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La politique étrangère de De Gaulle ?

Publié le 27/02/2008

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Raymond Aron (1905-1983) examine «le grand dessein du Général»: Une fois terminée la guerre d'Algérie, affaire tragique mais au fond provinciale (la décolonisation ou, du moins, la décomposition des empires européens arrive à son terme), le Général s'engage dans ce que les Allemands appelaient jadis Die groBe Politikt (1). C'est avec les Grands de ce monde que la France doit se mesurer ; non avec le GPRA(2) ou avec la Tunisie de Bourguiba. L'alliance étroite avec l'Allemagne d'Adenauer, la fabrication d'armes nucléaires (à laquelle la RFA participera peut-être financièrement), créeront le fondement d'une Europe autonome, et non plus réduite à la condition inférieure d'un fragment du bloc occidental. Au service de son grand dessein, le Général remporte des succès, il s'oppose à l'entrée de la Grande-Bretagne dans le Marché commun sans que celui-ci éclate en morceaux ; il met en place une force stratégique nucléaire qui permettra, dans l'avenir, une dissuasion « tous azimuts » et, du même coup, une totale indépendance par rapport aux blocs. De 1963 à 1967, le grand dessein change de moyens. Pour échapper à l'étau atlantique, à la «domination» des États-unis, il se tourne vers l'Union soviétique. Certes, lors des crises de Berlin, de Cuba, il manifeste sa solidarité avec les Occidentaux, mais il change de langage à partir de 1963. Peut-être faudrait-il dire : il reprend un langage qu'il conservait en réserve : «l'Europe de l'Atlantique à l'Oural», «la détente qui suivront l'entente et la coopération ». La normalisation des rapports avec l'Union soviétique et les pays soviétisés de l'Est européen se justifie, aux yeux de la plupart des Français, sans aucune référence au « grand dessein » gaulliste " Avec l'Allemagne et les autres pays continentaux de la Communauté, la France accède potentiellement au statut d'un Grand. Grâce à un dialogue permanent avec Moscou, sans sortir de l'Alliance atlantique, elle s'élève à un rang mondial.
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« triomphal en Allemagne.

Les deux hommes sont persuadés que le « couple franco- allemand » garantit la paix définitive en Europe. 2.

Le traité d'am itié et de coopération du 22 janvier 1963 signe la réconciliation franco-allemande.

Il prévoit des rencontres régulières entre les responsables politiques (chefs d'État, ministres de la Défense, de la Culture et de la Jeunesse). 1113.

Une déception succède à ce traité hautement symbolique.

Le remplacement d'Adenauer par un nouveau chancelier plus « européen » (jusqu'en 1966) et surtout l'intransigeance française vis-à-vis de l'Angleterre au même moment, intransigeance que les Allemands ne comprennent pas, assombrissent les rapports franco-allemands. Pourtant la mise en place dès 1964 de l'office franco-allemand pour la jeunesse constitue une des réalisations les plus concrètes de l'amitié proclamée. B - L'OPPOSITION À «L'ENTRÉE DE LA GRANDE BRETAGNE DANS LE MARCHÉ COMMUN» 1.

À deux reprises en 1961 et en 1967, le gouvernement britannique demande à adhérer à la C.E.E., après l'échec de l'A.E.L.E.

qui devait concurrencer le Marché Commun.

Par deux fois (1963-1967) le général de Gaulle oppose son véto à la demande britannique car il voit dans le Royaume-Uni le « cheval de Troie » des Etats-Unis, ce qui indigne les Anglais qui s'estiment ainsi juger comme non indépendants ! Il exige de plus l'abandon des liens privilégiés avec le Commonwealth et l'acceptation de la politique agricole commune (PAC).

Les plus européens des partenaires (RFA- Bénélux) n'apprécient pas ses refus mais la Communauté n'« éclate (pas) en morceaux », les intérêts de chacun dans la réussite du Marché Commun l'emportant sur la mauvaise humeur. 2.

En 1968, de Gaulle cherche à mettre fin à la brouille franco-britannique mais cette tentative avorte du fait plus du gouvernement anglais que du gouvernement français d'ailleurs. C - L'« EUROPE DES PATRIES» 1.

Le refus de l'Europe supranationale, et donc de tout organisme détenant une parcelle d'autorité « au-dessus » des États ne date pas, pour le Général de Gaulle, de son retour au pouvoir ; ses partisans contribuèrent largement à l'échec de la CED en 1954 par exemple.

