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Le cachemire se « démocratise »

Publié le 30/08/2013

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A la fin du XVIlle siècle, l'Europe a découvert l'extraordinaire

beauté des châles du Cachemire. Pendant longtemps, ces soyeuses étoffes orientales restent un luxe accessible à de rares privilégiés. A partir de 1818, l'essor et la modernisation de l'industrie textile vont permettre aux élégantes de la bourgeoisie de sacrifier elles aussi à la mode du cachemire et de ses motifs stylisés si caractéristiques.

« souvent sous forme de châle, qu'on appelle alors « schall », tiré du mot persan désignant un fin lainage.

Pour faire face à une demande croissante et diminuer les coûts, les fabri­ cants français et anglais recou­ rent à des méthodes euro­ péennes« modernes».

Ils rem­ placent le traditionnel poil de chèvre par des trames de laine, de coton ou de soie, en même temps qu'ils déclinent à " l'infini les motifs originaux.

En .g 1804, l'industriel lyonnais Jo- ~ LA D'UNE FIBRE ANIMALE! Parti pour l'Orient en 1654 et devenu le médecin du Grand Moghol Aurangzeb, l'Angevin François Bernier a été le premier Européen à visiter le Cachemire, en 1664.

Dans son Voljage dans les États du Grand Moghol, publié en 1670, il s'extasie sur la douceur, la texture et l'harmonie des motifs des châles portés par la population locale pour se protéger des rigueurs de l'hiver.

Il précise que certaines étoffes sont obtenues à partir d'une laine très fine et que d'autres, les plus chères et les plus recherchées, sont tissées avec les poils d'une chèvre sauvage, nommée Capra hircus.

Plus tard, des voyageurs beaucoup moins observateurs que Bernier remarqueront que les Asiatiques confectionnent ces tissus soyeux avec un fin duvet « cueilli » sur des arbustes.

Ils en concluront que la matière première du cachemire est végétale ! Alors qu'il s'agit de la plus noble des fibres animales, constituée par les poils très fins du dos ou du ventre des chèvres, et recueillie sur les arbustes où les animaux se sont frottés pour éliminer leur duvet d'hiver.

seph Marie Jacquard met au point le « métier de Jacquard », la première machine utilisant des cartes perforées pour con­ trôler le motif du tissage.

Grâce à cette invention, la pro­ duction textile connaît un essor considérable : dès 1818, de nombreuses entreprises sont créées à Paris, à Lyon et à Nîmes, et en 1823, la France exporte ses châles en cachemi­ re jusqu'en Asie ! Désormais, les bourgeoises peuvent elles aussi se parer d'articles de ca­ chemire, certes plus petits et moins luxueux que ceux qui sont confectionnés à la main selon les méthodes tradition­ nelles, mais beaucoup plus abordables.

Tout en multi­ pliant les échanges avec les Indiens et les Orientaux, les spécialistes français proposent des créations inédites.

Accessoires et drapés Jusqu'alors unis, les châles se couvrent de motifs, s'ornent d'une infinité d'entrelacs d'ara­ besques, de palmes, de pal­ mettes et de fleurs, s'enrichis· sent de couleurs chaudes et contrastées.

A côté des somp­ tueuses étoles et des immen­ ses châles apparaissent de nou­ veaux modèles, plus petits, des foulards et des écharpes qui permettent aux élégantes d'accessoiriser et de personna­ liser leur tenue avec origina­ lité.

L'une s'enveloppe confor­ tablement dans la chaude étof­ fe, tandis que l'autre souligne hardiment ses épaules et son décolleté.

Les peintres, tels Élisabeth Vigée-Lebrun et Jean Auguste Dominique Ingres, contribuent à lancer la mode du cachemire, dont ils se plaisent déployer les drapés et à parer leurs mo­ dèles.

Les écrivains ne sont pas en reste.

Sous la monarchie de Juillet, Honoré de Balzac rend hommage au fin lainage dans les « Scènes de la vie parisien­ ne» de sa Comédie humaine.

Dans La Comédie des cachemires, il décrit avec flamme l'attrait sensuel éprouvé au spectacle des splendeurs exposées dans la vitrine de la boutique « Au .

Persan», située rue Richelieu à Paris.

Dans Maison d'un artiste, publié en 1880, Edmond de Goncourt, lui aussi, se sou­ vient, nostalgique : « Une cas­ sette en marqueterie fabri­ quée de ces beaux bois ondés et satinés des îles ( ...

).

C'est la cassette où mon élégante grand-mère enfermait ses plus beaux cachemires.

». »

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