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Le règne de Philippe II

Publié le 22/02/2012

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Lorsque Philippe II monte sur le trône (1180-1223), des forces nouvelles sont en place, dont il saura diriger l'élan pour consolider définitivement la royauté française. Par une succession d'alliances matrimoniales éminemment politiques, la monarchie a réalisé une synthèse entre les trois dynasties : mérovingienne, carolingienne et capétienne. Les racines de la maison capétienne plongent solidement dans un passé fabuleux. La gloire de Charlemagne et de Roland, toujours chantée par les trouvères dans les manoirs ou sur les places de village, rejaillit sur la maison royale. L'éclatante victoire de Bouvines (27 juillet 1214) sur la coalition anglo-allemande, suivie par quelques grands feudataires du royaume, a suscité une immense liesse populaire. Auréolé de gloire, Philippe prend le titre d'"Augustus". Il est considéré comme le sauveur du pays contre l'ennemi anglais. Les conquêtes réalisées sur l'empire "angevin" des Plantagenêts semblent définitivement acquises. En moins de trente années, la monarchie a atteint les rivages de la Manche, de l'Atlantique et de la Méditerranée. Le domaine royal a quadruplé, avec en son centre l'Ile-de-France, la région des plus grasses terres du royaume. Plus qu'aucun de ses grands vassaux, le roi est désormais riche et puissant.

« plus pratiques depuis l'invention du bouton ; on montre avec fierté l'acquisition d'un miroir de verre et non plus demétal poli.

La paysannerie se regroupe en paroisses rurales, encadrées par le clergé et sous l'autorité d'un maire, oùjouent pleinement la solidarité et le travail collectif.

Mais souvent le prix de la liberté à payer au seigneur (le "cens",redevance foncière) était trop cher, comme étaient lourds les impôts dus au clergé (la dîme).

Aussi de nombreuxpaysans ruinés vont rejoindre les bandes de mendiants aux portes des villes, ou verser dans le brigandage sur lechemin des forêts.

L'espace forestier, malgré les progrès du défrichement, occupe la majeure partie du royaume.

Lesgrandes voies qui le traversent ne suffisent plus aux échanges commerciaux qui se sont beaucoup développés.Parallèlement, un réseau nouveau de routes se constitue, qui relie villages, châteaux, bourgs, abbayes, ports etgrandes cités.

Ponts, digues et embarcadères sur les rivières sont partout construits et facilitent encore le trafic.Des chariots aux roues renforcées par des lames métalliques et tirés par des chevaux ferrés assurent mieuxl'acheminement des marchandises.

La sécurité des caravanes marchandes qui sillonnent le territoire est assurée parles marchands eux-mêmes, regroupés en "gildes" ou "frairies" et armés contre d'éventuels concurrents pillards ouseigneurs avides.

Les foires sont les lieux privilégiés des rencontres marchandes et les centres de commerce entre lemonde nordique et le monde méditerranéen.

D'une durée de une à six semaines, les foires se tiennent à proximitéimmédiate de la ville et se succèdent tout au long de l'année.

Champagne et Brie sont les deux pôles de l'activité laplus intense.

De tout le royaume, et de l'étranger, on vient commercer à Provins, Troyes, Bar-sur-Aube ou Lagny-sur-Marne où l'on trouve quantité de marchandises : laines, draps de luxe, ustensiles en métal, épices, cuir travaillé,soieries, fourrures, produits tinctoriaux.

L'essor de la circulation et des échanges a déterminé la montéespectaculaire des villes.

A aucune autre époque les créations urbaines n'ont été aussi nombreuses qu'alors.

Ces"ville-neuves" ou "ville-franches", qui se sont gonflées du trop plein des campagnes surpeuplées, sont les centresnerveux de la vie régionale.

Des bourgades ont grandi et peuvent abriter quelques milliers d'habitants.

Au cœur descités, des maisons à étages se disputent la moindre parcelle d'espace vide.

Au delà des enceintes, des faubourgsgrossissent démesurément.

Les "gens du bourg", d'où vient leur nom de bourgeois, exercent presque tous un"métier" : ce mot est du temps et désigne une activité économique spécialisée, distincte du labeur commun, celui dela terre.

Les gens d'un même métier se regroupent en corporations qui réglementent leur professions et dont lepouvoir va s'étendre fortement au Moyen Âge.

Les villes abritent autour de leurs marchands une très grandediversité d'entreprises artisanales.

Les industries du vêtement, du cuir, des métaux ou du bois ont chacune leursnombreux spécialistes.

Petites manufactures, ateliers groupés dans une même rue, échoppes et comptoirsmarchands occupent une grande partie de la cité.

Si la plupart de ces activités sont encore pauvres en moyens eten capitaux, ce n'est pas le cas de la draperie.

