenir meilleur au-delà de l'Adriatique .

• Ce phénomène de marées hautes, conjugué à la pollution du golfe de Venise, risquait de porter un coup fatal à la Cité des Doges, dêcidant les autorités locales à adopter en 2001 un projet de digues mobiles .

• Coûtant plus de 2,5 milliards d'euros, ce chantier pharaonique baptisé Mose (Moïse) inauguré en mai 2003 installe au fond des trois passes de la lagune un système de digues remplies d'eau qui sont levées en y injectant de l 'air comprimé lorsque le niveau des marées dépasse un mètre, isolant ainsi la lagune de Venise et la préservant de régulières inondations dévastatrices.. »