Pour le Général, l'Europe pourrait à la limite s'envisager comme une Confédération d'États mais il n'est pas question de construire les « États-Unis » d'Europe. 2.

La politique de la «chaise vide» en 1965 concrétise une nouvelle fois ce refus.

Il s'agit alors de s'opposer à l'extension des droits du FEOGA (fonds qui gère la PAC) et à l'application de la règle majoritaire dans les décisions de la Communauté. 3.

Le Compromis de Luxembourg en 1966 décide de l'emploi possible d'un veto lors des prises de décision, imposant donc la règle de l'unanimité. La crise résolue, la CEE entreprend l'approfondissement de l'union douanière (réalisée complètement le 1" juillet 1968) et prévoit un programme de développement économique commun mais il ne sera plus question d'évolution politique même après la fusion des trois exécutifs (CECA -CEE - Euratom) effectivement réalisée le 1" juillet 1967. Pour construire une « Europe européenne » sur des bases solides, celle de «l'Europe des Patries », il est indispensable de se libérer de la tutelle américaine et d'acquérir les moyens de cette indépendance politique etstratégique pour ne plus être « réduite à la condition inférieure d'un fragment du bloc occidental ». III - LE REJET DE LA «DOMINATION» DES ÉTATS-UNIS A - UNE INDÉPENDANCE MILITAIRE ET STRATÉGIQUE 1.

La construction d'une «force stratégique nucléaire qui permettra dans l'avenir... une totale indépendance par rapport aux Blocs ».

Il faut donc créer un arsenal nucléaire complet, privilège des Grands, rendant crédible la défense française.

En février 1960, la première bombe A éclate à Reggane dans le Sahara algérien résultat de la politique atomique de la IV' République.

En 1962, le gouvernement décide la construction de l'usine d'enrichissement d'uranium à Pierrelatte nécessaire à la fabrication industrielle de bombes A. En octobre 1964, le premier escardon de bombardiers capables de larguer des bombes nucléaires est formé.

Même si le retard vis-à-vis des Deux Super Grands et même de la Grande Bretagne est important, la réalisation est capitale. En août 1968, l'explosion de la première bombe H en Polynésie fait de la France la 5e puissance thermonucléaire du monde (États-unis 1952 —URSS 1953 - Grande Bretagne 1957 —Chine Populaire 1967).

Les missiles sol-sol puis le premier sous marin nucléaire (le Redoutable) complètent la panoplie atomique. 2.

Une « dissuasion tous azimuts » caractérise la stratégie de l'indépendance française rendue possible par la « force de frappe capable de se déployer à tout moment et n'importe où » (de Gaulle 1959) et contre n'importe quelle puissance qui menacerait l'intégrité nationale et la survie de la Nation.

La France doit pouvoir décider seule de sa destinée et n'attendre son salut que d'elle-même.

Elle refuse d'ailleurs de se laisser lier les mains par un quelconque traité international limitant les envois nucléaires (1963) ou la prolifération des armes atomiques (1968). 3.

Le retrait de la France de l'OTAN, progressif de 1959 à 1966, s'inscrit dans cette perspective : ne pas se laisser entraîner dans un conflit que la France n'aurait pas choisi et ne pas dépendre pour sa propre défense de responsables étrangers.

En 1959, les forces navales de Méditerranée sont retirées de l'OTAN, en 1963 celles de l'Atlantique et de la Manche.

Le 7 mars 1966, le Général décide le retrait de la France de l'organisation militaire tout en restant membre de l'Alliance (3e paragraphe).

Pour lui, cette organisation n'est plus indispensable du fait de la Détente, de l'évolution des armements et la présence de troupes étrangères sur notre sol (26000 hommes) est insupportable ; toutes les bases de l'OTAN doivent être évacuées pour le 1" avril 1967, les forces françaises en Allemagne ne dépendant plus que de la France.

Par cette décision, « la France prend ses distances par rapport à la RFA » et à ses partenaires de la CEE, attachés au « parapluie » américain et embarrassés par la position française qui met le comble à la fureur des Américains ; la politique internationale poursuivie par le Général dans les années soixante n'est pas faite pour les rasséréner. B - «UNE TOTALE INDÉPENDANCE PAR RAPPORT AUX BLOCS » De Gaulle mène une politique internationale de Détente et de refus des Blocs, fidèle en cela à sa position depuis 1945 ; la France non invitée à Yalta ne reconnait pas le partage des sphères d'influence qui en découle et de Gaulle ne veut voir en Europe qu'une réalité géographique et historique « de l'Atlantique à l'Oural ».. »

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