Activité de pointe du monde occidental, la "grande draperie" vas'implanter dans les villes de Rouen, Amiens, Beauvais, Châlons-sur-Marne et Reims.

Elle va également susciter unequantité d'emplois : fileurs, peigneurs, tisserands, foulons, tendeurs et teinturiers, tous dépendants du marchanddrapier qui fournit la matière première et fixe le prix du travail.

Riche de ses nombreuses activités, forte d'un négoceet d'un artisanat florissants, la ville va s'émanciper à son tour.

Cette liberté, arrachée à prix d'argent à la tutelle desseigneurs locaux par les bourgeois, trouve son expression dans le mouvement "communal".

La commune résulte d'uneassociation jurée entre les habitants d'une ville pour la défense de leurs intérêts collectifs, le droit de s'administrerelle-même et de rendre justice.

Plus ou moins suivie selon les régions, l'émancipation urbaine se développecependant rapidement.

De nombreuses villes moyennes et grandes ont acquis le statut de commune.

A l'exceptionde Paris.

A Paris, comme dans tout le royaume, Philippe Auguste est maître.

Paris est la ville où il est né, dont il afait sa capitale.

Le roi y séjourne désormais quand il ne chasse pas sur les terres de son domaine d'Ile-de-France.Plus qu'aucune autre, la ville subit le dynamisme général, se transforme et s'embellit.

L'expansion est désordonnée,le roi l'organise.

Une nouvelle muraille entoure le quartier marchand et cerne celui des écoles.

La grosse tour duLouvre est édifiée pour défendre le passage de la Seine.

Les rues principales sont pavées, les nouvelles hallesfortifiées.

Gonflés par l'afflux de nouvelles populations, les faubourgs hier disséminés ne forment plus qu'un bloc.Combien sont-ils ces Parisiens ? Sans doute plus de 50 000, et Paris est sans conteste la ville la plus vaste et laplus peuplée d'Occident.

Autour de la toute neuve cathédrale Notre-Dame (achevée en 1230), et de chaque cotéde la Seine, apparaissent paroisses et églises.

L'île de la Cité abrite le palais du roi, dont les bâtiments et les écuriesprennent place parmi les jardins et les vergers.

Dans le palais sans cesse agrandi s'installent à demeure lesnouveaux services de la royauté, les clercs et les officiers du roi.

Ce centre du pouvoir, enfin fixe, facilite les tâchesdu gouvernement et de l'administration.

Dans ses méthodes et son esprit, l'administration royale s'est totalementtransformée.

Elle s'est rendue singulièrement efficace par l'institution des "baillis".

Ces baillis ou sénéchaux sont desagents gagés par le roi, fréquemment mutés et révocables.

Ils sont issus de la noblesse, mais doivent leur fortuneau roi qui les emploie, et dont ils deviennent naturellement les plus ardents défenseurs.

Les baillis ont pour missiond'administrer les provinces, de surveiller les vassaux, le clergé et les communes, de faire exécuter les décretsroyaux.

Ils président aux tribunaux, sont chefs de police, et surtout gestionnaires des finances royales dont ilsrendent compte devant la cour plusieurs fois l'an.

Pour remplir leurs multiples fonctions ils ont acquis des rudimentsde comptabilité et des connaissances juridiques.

Ils sont secondés par un personnel spécialisé et par des clercs,tous conscients de leur valeur et séduits par le pouvoir qu'ils servent.

Et tous apportent au roi une arme redoutable: l'écrit.

Les actes émanant de l'Administration se comptent maintenant par milliers et constituent de précieusesarchives, enfermées au Temple comme l'est également le trésor royal.

La capitale agit comme un aimant sur lesgrands vassaux qui construisent des hôtels pour y séjourner et profiter des agréments de la ville.

La présence de lacour, le passage des barons et des évêques stimulent l'artisanat de luxe et intensifient le commerce.

Le systèmemonétaire s'est stabilisé et adapté aux réalités commerciales nouvelles.

La forte monnaie royale, "parisis" ou"tournois", se substitue aux "deniers" locaux frappés dans des dizaines d'ateliers seigneuriaux.

Sur le Grand Pont,l'activité est intense autour des boutiques de changeurs qui s'y sont installées.

Paris est devenu le plus grandcentre artisanal du royaume : une centaine d'associations professionnelles réunit près de cinq mille maîtres artisans.L'aménagement des berges de la Seine et les nombreux débarcadères développent encore les liaisons avec lesgrandes foires marchandes de Champagne.

Bien que très puissant, le prévôt des marchands est contrôlé par leprévôt royal qui gère la ville au nom du roi.

Philippe Auguste a cependant associé des riches bourgeois à la gestion. »

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