Le Roi-Soleil épouse Madame de Maintenon

« pendant hésitant .

L' Église , qui considère la marquise comme une alliée discrète et efficace , le pousse au mariage mais le souverain craint pour­ tant la mésalliance .

Lui, le Roi-Soleil , maître de l'Euro­ pe, peut-il s'abaisser à unir son destin à celui de la veuve Scarron ? Une conclusion s'impose : le mariage doit res­ ter secret .

Louis XIV envoie donc son confesseur , le père La Chaise , faire sa demande .

On ne sait si Mme de Mainte­ non s'y attend mais elle s'af­ firme " aussi charmée que sur­ prise " et charge le prélat de répondre au roi qu'elle "est toute à lui".

La cérémonie se déroule le soir du 10 octobre 168 3, dans la chambre royale .

La bénédiction est donnée aux nouveaux époux par monsei­ gneur de Harlay de Champval­ lon , archevêque de Paris .

Un secret bien gardé Peu à peu, des petits riens intriguent les familiers de la cour .

Souvent , Mme de Main ­ tenon se promène seule avec le roi.

Elle occupe un appartement de plain -pied avec celui du souverain qui l'appelle "Madame ", lui adresse régulièrement de courts billets et passe la ma­ jeure partie de son temps chez elle .

Mme de Maintenon a 48 ans et le roi 45 ans lorsque com­ mence une vie conjugale qui durera trente ans.

Ministres et courtisans défilent dans la chambre de la marquise où le roi a fait installer sa table de travail.

Ses repas et son repos sont sans cesse trou­ blés.

En permanence sous le regard du roi et de la cour, elle vit dans une cage dorée .

En représentation perma­ nente, elle confie, non san s humour : ")'ai une douleur à la tête insupportable qui me vient d'un excès de prin­ cesses" .

Très attachée au roi, Mme de Maintenon le veille lorsqu'il est malade, l'écoute lorsqu'il est préoccupé , le distrait lorsqu'il s'ennuie.

UN MARIAGE MAL ACCEPTÉ À la cour, on ne sait que penser de cette union .

Nombreux sont ceux qui voient d'un mauvais œil le couple formé par le Roi-Soleil et la veuve Scarron.

Les mauvaises langues vont bon train .

La princesse palatine, épouse du dauphin, reproche au roi cette mésalliance et affuble la marquise des sobriquets les plus désobligeants.

Louvois, qui s'est violemment opposé au mariage, ne cache pas son antipathie.

Indigné, le mémorialiste Saint-Simon est d'une virulence sans borne et voue Mme de Maintenon aux gémonies.

Lorsqu'il apprend la nouvelle, vers 1690 seulement, le peuple de Paris entonne à tue-tête les couplets insolents qui se moquent sans vergogne du souverain et de sa nouvelle épouse.

Épouse morganatique de Louis XIV, elle n'a aucun pou­ voir mais règne dans le cœur du souverain qui l'a baptisée "Votre Solidité" .

Son seul pri­ vilège est d'assister à la mes­ se dans une petite loggia de la tribune royale qui fut celle de la reine.

Mais l'influence de la marquise sur la poli­ tique du royaume va grandis­ sant .

Presque toujours, elle assiste aux réunions avec les ministres , Louvois qu'elle n'apprécie guère ou Colbert qu'elle soutient .

Si le roi lui demande rarement direc­ tement conseil , il sait parfai­ tement interpréter ses ho­ chements de tête , ses moues et ses soupirs .

Elle l'encoura ­ ge dans sa politique intolé­ rante à l'égard des protes­ tants et imprime à la cour , par l'exemple de sa méticuleuse dévotion, une austérité inat­ tendue et quelque peu su­ perficielle .

Le roi l'écoute et vit au ry thme de ses aspira­ tions , au point qu'elle sera l ' inspiratrice de son testa­ ment .. »