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Les cheminots dans la Résistance

Publié le 05/09/2012

Extrait du document

Ce refus d’obéissance lui vaut une suspension. Il est entendu par ses supérieurs, mais son passé et ses décorations d’ancien combattant contribuent à leur clémence. Il ne reçoit qu’un simple avertissement et ses primes de fin d’année 1942 sont supprimées. Le réseau auquel participe le cheminot mène de nombreuses opérations. Le 29 janvier 1943, il est arrêté à son domicile avec son fils. Tous deux sont interrogés et battus, puis internés au camp de Royallieu à Compiègne. Ils sont ensuite déportés mais vont survivre près de deux ans aux terribles conditions des camps par lesquels ils passent. Ce n’est qu’à la Libération que Léon Bronchart apprendra que son fils a comme lui survécu. Le 30 avril 1945, il est de retour chez lui et indique le faible nombre de survivants du camp de Dora : « Sur plusieurs dizaines de milliers de Français qui ont alimenté Dora, au recensement nous n’étions plus que quatorze cents ! Sur les 70 d’Oranienburg nous ne sommes plus que 2 : un mineur de Sallaumine et moi. « Il reprend le travail en septembre 1945 comme employé de bureau de la SNCF. En effet, son état de santé de grand invalide à la suite des privations et des sévices subis ne lui permet plus de conduire une locomotive. Il est récompensé en 1946 et nommé chevalier de la Légion d’honneur. Il recevra également la Médaille de la résistance. Léon Bronchart meurt le 25 septembre 1986. Le titre de Juste parmi les Nations lui est décerné en 1994. Selon le mémorial de Yad Vashem à Jérusalem, il est l’unique cheminot ayant refusé de conduire un train de prisonniers.

« Le processus s’achève par la déportation et, dès mai 1941, les arrestations massives en zone occupée débutent.

A l’été 1942, les rafles font des milliers de victimes.Ce sont des policiers et des gendarmes français qui procèdent à ces arrestations.

Parmi les 83 000 personnes déportées, seules 3% survivront.A cette époque, la perception de la fin de la guerre se modifie : à la différence de ce qu’on pensait en 1940, il n’est désormais plus aussi certain que l’Allemagnesortira vainqueur du conflit.

Le fait de pouvoir espérer une autre issue favorise les engagements dans le refus et la résistance. II/ La résistance A) Différentes formes de résistance 1) Les Forces françaises libres Le général de Gaulle entre sur la scène internationale le 18 juin 1940 grâce à son « appel aux Français » diffusé par la radio anglaise, la BBC, affirmant, je cite, quela « flamme de la résistance française ne doit pas s’éteindre et ne s’éteindra pas ».

Par sa volonté de poursuivre le combat, Charles de Gaulle s’affirme à la tête de la« France libre », qu’il considère comme le seul pouvoir français légitime.

Elle voit le jour le 1er juillet 1940.

Ses troupes sont principalement des hommes jeunes,fonctionnaires, étudiants et militaires, combattant en Afrique surtout aux côtés des Britanniques.

Mais en ce qui concerne l’Empire colonial, seule l’Afriqueéquatoriale française (Cameroun, Tchad, Togo) la rejoint, ainsi que quelques territoires dispersés.

Grâce aux moyens mis à sa disposition par la BBC, le France librediffuse chaque jour une chronique intitulée « Honneur et patrie » lors de l’émission « les Français parlent aux Français », qui contribue à faire connaître le général deGaulle et à asseoir sa popularité.Les FFL ont cessé d’exister le 1er août 1943 à la suite de leur fusion avec l’Armée d’Afrique commandée par Henri Giraud, continuant leur combat dans les rangs del’armée française de la Libération. 2) La Résistance intérieure A l’intérieur même du territoire français, diverses formes de résistance à l’occupant se mettent en place et se structurent progressivement.

Elles s’attellent à desactivités de renseignement, d’évasion, de sabotages, d’exécutions d’officiers allemands et de collaborateurs.

La Résistance intérieure passe également par lapublication de journaux clandestins comme Défense de la France, fondé en août 1941, ou France d’Abord, organe clandestin des Francs-Tireurs et Partisans.

La luttearmée est toutefois privilégiée en zone Nord.

En zone Sud, les réseaux sont davantage tournés vers la lutte politique, même si leurs membres se battent aussi lesarmes à la main.A partir de juin 1941, date de l’invasion de l’URSS par la Wehrmacht, c’est tout le Parti communiste qui entre en résistance et fonde le Front national de lutte pourl’indépendance.

Les communistes prennent la tête des Francs-Tireurs et Partisans fin 1941 en accord avec l’internationale communiste.

Cette organisation est unmouvement de résistance armée mis en place afin de lutter contre l’occupant.

Dès octobre 1941, la direction du parti décide la création d’un Comité militaire national(CMN), dont l’une des tâches consiste en la rédaction du journal des FTP, France d’Abord.

62 numéros seront publiés de janvier 1942 jusqu’à la Libération.

Cejournal, dont l’exergue est « Chasser l’envahisseur », est destiné aux militants.

Il publie des récits de lutte armée, des communiqués militaires ainsi que des motsd’ordres.

Le deuxième document en rapport avec l’exposé est un article édité par France d’Abord en novembre 1943.

Le nom de l’article est « Je ne suis pas unassassin ! » et celui-ci est un récit poétique d’un cheminot qui sabote sa locomotive.

Le but de cet article est de montrer la marche à suivre pour les FTP, c’est uneforme de propagande clandestine.

Le texte raconte l’histoire d’un cheminot qui, pour lutter et résister à l’occupant, va faire exploser sa locomotive volontairementmême s’il semble attaché à celle-ci.

