LE COSTUME DE LA BELLE EPOQUE

Le terme «Belle Epoque» a gardé une valeur quasi symbolique pour désigner les premières années du xx. siècle ; il évoque une mode cascadeuse dont la manche à gigot, les chapeaux haut perchés sur la tête et les jupons de taffetas froufroutants sont inséparables. En réalité, ce costume est celui des années 1895, au moment où la tournure a totalement disparu et où la silhouette a conquis une ligne plus simple. La taille est bien à sa place, les manches, élargissant les épaules, dégagent la tête, portée haut sur un col baleiné ; la jupe s'épanouit en corolle sur le sol. Les grands couturiers parisiens, dont le nombre s'est multiplié dans le quartier de la place Vendôme, proposent chacun leur version personnelle de la ligne en vogue ; chez Worth, on fabrique, pour les nombreuses cours européennes, de somptueuses toilettes d'inspiration Renaissance ; chez Jacques Doucet, fils d'un marchand de dentelles, se retrouve un goût raffiné assez voisin de celui du XVIIIe siècle ; mais, à côté de ces réminiscences historiques, on perçoit l'influence du modern style en vogue dans l'architecture et les arts décoratifs ; les bijoux, les broderies, le dessin des somptueuses étoffes brochées adoptent les mêmes fleurs alanguies et les mêmes gammes de couleurs que le décor intérieur.