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Le Cartel des Gauches : déclaration ministérielle.

Publié le 17/01/2022

Extrait du document


 
 (Extrait du Journal officiel : Débats parlementaires, Chambre des Députés, séance du 17 juin 1924, p. 2 305)
 
 Monsieur Edouard Herriot, Président du Conseil, ministre des Affaires étrangères :
 
 « Au-dedans comme au-dehors, le gouvernement n'aura qu'un but : donner à ce pays, dans le travail et par le progrès, la paix qu'il a si noblement méritée-La paix morale tout d'abord. Si nous sommes décidés à ne pas maintenir une ambassade près le Vatican et à appliquer la loi sur les congrégations... ce n'est en aucune façon dans une pensée de persécution ou d'intolérance... Nous prétendons seulement assurer la souveraineté républicaine ainsi que la distinction nécessaire entre le domaine des croyances et celui des affaires publiques...
 
 De même, notre ambition est de donner à la France la paix sociale. Pour marquer nos intentions par des actes, nous procéderons tout d'abord à une série de mesures bienveillantes : nous déposons aujourd'hui un projet de large amnistie qui n'exclut que les traîtres et les insoumis. Nous poursuivrons la réintégration des agents de chemin de fer révoqués...
 
 Il est temps de procéder à une large réforme administrative, d'accroître les libertés locales. Nous demanderons au Parlement d'entreprendre sans retard cette réforme. Elle ne saurait être menée à bien sans la collaboration des agents de l'État eux-mêmes. Ainsi se pose le problème des fonctionnaires civils. Le Gouvernement ne leur interdit pas l'organisation professionnelle. Il leur accorde le droit syndical... La guerre a posé deux problèmes qui n'ont reçu à ce jour que d'incomplètes solutions. Le gouvernement est persuadé qu'il interprétera fidèlement le vœu des chères populations enfin rendues à la France... Dans cette vue... Il préparera les mesures qui permettront, en respectant les traditions acquises, en ménageant les intérêts matériels et moraux de la population, d'introduire en Alsace et en Lorraine l'ensemble de la législation républicaine.
 
 Nous ne laisserons pas toucher aux avantages acquis par le monde du travail. Nous maintiendrons la loi de huit heures dont l'expérience a montré la souplesse et qui a déjà si profondément amélioré la condition matérielle et morale du salarié.
 
 Mais l'agent essentiel de la production, ouvrier ou paysan, a le droit d'être protégé contre le chômage et la maladie, la vieillesse et l'invalidité. Nous voulons réaliser les assurances sociales...
 
 Il n'est pas possible de concevoir l'affranchissement des travailleurs sans le développement de l'instruction. Nous pensons aussi que la démocratie ne sera pas complètement fondée tant que, dans notre pays, l'accession de l'enseignement secondaire sera déterminée par la fortune des parents et non, comme il convient, par le mérite des enfants. Un régime démocratique doit offrir l'exemple de l'ordre et de la bonne administration. Comment pourrions-nous, sans de sévères finances, réaliser notre programme ?... Nous défendrons l'équilibre ... Nous renforcerons le contrôle des dépenses engagées... Nous ferons de l'impôt sur le revenu, sincèrement appliqué, la base d'une fiscalité vraiment démocratique. Lors du prochain budget, nous chercherons dans un nouvel aménagement des impôts indirects, le moyen d'atténuer les charges créées par les impôts de consommation et spécialement par la taxe du chiffre d'affaires.
 
 Extrait de Textes historiques, collection Chaulanges, p. 48
 
 Questions
 
 1. Replacer la déclaration dans ses conditions historiques.
 
 2. Quels sont, d'après le texte, les principaux objectifs du gouvernement du Cartel des Gauches en matière de politique intérieure ?
 
 3. Ces objectifs ont-ils été réalisés ?
 
 4. Dans son discours, E. Herriot fait allusion à la politique extérieure de son gouvernement. Pouvez-vous évoquer les grandes lignes de cette politique ?

« réglementation, et les compagnies ferroviaires étaient des entreprises privées). plan détaillé Introduction • La victoire du Cartel.

L'alliance électorale des socialistes, des radicaux et des gauches modérées au sein du Carteldes Gauches assure leur victoire aux élections de mai 1924.

Après la démission de Millerand, accusé d'avoir favoriséla droite au cours de la campagne électorale, Doumergue est élu président de la République.

