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Les outils de la préhistoire: De Homo habilis à Homo sapiens sapiens

Publié le 08/11/2018

Extrait du document

sapiens

DE LA NATURE A LA CULTURE

 

Pour les éthologues, le terme d'outil désigne tout objet en pierre, en bois ou en os, taillé ou non, utilisé pour une tâche déterminée. Cette définition englobe donc la pierre dont se sert la loutre pour ouvrir les ormeaux. Elle inclut également la baguette qu'effeuille et ajuste le chimpanzé pour la «pèche» aux termites ; dans ce cas, une étape a déjà été franchie : l'outil est créé pour une utilisation déterminée. Mais le chimpanzé, après usage, oublie son outil. L'homme, à partir des premiers outils taillés, façonne lui aussi son outil pour un usage spécifique ; mieux, il le conserve et l'améliore sans cesse. Cet outil-là témoigne d'un saut évolutif, qui fait passer l'humanité de la nature à

sont ceux de droitiers - et une parfaite connaissance des propriétés physiques de la matière : blocs de lave et de phonolite, quartz et quartites.

Une invention humaine?

En 1964, le paléoanthropologue

britannique louis Leakey attribue à

Homo habilis, découvert dans les gorges d'OIduvai, tous les outils mis au jour sur ce site. Il est alors admis que ce premier représentant

du genre humain est l'inventeur de l'outil taillé. Cette théorie a

été remise en cause depuis la découverte, dans le sud de l'Éthiopie, en 1999, d'un australopithèque, Australopithecus garhi, vieux de 2,5 MA et associé à des outils taillés et des ossements

au-delà de la limite conventionnelle fixée pour la fin de cette période (1,6 MA), puisque l'on en trouve encore au néolithique.

 

Les éclats

 

Les éclats débités par percussion, minces et tranchants, sont rarement retouchés. Ils sont utilisés pour découper la viande, mais aussi râper et éplucher des végétaux (tubercules). Un bloc débité avec précision donne plus d'une trentaine d'éclats. Ils ont pu servir également à travailler le bois, mais seuls les vestiges d’outils en pierre nous sont parvenus.

 

Les polyèdres

 

On trouve à l'oldowayen des boules sphéroïdales à multiples facettes, dont l'usage demeure mystérieux : il pourrait s'agir de percuteurs ou d'armes de jet.

continent, les plus anciens bifaces sont datés de 700000 ans.

Le biface

 

Présentant souvent une symétrie axiale parfaite, cet outil assez plat est taillé sur un galet ou un bloc par des enlèvements d'éclats sur les deux faces, ce qui aménage deux

. M bords latéraux

A 1 convergents;  1 l'extrémité est

1 mince et

’ À 1 pointue. La  1 principale Ifonction du

Ib/ïuce est celle  Id'une hache ou

S ■ d'un coin à Ifendre. Lorsque

 

pierre est toujours utilisée, ce n'est souvent qu'au stade de l'ébauchage du biface. La finition est réalisée au moyen de percuteurs tendres, en bois, en os ou en corne, ce qui permet d'obtenir des bifaces plus minces, même si l'outil débité sur galet, ou nucléus, reste épais.

La technique Levallois

 

Vers - 340000, les artisans africains

inventent le «débitage Levallois», présent en Afrique du Sud, à Djibouti et dans le Sahara avant

de gagner l’Europe. Les nucléus de

la culture et la fait entrer, il y a plus de 2,5 MA, dans la préhistoire. Jusqu'à la fin du néolithique, au III' millénaire avant notre ère, l'outil des hommes se perfectionne et se spécialise, accompagnant l'évolution biologique et culturelle du genre humain.

portant des marques de découpe. Il a depuis été établi que, outre ces deux hominidés, deux autres espèces, Homo rudolfensis et Paranthropus boisei, ont utilisé et sans doute fabriqué des couperets. Rien ne permet de départager les paranthropes et les premiers hommes dans la course à l’outil

L’INDUSTRIE DU BIFACE

taillé.

