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Le bouffon est il historiquement situable

Publié le 30/03/2022

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« Colle de Français n°2 : Dissertation : « Le bouffon n’est historiquement pas situable » Cependant, le bouffon est irresponsable, au sens où il n’a pas le pouvoir de décision.

On peut l’écouter, rire avec lui, rire de lui mais, in fine, ni sa naissance ni son poste ne l’autorise à engager quoi et qui que ce soit.

Cette irresponsabilité est sa force : il peut dire n’importe quoi (ou presque), il a la parole libre puisque elle n’engage à rien. Cette parole libre est aujourd’hui rare, malgré une très grande quantité de « rois ».

La plupart des articles dans la presse, des posts sur les réseaux sociaux, des interventions dans les médias, des études dans les revues, même les plus sérieuses, sont sujettes à caution, en tout cas à questionnement.

Le locuteur, l’auteur défend en général un intérêt, rien de plus normal, sauf lorsqu’il est dissimulé.

Il devrait au moins être exigé que les journalistes, les experts, les influenceurs indiquent clairement leurs liens avec telle ou telle partie prenante. Qui sont alors les bouffons d’aujourd’hui? Qui délivre une parole décomplexée et libre d’intérêts? Il y a bien sûr les intervenants sur les réseaux sociaux cependant, certains avancent masqués , et d’autres se servent de leur notoriété sur ces réseaux pour vendre des produits ou des services cette fois ci à visage découvert mais ils ne sont finalement qu’une vitrine pour les marques qui leur font dire ce qu’elles veulent.

Il pourrait sans doute y avoir les intellectuels ? mais ils sont plongés dans un écosystème qui les empêchent probablement d’aller au bout de leurs idées, les journaux ou revues ne leur laisse jamais vraiment carte blanche. Les acteurs qui se rapprochent le plus des bouffons d’antan sont les comiques, les journaux satiriques, les chansonniers.

Ils exercent leurs talents, non pas auprès d’un petit cénacle comme l’entourage du roi, mais auprès d’un vaste public, à travers la radio, la télévision, Internet, le spectacle vivant.

On les reconnaît rapidement (Coluche a souvent porté une salopette rayée blanche et bleue sur un T-shirt jaune).

Ils osent dire de manière drôle certains points de vue, parfois flirtant (voire pire) avec la diffamation.

Leur fonds de commerce devient assez rapidement de dire le plus choquant possible pour avoir l’exposition la plus grande.

Leur utilité est manifeste et leur liberté d’expression défend la nôtre. Si on s’intéresse maintenant au terme bouffon telle qu’il est aujourd’hui employé dans le langage familier, en particulier chez les jeunes on se rend compte qu’il a un sens complètement différent de celui de l’époque. Dans le milieu scolaire le bouffon est la version moderne du « lèche-bottes » d’autrefois, le « fayot » des anciens lycées, prêt à tout pour s’attirer les bonnes grâces de l’enseignant.

S’il on veut être encore plus précis le bouffon a un synonyme, « l’intello ».

À travers ce dernier, ce que la communauté scolaire rejette, c’est la connaissance, la discipline, la volonté de s’instruire et de se former.

Du coup, on s’indigne, on accuse l’évolution des temps, la modernité, qui excuse et encourage toutes les attitudes négatives, subversives, et en particulier le mépris ou le rejet de ce que nous avons de plus sacré, l’école, le savoir. Le bouffon n’est plus celui qui fait rire, distrait, et subvertit.

Tout au contraire, c’est de lui qu’on se moque.

On rit non pas avec lui, mais à ses dépens.

Mais, dans le renversement des situations, il joue finalement, et malgré lui, le même rôle que son ancêtre médiéval.

Dans les deux cas, sorties plaisantes du bouffon de cour ou rejet du « fayot », les fondements et la légitimité de l’autorité se voient ébranlés.

Le « bon élève » en souffre, ce qui est terriblement injuste.. »

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