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LE MARCHAND BANQUIER

Publié le 29/01/2019

Extrait du document

Ni l’avancée turque en Méditerranée orientale, ni la liaison directe par la route du Cap avec l’Asie n’ont empêché les bateaux de Gênes et de Venise de continuer à se rendre à Alexandrie, à Beyrouth ou à Tripoli pour charger épices et produits d’Extrême-Orient qui seront vendus à travers l’Europe. Face à la concurrence, ces deux villes italiennes, avec Milan et Florence, se sont orientées cependant vers l’industrie et la banque. La mer du Nord et la Baltique sont le domaine de la Hanse, une puissante association de marchands allemands fondée au xnr siècle et regroupant une cinquantaine de villes autour de Hambourg et de Lübeck. Blé, bois, fourrures, goudron, hareng et minerais en provenance des pays nordiques et slaves continuent d’être échangés avec le sel, les épices et les produits manufacturés de l’Europe occidentale et de la Méditerranée. À la fin du siècle, les marchands de la Hanse commencent à être concurrencés par les Anglais et les Hollandais, qui s’imposeront par la suite.

Snark

Sur les routes terrestres reliant l’Europe du Nord à la Méditerranée, et passant par la vallée du Rhin, les cols du Saint-Gothard et du Brenner, continuent de prospérer des villes comme Bâle, Augsbourg, Cologne, Genève, Leipzig, Lyon et Nuremberg, réputées pour leurs foires, où s’échangent matières premières, épices et produits manufacturés. Plaque tournante du commerce européen au xve siècle, cette zone continentale est également riche en minerais et proche des centres métallurgiques situés dans un espace qui s’étend de la vallée de la Meuse à celle du Danube.

 

Déjà active à la fin du xv siècle en raison des échanges traditionnels entre l’Europe du Nord et celle du Midi, la façade atlantique connaît, elle, une expansion remarquable avec l’ouverture des

routes du Nouveau Monde et celle de la route maritime vers l’Asie. Situés au fond d’estuaires profonds, Cadix, Séville, Lisbonne, Londres, Le Havre, Rouen, Nantes, Brouage et surtout Anvers, à l’embouchure de l’Escaut, deviennent des centres très actifs au détriment des ports méditerranéens et voient leur population augmenter rapidement. Ayant remplacé Bruges ensablée, Anvers est devenue, avec 110000 habitants au xvr siècle, la plaque tournante des échanges, avant d’être ruinée par la guerre, en 1585, au profit d’Amsterdam.

 

Le temps des grands marchands

 

Si la masse de la population, en majorité rurale, connaît l’angoisse du pain quotidien, le mouvement d’expansion économique du xvie siècle a fait surgir une nouvelle catégorie sociale, celle des grands marchands enrichis par le commerce et entièrement tournés vers le profit et la puissance. Avec les bénéfices réalisés dans le négoce, ils se font armateurs et sont actionnaires de grandes compagnies de commerce, ou bien ils se font banquiers et prêtent aux industriels et aux commerçants les sommes nécessaires à leurs investissements.

 

Capables de faire circuler des sommes considérables d’un bout à l’autre de l’Europe grâce à leurs nombreuses succursales, ils prêtent égale-ment aux rois et deviennent ainsi indispensables aux États: c’est le cas des Médicis de Florence, bailleurs de fonds de la papauté et des rois de France, ou des Fugger d’Augsbourg, qui financent la politique impériale de Charles Quint. En échange de leurs services, les souverains protègent leurs activités financières et industrielles, encouragent le commerce et les missions de colonisation en Amérique et en Asie.

« Le marchand banquier dynamisme et récupère progressivement son niveau de peuplement de 1300: 60 millions d'habi­ tants, dont 16 millions pour le seul royaume de France au milieu du XVI' siècle.

Malgré l'absence de statistiques fiables, tout indique que la popula­ tion augmente fortement jusqu'en 1560-1580.

Les villages se repeuplent, les terres sont de nouveau cultivées et les défrichements ont repris.

La crois­ sance de la population rurale est particulièrement forte en Italie du Nord et du Centre, dans les Flandres, le Brabant, le centre du Bassin parisien - la croissance la plus spectaculaire étant sans doute celle de la Russie.

Les villes connaissent une hausse notable du nombre de leurs habitants, notamment dans les régions économiquement dynamiques (Flandres et Pays-Bas, Italie septen­ trionale); les ports tels Anvers, Séville et Londres, stimulés par les activités d'échanges, et les villes­ capitales comme Paris grandissent rapidement.