Choppers et choppinc-tools

PREMIERS OUTILS TAILLÉS

L’industrie oldqwayenne

 

Les plus anciens outils en pierre taillés ont été mis au jour sur les sites de Kada Gona, de l'Omo et d’Hadar, en Éthiopie, et de Lokolelei, au Kenya. Ils sont datés de 2,3 à 2,5 millions d'années (ou MA). On regroupe l'ensemble des outils de la première industrie du paléolithique inférieur sous le nom d'oldowayen, en référence au site d'OIduvai, en Tanzanie, daté de 1,8 MA

Les outils de l'oldowayen sont obtenus par percussion dure d'un bloc de pierre sur un autre. En répétant plusieurs fois le geste de percussion, on obtient une sorte de hache primitive, à base ronde pour la préhension. Le tranchant peut être

L’acheuléen

 

À partir de 1,6 MA, les hominidés découvrent la symétrie et inventent le biface. Cet outil est emblématique de l’industrie acheuléenne (de Saint-Acheul, dans la Somme), deuxième industrie du paléolithique inférieur. Le biface est associé à l'expansion d'Homo ergaster (ou Homo erectus) apparu en Afrique il y a 1,8 MA, qui quitte le berceau africain pour s'établir en Asie et en Europe. Sur ce

la base est lourde, épaisse, le biface devient pic. Il peut faire office de couteau si l'un des deux tranchants est rectiligne ou légèrement convexe. Il s'amincit et se réduit au cours de l'acheuléen, cette évolution dépendant toutefois des régions et de la qualité des matières premières.

 

Le hachereau

 

Taillé sur éclat, cet outil présente un tranchant transversal qui le rend particulièrement efficace pour sectionner les articulations du gibier.

, de à

sur

 

rdes

frappe successifs, à partir desquels sont détachés des éclats. L'opération est délicate, car l'artisan doit

déterminer à l'avance la forme de

l'éclat mais elle permet de produire à partir d'un même bloc un plus grand nombre d'outils, très plats, tranchants et légers, donc plus faciles à transporter. Cette technique reste largement utilisée jusqu'à l'arrivée de l'homme moderne en Europe, il y a 40000 ans.

AU PALÉOLITHIQUE MOYEN

aménagé sur une seule face : l'outil

de chopper

 

Le chopping tool présente un tranchant chacune des deux faces dt

sur

L'OUTIL ÉMANCIPATEUR

S'il n'est pas une exclusivité humaine, l'outil taillé permet

aux premiers hommes de mieux tirer parti des ressources de leur environnement, avant de le maîtriser. Ils ne

Armes de chasse

 

Homo ergaster n'est plus charognard, mais chasseur. Armé

en français sous le nom de couperet, ces outils servent à désarticuler les

La reconstitution des chaînes opératoires, à partir des milliers de pièces abandonnées sur de tels sites, atteste la maîtrise des gestes - qui

Couperets, percussion dure

1,6 MA : biface, percussion tendre, débitage Levallois

Paléolithique supérieur... -10000

Néolithique Protohistoire

Pointe moustérienne, os et ramures de cervidés Pointe de Châtelperron, burins, première industrie osseuse Aurignacien : pointe de sagaie, poinçon Gravettien : aiguille à chas Solutréen : pointe à cran, en feuilles de laurier et de saule, propulseur Magdalénien : hameçon, harpon, arc Pierre polie, hache, faucille -4000: métallurgie du cuivre

L'OUTIL ÉMANCIPATEUR

S'il n'est pas une exclusivité humaine, l'outil taillé permet

aux premiers hommes de mieux tirer parti des ressources de leur environnement, avant de le maîtriser. Ils ne disposent pas encore d'armes assez puissantes pour chasser de grosses proies, mais, grâce à leurs outils, ils peuvent plus rapidement emporter leur part des animaux morts, disputés par d'autres charognards. La viande prend une part de plus en plus importante dans le régime alimentaire, ce qui favorise le développement du cerveau. Avec l'outil taillé émerge aussi la notion de travail commun, et une nouvelle organisation sociale apparaît, marquée notamment par la construction d'abris.

sapiens

« bien identifiables sur lesq uels des dents ont été aménagées par encoches contiguës.

Les «limaces» sont des pointes doub les effilées aux deux extrémités.

On connaît pour l'industrie moustérienne une soixantaine d'out ils différents, avec des variantes régionales marquées.

L'INDUSTRIE OSSEUSE Les ossements et les ramures de cervidés sont désormais utilisés mais ne sont pas encore façonnés.

LE CIIAT ELPERRONIEN Définie à Châte lperron, dans l'Allier, cette industrie est associée aux Néandertaliens .

Elle garde les traits caractéristiques du moustérien mais intègre des outils sur lames propres au paléolithique supérieu r.

Apparaissant vers -38 000, elle disparaît avant -30 000.

