La vie quotidienne au Caire sous Bonaparte

LE FASTE DES RÉCEPTIONS ORIENTALES

Les notables égyptiens reçoivent les Français avec magnificence et « selon l'usage du pays ». Groupés par dix ou douze autour de grands plateaux ronds garnis de pains et de salades, les hôtes européens voient non sans stupeur se succéder une trentaine de services de viandes, légumes, pâtisseries, crèmes, suivis de plats de riz sucré puis de sorbets exotiques, le tout à une vitesse qui ne laisse guère le loisir de converser avant le café ! L'accompagnement de musique égyptienne et les comédies arabes qui sont parfois données à l'issue du dîner ne remportent pas l'adhésion des Français, pour qui la nouveauté est trop grande.

En dehors de ces relations officielles, peu de véritables contacts vont se nouer entre les membres de l'expédition et les autochtones. Seuls les orientalistes, auxquels se joignent l'astronome Bauchamp et l'ancien consul Magallon, entretiennent des rapports suivis avec des lettrés égyptiens.

Pour les soldats, les fonctionnaires, les savants et les ouvriers de l'expédition de Bonaparte, l'installation en Égypte ne va pas de soi. Les merveilles exotiques de ce pays lointain passent mal l'épreuve du quotidien. Quant aux habitants du Caire, ils sont parfois déconcertés par les moeurs de ces étranges occupants, surtout quand ils se mêlent de libérer leurs femmes !

Loin de leur famille et plongés dans un univers étranger, les Français ont parfois du mal à s'habituer à la vie orientale. « J'ai quitté de vrais et bons amis pour me jeter dans une société qui a tous les éléments d'un couvent et qui ressemble à celle d'une petite ville de province », se plaint Geoffroy Saint-Hilaire.