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Les origines du maccarthysme

Publié le 11/04/2019

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Les origines du maccarthysme

 

Les origines de la croisade de McCarthy contre les \"activités anti-américaines\" remontent à la création par la Chambre des représentants d'une Commission sur les activités antiaméricaines, en 1938, sous la présidence de Roosevelt. De même, en 1940, la loi Smith interdit toute \"propagande subversive\".

« 9 février 1950 - L'étoile du sénateur Joseph McCarthy avait singulièrement pâli depuis qu'en 1954 ses pairs, après de nombreuses hésitations, lui avaient infligé un blâme.

Sa brutalité inquisitoriale ne devait plus se manifester qu'en de raresoccasions.

Une dernière humiliation devait lui être imposée lorsque, recevant les membres du Congrès, le président Eisenhower fitrayer le nom de M.

McCarthy sur les listes d'invitations.

Et sans doute vaudrait-il mieux laisser à l'oubli le soins d'effacer lesgraves injustices que la mort ne répare pas, si toutefois les méthodes et la suspicion introduites par le sénateur du Wisconsin dansles moeurs politiques américaines ne faisaient encore leurs ravages. Avec un peu de recul, la carrière du grand " chasseur de sorcières " apparaît encore plus ahurissante.

Juge, il est connu pour savénalité. Sénateur à trente-huit ans, il fait au Capitole des débuts assez ternes.

En janvier 1950, il commence à se préoccuper de saréélection, et c'est un jésuite de l'université de Georgetown qui lui suggère le grand thème qui fera sa fortune politique.

Le 9février, dans un grand discours prononcé à Wheeling (Virginie-Occidentale), il déclare détenir les noms de deux cent cinqcommunistes employés par le département d'Etat.

Ce jour-là, M.

McCarthy obtient une notoriété nationale et, pour la premièrefois, son nom s'étale à la première page des journaux.

Deux jours plus tard, il ne parlait plus de deux cent cinq communistes, maisde cinquante-sept seulement.

Vers la fin du mois, pressé de s'expliquer à la tribune du Sénat, il n'en relevait que trois, et encore leFBI lui-même s'en portait-il garant.

Forcé dans ses retranchements, il annonce alors qu'il va dévoiler le nom du chef del'espionnage soviétique aux Etats-Unis, le patron d'Alger Hiss.

La fièvre monte, la surexcitation atteint son paroxysme, et enfin M.McCarthy lâche le nom du grand traître, le professeur Owen Lattimore, en faveur duquel témoignent M.

Edgar Hoover, chef duFBI, et le général Thorpe, chef du contre-espionnage pour MacArthur.

M.

Lattimore est accusé, tout simplement, d'êtreresponsable de la victoire de Mao Zedong en Chine.

La guerre de Corée pousse l'opinion publique à rechercher un boucémissaire.

Il faudra attendre qu'elle soit terminée pour que des tribunaux lavent le professeur Lattimore de tout soupçon. Mais le procédé sera repris avec d'autres personnalités, et son succès sera d'autant plus grand que leur prestige est pluséclatant.

MM.

Marshall, Truman, Eisenhower, sont accusés sinon d'appartenir au Parti communiste, du moins de lui témoignerune coupable complaisance.

Une certaine presse, avide de sensationnel et esclave d'un public maladivement inquiet, orchestre lafolle campagne de démagogie.

Les universitaires et les membres du clergé sont à leur tour pris à partie: ces intellectuels ne sont-ilspas dangereusement perméables, avec leur souci des nuances, à l'idéologie marxiste ? Le virus, à ce moment-là, réussit même àtraverser l'Atlantique; qui oserait prétendre qu'il n'effectue pas encore quelques ravages en France ? Et pourtant, cet homme redouté avait un dossier assez chargé pour être traîné devant les tribunaux et envoyé en prison.

En1952 un rapport du Sénat l'accuse de concussion: en quatre ans, avec un revenu annuel de 12 500 dollars, il a déposé en banqueplus de 172 000 dollars.

Mais l'anticommunisme est une protection suffisante, et le sénateur du Wisconsin continue de traînerd'honnêtes gens devant la justice, de leur faire perdre leur emploi, de diffuser les " listes rouges ".

Son grand triomphe sera, en1953, l'exécution d'Ethel et Julius Rosenberg sur la chaise électrique de Sing-Sing. L'opinion catholique américaine s'est laissé séduire par la combativité de ce démagogue, qui ne dissimulait pas son ambitiond'être le premier catholique à être envoyé à la Maison Blanche.

Le cardinal Spellman est venu jusqu'en Europe pour célébrer seslouanges. Le président Eisenhower lui-même, en 1952, appuya la candidature de M.

McCarthy. Il n'osa jamais l'affronter directement.

Peu à peu, cependant, et en termes modérés, il accepta de dénoncer les méthodes de la" chasse aux sorcières ", sans toutefois attaquer M.

McCarthy personnellement.

L'ivresse du succès devait perdre le sénateur duWisconsin.

Il commit en effet la double erreur de s'en prendre aux Eglises protestantes et aux chefs de l'armée.

Ce derniercombat fut télévisé et sonna le glas de M.

McCarthy.

Sa brutalité, sa violence hirsute, son regard fuyant, le perdirent dansl'opinion de millions de téléspectateurs, qui découvraient en lui un personnage trop différent de l'archange flamboyant qu'ilsavaient imaginé. Pendant ce temps, des juges simples et honnêtes, saisis des plaintes émanant des victimes du jeune sénateur, consacraient sur leplan du droit les principes qui devaient sauvegarder la possibilité de ne pas hurler avec les loups.

Les élections législatives de1954, donnant la majorité aux démocrates, enlevèrent à M.

McCarthy la présidence de sa commission.

L'homme avait perdu sonpouvoir, mais le " maccarthysme " subsistait.

Des sénateurs comme MM.

Jenner et Malone relevaient le flambeau, avec moins desuccès mais assez de vigueur pour entretenir l'inquiétude.

Puis des " témoins " de l'accusation, comme Elizabeth Bentley, étaientdiscrédités ou, comme Harvey Matusov, avouaient leurs mensonges.

Un climat de détente internationale devait pour un tempsrelâcher la tension intérieure.

Dans " la paix et la prospérité " l'Américain moyen oubliait peu à peu ses frayeurs atomiques.

Leprestige du président Eisenhower, sa droiture morale, son sourire franc, ne lui permettaient pas de croire qu'il était sans cesse. »

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