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Les 12, 13 et 14 juillet 1789 - Les jours de la Révolution

Publié le 28/02/2010

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On a tendance à faire coïncider la situation insurrectionnelle de Paris des 12 et 13 juillet 1789, puis de la prise de la Bastille, le 14, avec le commencement de la Révolution. En fait, quand elle a éclaté, la tempête révolutionnaire se préparait depuis longtemps. Trente ans plus tôt, les idées nouvelles de la philosophie et des sciences, réunies dans L'Encyclopédie sous la direction de Diderot, avaient préparé le terrain de la contestation. Déjà les philosophes, qui avaient pour cible commune l'absolutisme despotique de la monarchie et de l'Église catholique, s'étaient fait des alliés dans toutes les classes de la société. De la bourgeoisie aux plus humbles curés de campagne et maîtres d'école, et jusqu'à la noblesse parlementaire, l'esprit des Lumières avait "contaminé" le pays, d'une façon irréversible. Plus proche, la participation de la France à la guerre d'indépendance américaine avait ranimé un vent de liberté. Mais, bien avant les exploits de La Fayette, un Voltaire prémonitoire avait écrit : "Tout ce que je vois jette les semences d'une révolution qui arrivera immanquablement et dont je n'aurai pas le plaisir d'être témoin." Révolution annoncée, donc, et pourtant ignorée. Louis XVI ne mesure pas toute la gravité de "la crise de régime" dont il a héritée à la mort de Louis XV. Le nouveau roi, faible, hésitant et velléitaire, balance entre rénovation et réaction, nomme un temps puis révoque des ministres libéraux (Turgot, Necker) qui auraient pu engager les réformes politiques indispensables. Le roi ne discerne pas mieux dans le climat social les espoirs déçus et les tensions qui sont les signes avant-coureurs d'un éclatement. Car la société refuse d'attendre plus longtemps une mutation profonde.

« la mesure dans leurs provocations, aussi la "vertu" républicaine tente de les remettre au pas.

Car la vertu, comme lamorale, est érigée en dogme.

Ce qui amène d'ailleurs à des excès, avec leur corollaire de fanatisme.

Des chefs-d'oeuvre élevés jadis à la gloire des "tyrans" ou de la "superstition" doivent être protégés de la vindicte populaire.

Defait, nombre d'entre eux sont mutilés.

Des oeuvres d'art, dispersées lors des pillages des châteaux et des églisessont heureusement sauvées par décret de la Convention.

Ainsi sont épargnés les portraits que Mme Vigée-Lebrun apeint de la reine Marie-Antoinette et de ses enfants.

Ainsi le peintre Lenoir réunit en un Musée des monumentsfrançais, les restes des sculptures médiévales qu'il a pu trouver.

Qu'ils soient freinés pour leur "excès de zèle" dansl'ivresse de la revanche, les citoyens le comprennent plus ou moins bien.

Ce qu'ils acceptent plus mal, c'est qu'onleur confisque la parole et qu'on ne réponde pas à leur aspiration de liberté.

Naïfs ou très élaborés, les "cahiers dedoléances" rédigés lors de la réunion des États généraux sont remplis de cet espoir de liberté et de cette soifd'équité.

La Révolution ne pourra y répondre totalement, mais elle donne naissance à la déclaration des droits del'homme du 26 août 1789, qui consacre la majorité de ses dix-sept articles à cet espoir de liberté et d'égalité, enproclamant la liberté individuelle, la liberté d'opinion et la liberté d'expression.

Elles s'expriment entre autres dans lesmesures très symboliques que sont la suppression des lettres de cachet (qui donnaient au roi le pouvoir d'embastillerqui bon lui semblait), le droit à l'existence pour les protestants, la liberté de la presse (qui voit une extraordinaireprolifération de journaux : L'Ami du Peuple, Le Père Duchesne, La Sentinelle...).

Après liberté et fraternité, égalitéest le maître mot des temps révolutionnaires.

Comme première tâche, l'Assemblée se devait d'abattre la hiérarchiedes classes sociales constituée par les trois ordres monarchiques : clergé, noblesse, tiers état.

Des deux premiers,le clergé est le plus atteint.

Ses biens immenses sont "mis à la disposition de la nation".

Le clergé n'a plus deprivilèges financiers et juridiques, les ordres religieux sont abolis.

Une Constitution civile du clergé oblige les prêtresà lui prêter serment : 300 000 d'entre eux sont bannis de France pour avoir refusé.

En 1794, les "assermentés"cessent d'être fonctionnaires et ne reçoivent plus de traitement.

Après 1795, l'Église catholique de France n'est plusqu'une association privée, entourée de méfiance et parfois en butte aux persécutions.

Très durement est égalementtouchée la noblesse : plus de prérogatives honorifiques, plus d'hérédité des charges, plus de droits féodaux ; lestitres sont brûlés en présence du Conseil municipal et de tous les citoyens.

Les nobles qui n'ont pas émigréconservent leur terre mais sont frappés par les réquisitions en temps de guerre et les emprunts forcés.

