LE 13 VENDEMIAIRE AN IV
Publié le 22/02/2012
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Le Il-Vendémiaire
Coup de barre à gauche
Les Conventionnels s'inquiètent: cons
cients de leur impopularité grandissante,
ils redoutent un coup de force royaliste.
Sur le point de se séparer pour laisser la
place au Directoire, l'Assemblée vient
de décréter que
les deux tiers des futurs
membres du Corps législatif seraient
obligatoirement choisis parmi les dépu
tés sortants, ruinant ainsi
les espoirs de
la droite.
Les opposants, qui comptent
dans leurs rangs les gardes nationaux
d'un grand nombre de sections modé
rées- 32 sur 48 -,se sont donc pré
parés à l'attaque.
Les rues de Paris sont
couvertes de placards menaçants et les
tambours battent
le rappel.
L'insurrec
tion va éclater.
Devant
le danger, la Convention a fait
sortir de prison d'anciens sans-culottes,
tape-dur ou lécheurs de guillotine, qui
vont renforcer les troupes
fidèles.
Mais
Barras, nouvellement nommé comman
dant en chef de la force armée de
Paris à la place de Menou, destitué pour sa mol
lesse, se sent de médiocres dons de stra
tège.
Qui donc l'aidera à sauver la léga
lité? L'idée lui vient d'appeler à son aide un jeune artilleur qu'il a vu à l'œuvre
deux ans plus tôt au siège de Toulon et qui semble teinté de jacobinisme: le 12 vendémiaire an IV (4 octobre 1795), le général Bonaparte reçoit la mission
d'écraser dans l'œuf la rébellion.
Sans perdre un instant, il envoie le chef
d'escadron Joachim Murat au canip des
Sablons, près
de Chaillot, avec ordre de
s'emparer des pièces d'artillerie, en
grand danger d'être saisies par l'adver
saire, et
de les amener aux Tuileries.
Le
5 octobre 1795
lendemain à l'aube, les canons sont
dressés en batterie autour du château.
Quelques heures plus tard, les insurgés
attaquent à la fois sur les deux rives de la Seine.
Le général Carteaux, posté au
bas du Louvre, a reçu l'ordre d'arrêter
une colonne,
tandis que Bonaparte, rue
Saint-Honoré, ve, mitrailler les royalistes
massés sur les marches de l'église Saint
Roch.
Aux Tuileries, les députés enten
dent les coups de feu et n'en mènent pas
large.
Pourtant, ils courent peu de ris
ques et Bonaparte n'a pas grand-peine à
balayer les assaillants.
Mal dirigés par
le général Danican, les rebelles se replient: il n'y a plus qu'à nettoyer les rues des
quartiers.
La Convention est sauvée!
Elle se mon
trera généreuse dans sa répression, car
elle redoute presque plus ses défenseurs
sans-culottes que
ses adversaires réac
tionnaires.
Paris manifeste peu d'émo tion et, le soir, les salles de théâtre sont
pleines.
Quant à Barras, il va, le 17 ven démiaire, présenter à l'Assemblée les
officiers qui l'ont aidé à triompher: «Bo naparte, annonce-t-il, a foudroyé l'hydre
royaliste.» Le futur directeur
ne soupçonne guère la
façon dont il se fera jouer, quelques
années plus tard, par le petit Corse dont il est en train de faire la fortune..
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