La dernière phrase de l’article est assez significative : « Tu me pardonneras, tu m’as pardonné, car tous deux nous sommes desFrançais ! ».

Cela montre bien les velléités de défendre la nation française et de lutter contre l’occupant allemand.Pour revenir d’un point de vue plus général sur la Résistance intérieure, les trois principaux mouvements de zone Sud fusionnent fin 1942 dans les Mouvements unisde Résistance (MUR) sous l’égide de Jean Moulin.

Puis vient la création du Conseil national de la Résistance (CNR), le 27 mai 1943, dans le but d’unifier lesdifférents mouvements et partis et de préparer l’avenir.

Son premier président est Jean Moulin.

Arrêté le 21 juin, celui-ci mourra quelques jours plus tard, après avoirété torturé par un chef de la Gestapo. B) Les moyens utilisés par les cheminots 1) De nombreuses possibilités Les cheminots ont un rôle important dans la Résistance intérieure.

En effet, leurs actions pour lutter contre l’occupant ont beaucoup perturbé la circulation des trains.Le film de René Clément, La Bataille du rail, retrace bien les entreprises du personnel des chemins de fer pour poser des problèmes aux Allemands.

Produit en 1945et sorti en salle le 27 février 1946 après la Libération, ce film n’est pas seulement réalisé pour remonter le temps et comprendre tous les faits et gestes des cheminots,il est réalisé pour rendre hommage à ces cheminots, comme l’indique la phrase présente en haut à gauche de l’affiche du film : « A la gloire des cheminots deFrance ».Si l’on se penche de manière chronologique sur les problèmes majeurs posés par les cheminots aux Allemands, le premier date du 13 octobre 1942, où, en zone Sud,une vague de grèves contre les réquisitions de main-d’œuvre pour l’Allemagne est lancée à partir des ateliers SNCF d’Oullins, dans le Rhône.

Une réunion se tiendrad’ailleurs dans la nuit du 13 au 14 dans le bureau de l’ingénieur en chef des Ateliers durant laquelle une liste de cheminots à arrêter est dressée par des policiers et lescadres locaux de la SNCF.

3 d’entre eux seront ultérieurement déportés à Buchenwald.

Le 6 janvier 1943 ont lieu des incidents en gare de Montluçon contre le départde requis pour le travail en Allemagne.

La même année, en décembre, des grèves et des manifestations de cheminots se tiennent à Dijon suite à la condamnation àmort de 7 des leurs.1944 est incontestablement l’année la plus active en ce qui concerne la résistance des cheminots.

Les 3 et 4 février, un comité de liaison clandestin réunissantcommunistes et réformistes est formé.

Le 14 juillet, des manifestations anti-allemandes ont lieu à Paris et en banlieue et des cheminots venant des Ateliers de Vitrysont arrêtés.

Le 10 août, le comité central de grève des cheminots lance la grève insurrectionnelle en région parisienne.

Enfin, en octobre, l’association Résistance-Fer, composée principalement de cheminots, est créée et elle prend part activement à la résistance.

Elle axe essentiellement ses activités sur la recherche et latransmission aux forces alliées des mouvements de l’armée allemande ainsi que sur le sabotage des lignes, des matériels et des infrastructures ferroviaires. 2) Un exemple concret Bien qu’il ne soit plus mobilisable, Léon Bronchart, cheminot depuis 1919, s’engage lorsque commence la Seconde Guerre mondiale, et est affecté comme sergent-chef à la 7e section des chemins de fer de campagne.

Fin 1942, il fournit des faux papiers à ses voisins juifs et facilite le passage en zone occupée italienne d’un deleurs amis en lui fournissant un uniforme de la SNCF.Mais c’est le 31 octobre 1942 que Léon Bronchart va faire preuve d’un courage remarquable, à Montauban.

Je vais vous lire son témoignage :« En attendant ma mise en tête, j'assiste à l'évolution d'une rame que l'on ajoute au train que je dois emmener.

Sur les marchepieds, des éléments de la Police d'Etatgardent les portières, j'effectue ma mise en tête et je m'enquiers auprès du sous-chef de gare de la raison d'un tel service d'ordre et de sécurité.

Il m'apprend que cesont des internés politiques que l'on transfère d'Eysse à Saint-Pol-des-Jeaux.

Aussitôt ma décision est prise, je refuse d'emmener le train.

Chef de gare, chef de dépôt,sous-chef de dépôt, inspecteur viennent au pied de la machine discuter avec moi : malgré les conseils, les objurgations, les sommations, les menaces, j'ai continué àrefuser ; quand j'en ai eu assez, j'ai coupé moi-même la machine, et avancé auprès du mat.

Rentré au dépôt, je me suis rendu au bureau du chef de dépôt, au sous-chef, j'ai dit : "Si vous voulez, faites venir un médecin pour qu'il puisse constater que je ne suis ni fou, ni ivre".

»Ce refus d’obéissance lui vaut une suspension.

Il est entendu par ses supérieurs, mais son passé et ses décorations d’ancien combattant contribuent à leur clémence.

Ilne reçoit qu’un simple avertissement et ses primes de fin d’année 1942 sont supprimées.Le réseau auquel participe le cheminot mène de nombreuses opérations.

Le 29 janvier 1943, il est arrêté à son domicile avec son fils.

Tous deux sont interrogés etbattus, puis internés au camp de Royallieu à Compiègne.

Ils sont ensuite déportés mais vont survivre près de deux ans aux terribles conditions des camps par lesquelsils passent.

Ce n’est qu’à la Libération que Léon Bronchart apprendra que son fils a comme lui survécu.

Le 30 avril 1945, il est de retour chez lui et indique le faible. »

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