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La Prusse : Le creuset de l'État allemand

Publié le 08/11/2018

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prusse

LE PLUS PUISSANT ETAT D'ALLEMAGNE DU NORD

 

Aux origines de la Prusse, on trouve deux territoires - relativement pauvres - de l'est de l'Allemagne : le Brandebourg et la Prusse

proprement dite. Ce que l'on appelle la Prusse a existé jusqu'à l'accession de Hitler au pouvoir.

LES ORIGINES

Le Brandebourg

Issu d'une Marche créée par les Carolingiens au IXe siècle, ce territoire est confié en 1134 par l'empereur Lothaire II à Albert l'Ours, un seigneur qui inaugure la dynastie des Ascaniens. Ce dernier s'empare quelques années plus tard d'une citadelle nommée Branibor, dont les Allemands transformeront le nom en Brandebourg.

Sous les régnes des successeurs d'Albert l'Ours, la région voit notamment naître Berlin (officiellement fondée en 1307) dans un contexte de progression de la germanisation et d'extension territoriale. Au xiie siècle, les margraves de Brandebourg sont au nombre des princes électeurs de l’Empire.

Après la mort du dernier Ascanien, en 1319, le territoire passe entre les mains de plusieurs maisons princières avant d'être acheté par Frédéric VI de Hohenzollern, burgrave de Nuremberg, en 1415. La possession du Brandebourg va faire de cette famille de petits nobles du Sud les chefs de ce qui deviendra le plus puissant État d'Allemagne du Nord. Toutefois, à l'époque, le Brandebourg n'est encore qu'une terre déshéritée, vaste étendue de sables, de forêts et de larges vallées souvent inondées. Mais les successeurs de Frédéric prennent soin, dans une Allemagne qui se morcelle, d'éviter la dispersion de leur nouvelle possession en excluant de l'héritage les cadets.

Une des premières grandes figures des Hohenzollern est Jean-Sigismond, qui règne de 1608 à 1619. Règne notamment marqué par son adhésion au calvinisme et par la réunion avec la Prusse.

La Prusse

Territoire situé entre la Vistule et le Niémen, la Prusse est occupée depuis le iv'-v' siècle par une population balte païenne, rétive à l'évangélisation. Celle-ci est effectuée par les rois polonais, chrétiens depuis la fin du Xe siècle. Mais une vive réaction païenne se produit au début du xui' siècle, entraînant, à l'appel des Polonais, l'intervention des chevaliers Teutoniques (1225).

Ordre militaire fondé en Terre Sainte au xn' siècle et replié en Allemagne, les chevaliers Teutoniques entrent en campagne contre la promesse de conserver les terres conquises. La guerre dure de 1230 à 1283 (entrecoupée de courtes trêves). Une grande partie de la population prussienne est décimée, et les derniers résistants se réfugient en Lituanie. Pour repeupler le territoire, on fait appel à des colons polonais et surtout allemands.

Mais les rapports se tendent bientôt entre les chevaliers Teutoniques et les Polonais. Ces derniers (aidés des Lituaniens) remportent une victoire décisive en 1410 et récupèrent, en 1466, la suzeraineté sur la Prusse. En 1525, le grand maître des chevaliers Teutoniques,

Albert de Brandebourg (un Hohenzollern), décide d'adhérer à la Réforme ; il dissout l'ordre et fait de son territoire un duché (toujours sous suzeraineté polonaise).

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Brandebourg et de la Prusse polonaise Auerstedt d'Allemagne

prusse

« dominant, la puissance prussienne est déjà considérable , et la Prusse est le royaume le plus étendu de l'Allemagne divisée : entre 1740 et 1786, il est passé de 120000 à 200000 km'.

LA PRUSSE DANS LA TOURMENTE Le règne des deux successeurs de Frédéric le Grand s 'inscrit dans une période troublée , celle des guerres de la Révolution française puis de Napoléon 1~.

Frédéric-Guillaume Il {1786-1797), neveu de Frédéric Il, laisse ses ministres gouverner le pays.

Sous son règne, si la Prusse s'engage dans la lutte contre la France révolutionnaire , elle le fait toutefois dans une moindre mesure que l'Autriche: d'une part , les élites prussiennes sont beaucoup moins hostiles que les classes dirigeantes autrichiennes (aristocratie et clergé) à l'idéologie révolutionnaire ; d 'autre part , les intérêts du gouvernement prussien sont surtout orientés vers l'Europe orientale et le 3' partage de la Pologne (avec l'Autriche et la Russie en 1795 ).

Frédéric-Guillaume Ill {1797-1840 ) trouve à son avènement un royaume considérablement agrandi {près du double) sous le règne précédent et question du Hanovre , convoité par Frédéric­ Guillaume Ill mais occupé par les troupes françaises , envenime les relations entre les deux pays .

La Prusse finit par entrer en guerre et somme Napoléon , le 1 " octobre 1806 , d 'évacuer l'Allemagne à l'est du Rhin.

La riposte ne se fait guère attendre , sous la forme d'une double bataille , le 14 octobre , à Iéna et Auerstedt , où l'armée prussienne est totalement vaincue .