Son interpréta tion fait déb at : il s'agit pour les uns d'une évolution du moustérien sans influence extérieure; pour les autres, le châtelperronien témoigne des contacts entre Néandertaliens et hommes modernes .

lA POINTE DU CHATELPERRONIEN Allongée , elle a un dos abattu, obte nu par retouches abruptes continues , directes, inverses ou croisées .

Ce dos, comme celui de la lame d'un couteau , renforce la résistance de la pointe et en permet un appointage très fin.

LES BURINS Ces outils, généralement en silex, présentent un biseau court robuste bien adapté pour entai ller et rainurer les bois de renne et en extraire des baguettes destinées à la confection de pointes de sagaie.

L'industrie osseuse apparaît en effet dès cette époque, avant de se généraliser et de se diversifier à l'aurignacien .

LES OUTILS DE L'HOMME MODERNE Entre 40 ooo ans et 35 ooo ans, l'homme moderne , Homo sapiens sapiens , présent en Afrique de l'Est et au Proche-Orient dès -100 000, se répand en Eurasie, où il supplante les Néanderta liens.

Il est associé à de nouvelles industrie s, celles du ptlléolitbiqR supér ieur, caractérisées par de nombreuses innovations technologiques .

La diversification des outi ls et des armes -et leur spécialisa tion -est spectacu laire : on en connaît plus de 100 variétés .

Un débitage rationalisé .

Au débitage Levallois succède le débitage laminaire.

De gros blocs de pierre , ou nucléus, soigneusement choisis , sont préparés de manière à débiter ensuite de longues lames plates, tranchantes sur les deux bords.

Ce débitage rationa lisé permet une économie considérable de la matière première : André Leroi­ Gourhan a ainsi calculé que Cm­ Magnan , prem ier homme moderne présent en Europe, tirait 8 rn de tranchant utile de 1 kg de silex (contre 2 rn pour Néanderta l).

Le travail du silex est facilité par un chauffage préalable du nucléus .

Les lamelles à dos.

Elles se systématisent, car elles se prêtent particulièrement bien à la fixation sur des hampes en bois de renne rainurées : seul le bord tranchant de la lame ainsi retouchée émerge du fût.

De nouveaux outils .

Les poinçons , en os ou en silex, petites pointes très acérées, sont utilisés pour perforer les peaux .

Le déve loppement du travai l des peaux, pour l 'habillement ou la couverture des habitations , suscite également l'apparition du grattoir , lame ou éclat en pierre, assez épais et retouché à l'une de ses extrémités.

De nouvelles armes.

Les matières osseuses, principalement des ramures de cervidés, sont façonnées pour créer de nouvelles armes (sagaie, harpon) ou en décup ler la force (propulseur), LE 'RAVETTIEN (27000-22000 ANS) Parmi d'autres outils , vers -20 000 ans apparaît l'aiguille à chas , qui devient commune dans les habitats solutréens.

Elle est façonnée dans un os long, dont on détache une esquille après l'avoir préalablement rainuré , puis polie avec une pierre en grès.

Le chas est percé au moyen d'un poinçon .

Des tendons d 'animaux mâchés fournissent le «fil» .

lE SOLUTR ÉEN (22 000-18 000 ANS) Défini à Solutré (Saône-et-Loire), le solutréen est caractérisé par les pointes à cran, p lus faciles à emmancher.

La technique de retouches plates , à bords para llè les, par pression d 'un retouchoir tendre en ramure , os ou bois, sur les bords en arêtes vives de la lame initiale, permet le façonnage de pointes parfaitement équilibrées au niveau du poids et extrêmement fines : certaines ont moins de 1 mm d'épaisseur .

Retouchée entièrement sur ses deux faces, la pointe est dite en feuille de laurier; sur une seule face , elle est en feuille de saule.

Dans les deux cas, ce sont des armes de chasse.

petite taille (moins de 1 cm de grand axe pour certaines) et de forme souvent géométrique (segment de cercle, triangle , trapèze ).

Entre autres usages , ces microlithes sont utilisés comme pointes de flèches ou comme barbelures fixées sur la hampe de ces mêmes flèches.

Certains équipent des couteaux à moissonner en bois de cervidé , ancêtres des faucilles.

L'invention de l'arc.

Les plus anciens arcs, mis au jour en Allemagne , sont datés de 8 ooo ans, mais ce type d'arme est représenté dans l'art pariétal d u L evant espagnol dès la fin du magdalénien .

L'inventio n en a sans doute été favorisée par l'extension des forêts, liée au réchauffement climatique.

En orme ou en bois de résineux.

