Le bal des Ardents aggrave l'état de santé de Charles VI
Publié le 05/09/2013
Extrait du document
Au lendemain du tragique évé-nement, la nouvelle se répand dans Paris. La foule se presse devant l'hôtel de Saint-Pol, où réside le roi. Chacun s'indigne. Comment a-t-on pu permettre au souverain, à l'esprit déjà si fragile, de se livrer à une telle mascarade ? Ne dit-on pas que c'est après avoir aperçu un « homme sauvage « que, dans la forêt du Mans, celui-ci a été victime de son premier accès de folie ? N'est-ce pas là une étrange coïncidence ?
Et puis, le roi est-il bien sauf ? Chacun pense aux troubles que pourrait entraîner sa dispari-tion. Alors on crie, on appelle, on demande à le voir. Charles VI se montre enfin. Très touché, il remercie ses sujets de l'at¬tention qu'ils lui portent.
Mais les apparences sont trom-peuses. Le souverain, qui a été fortement ébranlé par la mort terrible de ses amis, rechute. Bientôt, il ne reconnaît plus ni ses enfants ni son épouse. A la seule vue d'Isabeau de Baviè¬re, son état s'aggrave...
«
OÙ SE TROUVAIT LA SALLE DE BAL?
Sur le lieu où s'est déroulé le
bal des Ardents les
chroniqueurs ne s'accordent
pas.
Froissart le situe à
l'hôtel de Saint-Pol, à l'angle
de l'actuelle rue Saint-Paul
et du quai des Célestins.
Un
autre auteur le place au petit
séjour d'Orléans, aux
numéros 1 1 à 21 de la rue
Daubenton.
Quant à Juvénal
des Ursins, il prétend que
c'est à l'hôtel de la
Reine-Blanche, une bâtisse
qui existe toujours, aux
numéros 17 et 19 de la rue
des Gobelins.
Cette dernière
hypothèse est aujourd'hui le
plus couramment admise.
Après le tragique événement, l'hôtel de la Reine-Blanche
aurait été rasé.
li semble
que seule la salle de bal
théâtre du drame aurait
disparu, au tout début du
xv · siècle.
Quelques décennies plus tard,
l'édifice aurait été reconstruit
et restauré.
Des fêtes pour
remédier à la folie
C'est au cœur de l'été 1392
que Charles VI a sombré dans
la folie .
En août et septembre,
il a reçu les soins du célèbre
médecin maître Guillaume .
Se
pliant sans rechigner au traite
ment prescrit, il a peu à peu
recouvré ses esprits et fait de
réels progrès.
Libéré de ses obligations
puisque le roi va mieux ,
maître Guillaume a laissé des
instructions : son patient a
besoin de calme, « qu 'on se
garde de le courroucer et
mélancolier car encore il n'est
pas bien ferme dans tous ses
esprits ».
Il a préconisé d'évi
ter l'agitation de la Cour, a
prescrit chasse et recueille
ment .
Quelque temps , Char
les
VI a vécu à l' écart de la
capitale .
Mais , l'hiver venu , il a
regagné
Paris et s'est re
plongé dans le tourbillon des
fêtes et des cérémonies .
Le
28 janvier 1 3 9 3, afin
d 'égayer encore plus la soirée
organisée par la reine Isa
beau, le roi et l'un de ses
amis , Hugues de Guisay, ont
eu l'idée de se déguiser en
« hommes sauvages ».
Plein
d'enthousiasme, le roi a éga
lement fait appel à trois
autres de ses plus proches
compagnons, le comte de Joi
gny,
le bâtard de Foix et
Aymard de Poitiers .
Aussitôt,
la
joyeuse compagnie s 'est
affairée à réunir de l'étoupe,
de la poix, des fourrures -
toutes matières hautement
inflammables - et à confec
tionner les funestes cos
tumes.
Le roi rechute
Au lendemain du tragique évé
nement,
la nouvelle se répand
dans
Paris.
La foule se presse
devant l'hôtel de Saint-Pol, où
réside le roi.
Chacun s'indigne .
Comment a-t-on pu permettre
au souverain, à l'esprit déjà si
fragile, de se livrer à une telle
mascarade ? Ne dit-on pas que
c'est après avoir aper çu un
« homme sauvage >> que, dans
la forêt du Mans , celui-ci a été
victime de son premier accès
de folie ? N'est-ce pas là une
étrange coïncidence
?
Et puis, le roi est-il bien sauf ?
Chacun pense aux troubles que
pourrait entraîner sa dispari
tion.
Alors on crie, on appelle,
on demande à le voir .
Charles
VI se montre enfin .
Très touché,
il remercie ses sujets
de l'at
tention qu 'ils lui portent.
Mais les apparences sont trom
peuses .
Le souverain , qui a été
fortement ébranlé par la mort
terrible de ses amis, rechute .
Bientôt, il ne reconnaît plus ni
ses enfants ni son épouse .
A la
seule vue d'lsabeau
de Baviè
re, son état s'aggrave ...
Pour-
EDITIONS 'ATLAS
tant, il semble bien que seule
une
femme puisse lui venir en
aide.
N'est pas une
dame , sa
gentille tante , qui lui a évité
d'être la proie des flammes ?
Aussi le roi trouve-t-il le récon
fort auprès
de sa belle-sœur,
Valentine Visconti, épouse
malheureuse de son frère
Louis.
Les
deux âmes déchi
rées par des mariages sans
bonheur se rapprochent et,
pour un temps, le souverain
retrouve la sérénité .
Quelques jours après le drame,
Charles
VI publie une ordon
nance par laquelle il confie la
régence à son
« cher et très
aimé frère Louis
duc d'Orléans ,
comte de Valois et de Beau
mont,
tant pour le bien, sens et
vaillance de lui comme pour la
très singulière , parfaite, loyale
et vraie amour qu'il a toujours
eue à nous et à nos enfants ».
Ce dernier étant jugé trop
jeune pour assumer la charge
du gouvernement, les rênes du
royaume échoient à ses oncles
les ducs
Jean de Berry et Phi
lippe le Hardi .
Charles
VI n'a pas encore vingt
cinq ans et, comme le remarque
le connétable
de Clisson , il y a
trois rois en France .
...
»
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