LA TCHÉCOSLOVAQUIE

« sous la direction d'Alexander Dubček, un « socialisme à visage humain », tentative écrasée par l'empire soviétiquevia le pacte de Varsovie. La Tchécoslovaquie eut la chance d'hériter d'environ 70 % du potentiel industriel de la monarchie austro-hongroisedéfunte, concentré dans quelques régions des pays tchèques, et figurait, malgré la crise très dure des années 1930,parmi les pays les plus industrialisés du monde.

Elle a vu l'émergence et l'épanouissement de l'entreprise du MoraveTomáš Bata (1876-1932), le Henry Ford européen, et était aux premiers rangs mondiaux des exportateurs d'armes.Ce potentiel n'a été, lors de la guerre, que peu touché par les bombardements ou les combats. Fascisme et stalinisme. Mais l'évolution « normale » de la société, certes conflictuelle et parfois dramatique pour les couches les plusdémunies, n'a plus suivi son cours à partir de 1938.

D'abord, les régimes d'occupation et l'État slovaque pronazi deMgr Tiso ont pratiquement anéanti la minorité juive du pays par la pratique génocidaire de la « solution finale ».Ensuite, les nouveaux gouvernants de 1945, imprégnés par un fort nationalisme, ont procédé à l'expulsion de troismillions d'Allemands, résidant dans ces contrées depuis des siècles.

Enfin, après 1948, l'économie a été totalementsubordonnée aux besoins du camp soviétique.

Ce camp se préparant à une guerre imminente, la Tchécoslovaquieest devenue une grande « usine d'armement » et son économie a été profondément militarisée.

La Bohême étant l'undes territoires les plus riches au monde en gisements d'uranium, l'URSS, dans son escalade nucléaire, a procédé àune exploitation ultra-intensive de ses mines, à l'aide d'esclaves modernes, les prisonniers politiques. Le déchirement du tissu social s'est poursuivi avec la répression des couches moyennes et la liquidation desorganismes de la société civile.

En 1948, il y avait dans le pays 247 404 ateliers d'artisanat et petits commerces(dans 60 % d'entre eux travaillaient seulement le propriétaire et les membres de sa famille) ; en 1958, il n'en restaitplus que 6 553.

Entre 1949 et 1955, 248 645 exploitants agricoles ont cessé leur activité, la majorité des autresétant entrée dans les coopératives étatisées.

En 1948, le pays enregistra une nouvelle vague d'émigration, aprèscelles de 1938-1939 et de 1945, composée essentiellement de travailleurs qualifiés, suivie d'une autre vague après1968.

Entre 1948 et 1989, plus de 400 000 personnes sont ainsi parties vers l'Ouest. Pourtant, sous le régime communiste, le pays n'a pas connu de misère matérielle et la Slovaquie est devenue unpays industrialisé, où s'est développée une intelligentsia nationale nouvelle. Divorce sans référendum. Le monopole du pouvoir communiste s'est effondré fin 1989 du fait, surtout, de l'environnement extérieur.

Leschangements introduits en URSS par Mikhaïl Gorbatchev ont en effet paralysé la volonté des dirigeants, de plus enplus désorientés, et suscité la mobilisation de la « masse silencieuse ».

Ainsi, au terme de ce qu'on a appelé la «révolution de Velours » dirigée par Václav Havel, le passage vers une démocratie parlementaire s'est passépaisiblement, sans effusion de sang, et le pouvoir a été à la fois « conquis », mais surtout « transmis ». La restauration de l'économie capitaliste et l'instauration progressive de la démocratie n'ont pas empêché le divorceentre les deux entités nationales du pays.

L'État qui figurait sur la carte de l'Europe en tant que Républiquefédérative tchèque et slovaque ou Tchéco-Slovaquie a ainsi disparu sans que les dirigeants responsables de sadissolution respectent des règles démocratiques en consultant la population par un référendum, pourtant demandépar un million et demi de signataires.. »