Ils peuventremplir des fonctions publiques mais sont soumis à une constante suspicion.

Ils ne sont d'ailleurs pas les derniers àmonter à l'échafaud.

A la suite du roi, de la reine Marie-Antoinette, de Philippe Egalité, et de milliers d'autres"suspects", les têtes nobles tombent nombreuses sous le couperet de la guillotine.

Quand la lame de la machine àtuer du docteur Guillotin, imaginée pour rendre les exécutions "moins barbares", a épargné le noble, il peut vivre surson domaine une existence plutôt paisible.

Loin de la fièvre de Paris, la vie est plus facile pour le hobereau deprovince.

En bon citoyen, il peut participer aux activités de la commune ou, comme c'est le hobby de la noblesse"éclairée", s'adonner à sa passion des expériences scientifiques : faire voler une montgolfière, concevoir unemachine à vapeur.

Pour le noble qui est sincèrement acquis aux idées révolutionnaires, il est apprécié qu'il prenne àsa charge l'ouverture d'une école de village.

L'instruction reste la question majeure du temps, et les assembléesrévolutionnaires se sont passionnées pour le problème de l'enseignement.

Mirabeau sous la Constituante, Condorcetsous la Législative, l'abbé Grégoire sous la Convention demandent expressément une Instruction Publique.

A latribune, Danton s'écrit : "Après le pain, l'éducation est le premier besoin du peuple".

Dans son immense majorité, lepeuple ne sait ni lire ni écrire.

Qui va l'éduquer ? Les ordres ecclésiastiques qui s'en chargeaient jusque-là ont étédissous.

Après de très nombreux travaux la Convention vote une loi en 1795 : il y aura au moins une école primairepar canton, mais elle ne sera gratuite que pour les indigents ; l'enseignement secondaire sera dispensé dans lesnouvelles Écoles Centrales de département avec pour disciples, en plus des lettres et des mathématiques, lessciences expérimentales, l'histoire, la géographie, les langues vivantes, le dessin et l'étude des lois des différentesnations.

L'intérêt plus grand encore que porte la Convention à l'éducation supérieure, l'amène à créer ou àréorganiser les Grandes Écoles : Polytechnique, Mines, Ponts et Chaussées, Arts et Métiers.

Dans l'idéal, chaquechef-lieu de département doit avoir sa bibliothèque et un dépôt d'archives.

Les Archives Nationales sont fondées,les tableaux du roi réunis au Musée du Louvre.

Avec les sciences physiques et mathématiques, les sciences moraleset politiques, la littérature et les beaux-arts, le nouvel Institut doit, selon l'expression de Daunou, donner "l'abrégédu monde savant".

Tant de culture est encore bien loin d'être à la portée du monde rural et des ouvriers.

LaRévolution n'a pas négligé le sort des masses populaires.

Mais parmi les paysans, seuls les plus aisés, lespropriétaires terriens, sont réellement favorisés par les mesures révolutionnaires.

On en voit même qui se hissent auniveau de la bourgeoisie après avoir fait fortune en achetant des biens nationaux aux enchères.

Cependant,l'abolition des impôts indirects de l'Ancien Régime (octrois, traites, gabelles, aides, etc.) et plus encorel'établissement d'un régime fiscal unique et l'application des mêmes lois pour tous, dans toutes les provinces deFrance, vont dans le sens du principe égalitaire.

Mais les lois de ventôse, d'une hardiesse inouïe (égalité des biens,redistribution des terres) ne seront jamais appliquées.

Un peu mieux traités, les ouvriers peuvent maintenant choisirleur métier.

Les plus entreprenants s'établissent à leur compte grâce à la suppression des corps et descommunautés à privilèges (corporations, jurandes).

Enfin, l'ouverture à tous des emplois anciennement réservés auxnobles (armée, fonctions administratives et judiciaires) profite surtout à la bourgeoisie, riche et instruite.

Labourgeoisie, c'est la grande bénéficiaire de la Révolution.

Ce sont les "notables" qui légifèrent, sont membres desclubs politiques décisionnaires, gouvernent et administrent la France.

Ce sont eux aussi, banquiers et industriels, quivont permettre la relance de l'économie.

Enfin c'est dans les rangs de la bourgeoisie que se présentent les plus grosacheteurs de biens nationaux.

Qui a quelque ressource profite de l'immense transfert de biens qui est l'un des traitsmajeurs de l'oeuvre de la Révolution.

Parmi les "gens du peuple", chez les artisans et les marchands, une partieréussit également à s'enrichir notablement par la spéculation (qui s'est partout généralisée) et la vente desfournitures à l'État.

Certains roulent en buggy, rachètent des hôtels particuliers ou des terres à quelque petit nobleruiné.

Mais ces "nouveaux riches" n'ont quand même pas les moyens de se mesurer à la haute bourgeoisie quiaccourt pour acheter les meubles du château de Versailles, mis aux enchères le 25 août 1793.

Les créations en boisde rose ou d'acajou des ébénistes Georges Jacob, Jean-Baptiste Sené ou Jean-Henri Riesener sont encore hors de. »

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