La capitale , Berlin, est occupée ; le pays est presque entièrement envahi , à l'exception de la Prusse orientale, où le souverain se réfugie.

La paix signée à Tilsit {9 juillet 1807) enlève à la Prusse la moitié de son territoire .

Soumis à une lourde contribution , occupé militairement , l'État prussien semble pour longtemps hors du jeu européen.

LE RENOUVEAU Toutefois, c'est au moment même où la Prusse subit le plus lourdement le joug français que prend corps chez les élites le rêve d'un grand dessein national.

Un fort mouvement abolition du servage; création , en 1810, de l'université de Berlin (foyer du nationalisme allemand ) ; réorganisation de l'armée (limitée par Napoléon à 42000 hommes ) ...

La désastreuse campagne française en Russie sonne le réveil des force s germaniques .

La Prusse prend alor s la tête des États allemands dans la guerre de libération contre l'Empire napoléonien , qui aboutit aux victoire s de 1813 (dont celle de Leipzig en octobre).

L'armée prussienne entre à Paris aux côtés des Russes et des Autrichiens le 31 mars 1814 .

Si la Prusse semble incarner un temp s le rêve des nationalistes allemands , cet espoir est annihilé par les artisan s du congrès de Vienne {1814-1815), qui restaurent la plupart des prince s dans leurs prérogatives , conservant toutefois la structure politique simplifiée mise en place par Napoléon , soit une confédération de trente-huit États dotés chacun d'une grande autonomie.

Cette Confédération germanique est placée sous l'autorité des Habsbourg , mais il s'agit d'une présidence honorifique : les souverains de Vienne ne portent plus désormais que le titre d'empereur d'Autriche.

La Prusse de 1815 diffère sensiblement de celle de 1795.

Elle perd , au profit de la Russie , une partie de ses provinces polonaises , et ce qu'elle acquiert dans la région du Rhin (Düsseldorf , Cologne , Aix-la-Chapelle , Trèves, Coblence) modifie l'équilibre du royaume , qui voit son centre de gravité se déplacer vers l'ouest.

Par ailleurs , la diminution de la superficie (de quelque 20 000 km') est largement compensée par l'accroissement de la population (qui passe de 8.7 à 11 millions ) et surtout par la valeur économique des nouveaux territoires.

Si Frédéric-Guillaume Ill a déçu les patriotes allemands (qui aspiraient à un régime libéral) en refusant la perspective de l'unité et en restant attaché aux valeurs conservatrices , les dernières années de son règne sont loin d 'être négatives pour l'avenir du pays.

D'une part , une armée forte de 150000 hommes en temps de paix est restaurée ; d 'autre part , une unité douanière (Zollverein) se réalise par étapes à partir de 1816.

Elle englobe successivement les différentes provinces prussiennes, les États minuscules enclavés dans le territoire prussien , la majeure partie des États allemands du Centre , de l'Ouest et du Sud.

À partir de 1834 , c'est donc un véritable marché commun de quelque 25 millions de personnes qui commence à fonctionner sous l'égide de la Prusse (qui compte alors 14 millions d'habitants).

Une active politique de construction de chemins de fer consolide cet état de fait.

PREMIERS ESPOIRS DtÇUS Cette "Petite Allemagne » économique formée autour de la Prusse suscite à nouveaux les espoirs des partisans de l'unité .

Par ailleurs, en 1840 , l'arrivée au pouvoir du nouveau roi, Frédéric-Guillaume IV, cristallise les espoirs de la bourgeoisie libérale face à l'Autr iche de Metternich, figée dans son conservatisme.

Développement des idées libérales inspirées de la Révolution française , progrès de l'idéologie nationaliste , effets de la dépression économique : tout cela précipite la révolution de 1848 , qui contraint presque tous les Etats allemand s à faire des concessions.

En Prusse , après des émeutes à Berlin en mars , le roi nomme un ministre libéral et finit même par octroyer une Constitution en décembre 1848 .

Toutefois , dans l 'atmosphère de réaction qui règne ensuite dans toute l'Allemagne , un nouveau texte rétablit la prédominance de l'autorité royale sur le Parlement.

Au niveau national, une Assemblée , le Parlement de Frandort , est élue au suffrage universel par tous les Allemands (y compris ceux d'Autriche et de Bohême ).

Chargée de donner une Constitution au pays , elle pose le principe d'une «Grande Allemagne >>, rejetant les territoires non allemands de l'empire d 'Autriche .

Cependant, cette Assemblée se heurte aux divisions au sein du mouvement révolutionnaire , à la résistance des États , et notamment à l'opposition obstinée de la Prusse conservatrice : le roi Frédéric-Guillaume IV refuse (avril 1849 ) d'être le monarque constitutionnel de l'Allemagne unifiée , car cette proposition émane d'une instance (celle de Frandort ) issue du suffrage universel.

Finalement , l'Autriche, après la disper sion du Parlement Guin 1849 ), oblige , l'année suivante , la Prusse à rentrer dans le rang et à revenir à la situation d'avant 1848.