Edouard Herriot, leaderradical, représentant le parti le plus puissant du Cartel, est appelé à former le gouvernement.

Comme il est d'usage,le président du Conseil se présente devant la Chambre pour y exposer le programme de son gouvernement. • La situation est délicate.

Les dures réalités de l'après-guerre ont largement émoussé les exaltations de la victoire.L'union sacrée est oubliée : la paix intérieure a été troublée par une agitation sociale culminant en 1919-1920 et leréveil des affrontements entre catholiques et laïcs.

L'occupation de la Ruhr, condamnée par la plupart despuissances étrangères, provoque un nouveau durcissement des relations franco-allemandes.

Mais, surtout, lafragilité du franc inquiète les épargnants. I.

Un programme de paix et de progrès social 1.

La paix intérieure • La rupture des relations avec le Vatican s'intègre dans une politique de défense de la laïcité dont les partis degauche, autant par conviction que par intérêt électoral, ont fait un des points forts de leur programme.

Or, en 1921,le Bloc national avait rétabli avec la Papauté les relations diplomatiques rompues en 1904.

Pour Herriot, cettenouvelle rupture diplomatique avec le Vatican (qui n'existe pas, en tant qu'État, avant 1929) n'est que leprolongement international de la loi de séparation de l'Église et de l'Etat, fondement de la neutralité républicaine enmatière de religion. • La paix sociale.

Herriot se propose de réintégrer les 18 000 cheminots révoqués par les compagnies de chemin defer à la suite de l'échec de leur grève de 1920.

De même, l'octroi du droit syndical aux fonctionnaires apparaîtcomme une concession au mouvement syndical.

Il s'agit sans doute aussi d'un « cadeau » aux socialistes quisoutiennent le gouvernement mais qui ne veulent pas participer à un « gouvernement bourgeois ».

En outre, legouvernement peut d'autant plus se permettre ces gestes d'apaisement que la C.G.T., après son échec de 1920,affaiblie par la scission de ses éléments les plus extrémistes (C.G.T.U.) et par la chute de ses effectifs nereprésente plus un grand danger.

Au contraire, l'adhésion des fonctionnaires, traditionnellement modérés, ne peutque favoriser les tendances réformistes au sein du syndicalisme. • Introduire la légalité républicaine en Alsace.

Le retour de l'Alsace-Lorraine à la France implique, théoriquement,l'application à ces provinces de la loi française, y compris par conséquent les lois laïques (interdiction de la plupartdes congrégations, abolition du concordat de 1801 et séparation de l'Église et de l'État).

Mais Herriot est conscientde l'attachement des « chères populations enfin rendues à la France » au catholicisme et au clergé.

Il entend donc« ménager » les intérêts matériels et surtout « moraux » des Alsaciens-Lorrains.

Il annonce des mesures, mais leprojet reste d'un flou qui traduit son embarras.

2.

Le progrès social • La loi de 8 heures (48 h par semaine) avait été voté en mars 1919.

Mais la Chambre « bleu horizon », à maintesreprises, avait menacé de modifier cette loi.

C'est à cette remise en question que s'oppose Herriot. • Les assurances sociales.

Jusqu'alors, les assurances contre les principales calamités pouvant frapper lestravailleurs (maladie, invalidité, chômage) étaient le plus généralement souscrites individuellement auprès descompagnies privées ou des mutuelles et financées uniquement par le souscripteur.

Les assurances sociales, outre lagénéralisation de l'assurance, prévoient que l'État et les employeurs participeront, conjointement avec lestravailleurs, au financement des caisses. • L'instruction.

Les lois scolaires de J.

Ferry avaient créé la gratuité de l'enseignement primaire.

Par contre, lesecondaire restait payant et était, de ce fait, largement réservé aux enfants des familles aisées.

En préconisant lagratuité progressive de l'enseignement secondaire, Herriot et le Cartel restent fidèles à une politique constante de laGauche qui entend développer la démocratie et favoriser l'égalité sociale par la généralisation de l'instruction. 3.

La recherche d'un équilibre financier L'équilibre budgétaire est un des éléments essentiels de la stabilité du franc.

Herriot envisage de : • Limiter les dépenses.

Par un contrôle de celles-ci et par une politique extérieure plus souple qui devrait entraînerune réduction des dépenses militaires.. »

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