Le Grand Dauphin et Marie-Emilie Joly de Choin
Publié le 30/08/2013
Extrait du document
« UNE VILAINE
ET PUANTE
CRÉATURE «
Madame Palatine, duchesse
d'Orléans et belle-soeur de
Louis XIV, ne ménage guère
l'épouse secrète de son neveu
le Grand Dauphin. Dans une
lettre datée du 26 avril 1719,
cette impitoyable observatrice
note : «fLe Dauphin avait
suivi l'exemple de son père,
et pris une vilaine et puante
créature, qui avait été fille
d'honneur auprès de la
grande princesse de Conti ;
elle s'appelait mademoiselle
Choin ; elle vit encore à Paris.
On a pensé qu'il l'avait
épousée clandestinement ;
je Jurerais que cela n'a pas eu
lieu. Elle avait l'air d'un carlin.
Elle était petite ; elle avait de
petites jambes, un visage
rond, un nez court et relevé,
une grande bouche remplie
de dents pourries qui avaient
une puanteur telle qu'on
pouvait la sentir à l'autre bout
de la chambre. Elle avait une
gorge horriblement grosse ;
cela charmait Monseigneur
qui tapait dessus comme sur
des timbales. Mais cette
créature courte et grosse
avait beaucoup d'esprit. Je
crois que le Dauphin s'était
habitué au tabac pour ne pas
sentir l'horrible odeur des
dents pourries de la Choin... «
«
« UNE VILAINE ET PUANTE
CRÉATURE » !
Madame Palatine, duchesse
d'Orléans et belle-sœur de
Louis XIV, ne ménage guère
l'épouse secrète de son neveu
le Grand Dauphin .
Dans une
lettre datée du 26 avril 1 719,
cette impitoyable observatrice
note : «Jte Dauphin avait suivi l'exemple de son père,
et pris une vilaine et puante
créature, qui avait été fille
d'honneur auprès de la
grande princesse de Conti ;
elle s'appelait mademoiselle
Choin ; elle vit encore à Paris.
On a pensé qu'il l'avait épousée clandestinement ;
je
jurerais que cela n'a pas eu
lieu.
Elle avait l'air d 'un carlin .
Elle était petite ; elle avait de
petites jambes, un visage
rond, un nez court et relevé,
une grande bouche remplie
de dents pourries qui avaient
une puanteur telle qu ' on
pouvait la sentir à l'autre bout de la chambre .
Elle avait une
gorge horriblement grosse ;
cela
charmait Monseigneur
qui tapait dessus comme sur
des timbales .
Mais cette
créature courte et grosse
avait beaucoup d'esprit.
Je crois que le Dauphin s 'était habitué au tabac pour ne pas
sentir l'horrible odeur des dents pourries de la Choin ...
»
lui fait la leçon et lui apprend
que Clermont l'a trahie avec sa
demoiselle d'honneur .
Furieu
se ,
Marie-Anne de Conti exige
des réparations, qu'elle
obtient :
le séducteur se voit retirer sa
charge et se retrouve exilé en
province, tandis que Marie
Émilie de Chain est chassée
de la Cour .
Accablé, le Grand Dauphin ne
fait aucun reproche à
sa bien
aimée et conjure sa demi-sœur
de tempérer sa colère.
Pour lui
complaire, la princesse accor
de une pension à mademoisel
le de Chain, met des voitures à
sa disposition pour qu'elle
puisse effectuer son déména-
gement et la fait conduire dans
son
propre carrosse à l' abbaye
de Port - Ro yal , où elle a été re
léguée .
Mais la bannie ne res te
pas longtemps dans sa pieuse
retraite : vivement épris , le
Grand Dauphin ne
peut vi
vre sans elle ! Aucun acte
officiel ne fait
mention du
mariage morganatique et
secret de Monseigneur et
de Marie-Émilie de Chain.
Il
semble pourtant avéré
que leur union ait bel et
bien été consacrée en
1694 ave c l' approbation
de Louis XIV -qui , marié
avec la marquise
de Main
tenon depuis octobre
16 8 3, est dans la même
situation conjugale que son
fils.
Père et fils
secrètement mariés
Le Grand Dauphin installe son
épouse secrète au château
de
Meudon, résidence privée que
lui a offerte le roi son père .
C'est là
qu 'il passe la majeure
partie de son temps , recevant
une compagnie choisie à
la
quelle Louis XIV ne dédaigne
pas de se joindre à l'occasion.
A Versailles, les mauvaises
langues se
déchaînent et, à
défaut de démenti, se persua
dent que leurs soupçons sont
fondés .
Le Grand
Dauphin n'en
a cure .
Marie-Émilie de Chain
est pour lui la compagne idéa
le.
Avec elle , il cultive son goût
pour les Beaux -Arts , s' emploie
à enrichir ses collections, se
rend au spectacle à
Paris, par
tage un même appétit pour la
bonne chère .
En 1709, Louis
XIV
invite mademoiselle de
Chain à revenir à la Cour : pré
férant vivre loin des intrigues
de Versailles, celle-ci décline
respectueusement l'offre.
Le
duc mémorialiste Louis de
Saint-Simon est convaincu de
la légitimité du lien unissant
l'héritier du trône à celle qu'il
dépeint comme « une grosse
fille écrasée , brune , laide , ca
marde , avec de l'esprit » et
dont il souligne la présence
lors
de la maladie du Grand
Dauphin :
madame de Mainte
non, explique+il , est « bien
loin de la faire sortir du châ
teau , comme on le fait toujours
en ces occasions , c'
est encore
une
preuve du mariage ».
« On
ne voit point qu 'en aucun
temps la présence de made
moiselle de Chain ait causé
aucun
embarras », conclut-il.
Après la mort , en avril 1 711, de
celui qu'elle a tendrement
aimé pendant quelque dix
sept ans, Marie-Émilie Joly de
Choin se retire à Paris.
Dotée
par Louis XIV d' une pension
de douze mille livres , elle se
consacrera à des œuvres
chari
tables et s'éteindra le 14 avril
1732 , vingt et un ans jour pour
jour après le Grand Dauphin .
5 !;:.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- LOUIS, duc de Bourgogne (1682-1712) Il est le fils du Grand Dauphin et de Marie-Anne de Bavière.
- LOUIS LE GRAND DAUPHIN, dit Monseigneur (1661-1711) Fils unique de Louis XIV et de Marie-Thérèse d'Espagne, il a pour précepteur Bossuet.
- LOUIS LE GRAND DAUPHIN, dit Monseigneur (1661-1711) Fils unique de Louis XIV et de Marie-Thérèse d'Espagne, il a pour précepteur Bossuet.
- LOUIS, duc de Bourgogne (1682-1712) Il est le fils du Grand Dauphin et de Marie-Anne de Bavière.
- Louis XVI 1754-1793 Roi de France en 1774, à la mort de Louis XV, il est le fils du dauphin Louis et de Marie-Josèphe de Saxe.