La Confédération germanique est maintenue .

C'est ce que l'on appelle la «reculade d 'Olmütz » (29 novembre 1850) .

LA uCRANDE PRUSSE» (1850-1871) LA VICTOIRE CONTRE L'AUTRICHE L'humiliation d'Olmütz assombrit la fin du règne de Frédéric-Guillaume IV.

Le roi, qui souffre de troubles mentaux à partir de 1854, doit en 1858 céder le pouvoir à son frère Guillaume , qui devient roi en 1861.

L'année suivante , le souverain nomme le prince Otto von Bismarck {1815-1898) chancelier.

Celui-ci impose à l'assemblée prussienne, le Londtog , des crédits miliaires importants pour moderniser l'armée.

L'objectif est clair : profiter du potentiel industriel de la Prusse pour forger une puissance capable de vaincre l'empire d'Autriche, principal obstacle à l'unité allemande.

Dans un premier temps , Bismarck entraîne les Autrichiens dans la guerre des Duchés {1864 ) contre le Danemark.

Ce dernier , vaincu , doit céder deux duchés habités en grande partie par des Allemands : le Schleswig à la Prusse et le Holstein à l'Autriche .

Puis , afin de créer une situation de tension avec Vienne, Bismarck dénonce la mauvaise administration du Holstein.

Après s'être a ssuré de la neutralité de la France, il lance l'armée prussienne contre l'Autriche , qui est vaincue à Sadowa , le 3 juillet 1866 .

La guerre n'a duré que quelques jour s, et la victoire est totale.

La Prusse annexe le Hanovre , la Hesse-Cassel.

le Holstein et Frandort .

Elle dissout la Confédération germanique, remplacée par la Confédération de l'Allemagne du Nord , présidée par le roi de Prusse et gouvernée par Bismarck .

En outre , l'Autriche doit céder la Vénétie qui revient au nouveau royaume d'Italie .

LA GUERRE CONTRE LA fRANCE La Confédération de l 'Allemagne du Nord matérialise l'hégémonie prussienne mais uniquement dans l'Allemagne septentrionale protestante.

Les États catholiques du Sud sont encore hésitants.

Les souverain s de Bavière , du Wurtemberg et du pays de Bade sont méfiants à l'égard du militarisme prussien et regardent plutôt vers les Habsbourg, catholiques comme eux.

Mais, en même temps, leur intérêt économique est de rester dans le Zollverein , dominé par la Prusse.

Bismarck voit alors l'intérêt d 'une guerre contre la France , qui cimenterait dans le sang l'unité de tous les Allemands autour de la Prusse .

Il profite des maladresses de Napoléon Ill , qui réclame la rive gauche du Rhin ou le Luxembourg comme "compensations •• de la neutralité française en 1866.

Bismarck refuse d'accorder à la France ce qu'il appelle dédaigneusement des «pourboires >>.

La tension est à son comble en 1870 lorsque la France, non contente d'obtenir le renoncement de la famille des Hohenzollern au trône d'Espagne , exige de Guillaume 1~ l'assurance qu'il n 'autorisera pas, à l'avenir , une telle candidature.

Le roi de Prusse refuse de s 'y engager et, de la ville d'Ems où il se repose , il adresse à Bismarck une dépêche où il raconte comment il a rejeté la demande .

Le l3 juillet , le chancelier prussien fait publier cett e dépêche par la presse .

Le texte , jugé blessant, déchaîne une forte émo tion en France .

Napoléon Ill, le 19 juill et, déclare la guerre à la Prusse .

La Prusse réunit contre la France tous les États allemands , y compris ceux Guillaume l" LA PUISSANCE DOMINANTE DU REICH Le nouve a u Reich est une confédér ation où les États gardent certains attributs (la Bavière, par exemple , a droit à une armée ), mais où le vrai pouvoir émane de la Prusse dont la capitale , Berlin , devient celle du nouve l empire.

Guillaum e l" et ses successeurs Frédéric Il l {1888) et Guillaume Il {1888-1918 ) portent le titre 1890) est aussi Premier ministre prussien .

Par ailleu rs, les autres Etats pèsent peu face à la Prusse, tant en superficie {348 000 km ' sur 540 000 km' pour tout l'Empire) et en nombre d'habitants {37,3 millions sur 60.7 millions en 1905 ) qu'en économie (l'industrialisation de l'Allemagne favorise la Prusse , riche en bassins h ouillers et en grands centres sidérurgi ques).

VERS LA DISPARITION DE LA PRUSSE Après la défaite allemande en 1918, Guillaum e Il doit déposer et la couronn e impériale et celle de Prusse (qu'il avait espéré pouvoir conserver) .

La Prusse devient une république et un Land de l a république de Weimar.

Bien qu'amputée de plus de 50000 km' , elle reste le plus étendu des Liinder allemand s .

L'arrivée de Hitler au pouvoir met toutefois fin à son existence officielle {1933-19 34).

En février 1947, les Alliés décident de ne pas ressusciter l'État de Prusse .

Sa partie orientale est partagée entre la Pologn e et l'URSS.. »

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