Cette croissance s'explique avant tout par le recul de la famine et des épidémies, mais aussi par une augmentation relative des naissances; augmentation due à la précocité de l'âge du mariage, qui allonge la période de fécondité et permet un nombre moyen de naissances par couple plus élevé.

La forte natalité (40 à 50%o) est cependant en partie annulée par l'impor- ......

Utilisé avant tout comme combustible dans les pays manquant de bois, le charbon commença à être extrait au xvf' siècle des mines du pays de Liège (Belgique) et des Midlands (Angleterre).

La production atteignait alors près de 200 000 tonnes par an et alimentait le chauffage domestique.

tance de la mortalité infantile (un quart des nou­ veau-nés) et juvénile (la moitié des jeunes n'at­ teignent pas l'âge du mariage).

Dans un monde ignorant encore la machine, l'augmentation de la population, tout en procu­ rant de la main-d'œuvre à l'agriculture, principale source de richesses, et aux activités artisanales, accroît le nombre des individus à nourrir , à vêtir et à équi per, aiguillonnant ainsi la croissance.

L'économie se trouve aussi stimulée par une évo­ lution des goûts qui touche toutes les couches sociales.

La généralisation de la consommation du vin conduit à l'extension des vignobles, tandis que l'usage croissant du linge de corps, même chez les humbles, favorise la production de tissus légers ou de toiles de lin et de chanvre.

Nobles et riches bourgeois prennent des habitudes de luxe et de confort, multipliant les dépenses d'apparat en bijoux, mobilier, vaisselle, vêtements ...

L'usage du sucre, de l'eau-de-vie et du tabac en prove­ nance des Amériques se répand peu à peu.

La multiplication des constructions nouvelles (hôtels particuliers, châteaux princiers) fait du bâtiment une activité florissante intéressant de nombreux corps de métiers.

Certaines branches de l'économie- notamment la métallurgie, l'ex­ ploitation des forêts, l'élevage des chevaux- ......

Le développement de l'économie monétaire au xvf' siècle a accru le rôle des changeurs et favorisé l'essor des banques.

La monnaie métallique était frappée ' ..,.._ dans des ateliers monétaires étroitement contrôlés par les rois qui, pour éviter les sorties de numéraire, encourageaient les industries de luxe, comme l'orfèvrerie.

bénéficient plus particulièrement du développe­ ment des armées permanentes et des marines des États.

Enfin, l'ouverture de nouveaux marchés, tels celui de la Russie et surtout ceux des empires coloniaux du Nouveau Monde, enrichit la gamme de produits alimentaires, textiles ou métallur­ giques, en même temps qu'il favorise l'épanouis­ sement des ports de la façade atlantique euro­ péenne: Séville et Cadix, situés au débouché de la Méditerranée, Lisbonne, Londres, Bristol et Anvers.

Une économie monétaire L'économie européenne n'aurait pu répondre à ce développement si elle n'avait disposé de nou­ veaux moyens d'action.

Le plus important d'entre eux est la prolifération des outils monétaires que provoque l'arrivée en Europe des métaux précieux d'Amérique.

Les pillages des conquistadores, puis l'exploitation des mines d'or de Buritica, d'argent de Potosf (1545) et du Mexique ont entraîné un afflux massif et régulier de métaux précieux sur le continent européen en proie à une pénurie de numéraire depuis la fin du XV' siècle.

On estime que, de 1521 à 1660, 18000 tonnes d'argent et 200 tonnes d'or ont été transportées des Amériques en Europe via l'Espagne.

De Séville, ces masses de métaux précieux, trans­ formés pour la plupart en pièces métalliques, se répandent dans toute l'Europe, favorisant les échanges commerciaux et la politique impériale des Habsbourg -ces derniers cherchant, depuis Charles Quint, à établir leur hégémonie en Europe.

Capitale économique de l'empire, Anvers devient le principal centre européen de redistribution.

L'Europe bascule ainsi dans une économie monétaire.

Devenues abondantes, les espèces métalliques circulent désormais non seulement dans toutes les couches de la société, mais égale­ ment plus rapidement, encourageant la création et la production de marchandises.

L'économie monétaire engendre dans le même temps, à par­ tir de 1520, une augmentation générale des prix: la «cherté >>, ou inflation provoquée par l'inadé­ quation entre la masse monétaire en circulation. »

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