à courbure unique ou à trois force et à une vitesse supérieure à celle qu'offre le propulseur .

1------------- -l LES OUTILS DES PAYSANS permettant une ch11sse plus efficace et adaptée aux transformations de l'environnement au cours de cette longue période.

Les barbelures.

Ces lamelles de silex minces et allongées sont fixées au moyen d'une résine de conifère le long du fût rainuré des sagaies, qu'elles rendent encore plus mutilante s.

Au retour de la chasse , la résine est amollie LE PROPULSEUR Invention des derniers Solutréens, surtout utilisé par les Magda léniens, le propu lseur est un «bâton» droit d'une cinqua ntaine de centimètres, coupé dans un merrain de cervidé, parfois dans u n os, et term iné par un crochet : on pose horizontaleme nt sur ce bâton la sagaie, contre le crochet qui la maintient en place.

L'impulsion, pour le jet, est donnée au propu lseur, qui fait levier.

La sagaie est propulsée beaucoup plus loin, plus vite et p lus fort.

L e c h asseur peut ainsi atteindre des animaux rapides à la course.

L e p ropulse ur, souvent gravé ou sculpté, était encore utilisé récemme n t par les lnuits et les Aborigè nes d'Australie .

à la chaleur du feu; les barbelures ,__ __________ ___, endommagées sont ôtées et remplacées .

L e paléolithique supérieur est divisé en cultures qui se distinguent par des modes de vie, des évolutions artistiques et des industries caractéristiques, mais qui peuvent se chevaucher .

L'AUR"NACIEN (40000-25010/20010 ANS) Défini à Aurignac (Haute-Garonne), l'aurignacien se caractérise par de grandes lames à fortes retouches écailleuses, des grattoirs épais, des burins busqués, ainsi que par l'apparition des poinçons et des sagaies.

Les pointes de sagaie sont façonnées dans des baguettes prélevées dans les merrains (tronc des bois) des cervidés.

Elles peuvent être plates , à section cylindrique ou ovale, à base b iseautée, fourchue ou allongée.

Les bâtons percés, en bois de renne, perforés à la hauteur d 'une ramification et souvent décorés , restent énigmatiques .

Ils pourraient avoir été utilisés pour redresser les hampes de sagaie .

LE MACiDAL tNif N ( 18000 -10000 ANS) L'apparition du hameçon et du harpon coïncide avec le développement de la pêche en eau douce à la fin des temps glaciaires.

Taillé dans des bois de cervidés , le h11rpo • est barbelé sur un bord, ou sur les deux , et fixé sur une hampe; i l est souvent perforé à sa base pour y passer une ligne, servant ainsi tantôt à la chasse en milieu aquatique , tantôt à la pêche .

1;111 ,\1 Jj,j jii : 1 1 ·t!1j Époque de transition climatique et culturelle, entre paléolithique et néolithique , le mésolithique s'étend de 10 000 ans environ à 8 000 ans pour l'Europe .

Les microlithes .

Abondantes , ces armatures de silex pointues sont de L e n éolithique, période qui s'ouvre au Proche-Orient dès le x• millénaire, correspond à la sédentarisation des hommes et à l'avènement de l'agriculture.

La pierre polie .

Le polissage , d 'abord motivé par des considérations esthétiques, a été au travail de la pierre est perpendiculaire au manche .

Cette dernière est un outil de charpentier : la plus ancienne a été découverte à Mureybet , en Syrie, où les natoufiens construisirent les premières maisons maçonnées , soutenues par une charpente.

Aux champs .

Les outils des premiers agriculteurs restent rudimentaires : un L'EMMANCHEMENT DES OUTILS Dès le p a léolithique su périe ur, les hom mes emm anchent leurs outils et leurs a rmes pour donner à leurs gestes p lus de préc ision et de force.

L'armature peut être directement forcée dan s le man che, e n bois ou en os, p réala bleme nt perforé au moyen d'un perço ir.

La fixation peut égaleme n t se faire au moyen d'une résine, une ligature de liens végétaux venant éventuellement renforcer l'emmanche ment.

Au IV• millénaire, les hommes d u néolithique inventent la gaine en b ois de cerf pour leurs haches : inte rmédiaire entre le manch e en bois et la lame de pier re, elle a mortit les chocs , évitant que la partie en pie rre fasse éclater le manche en bois .

Elle permet l 'u tilisation de lames moi n s grosses, ce qui assure l'économie d'une m atière première -le silex - q ui se raréfie en raison d'une dem ande accr ue.

Autre atout non négligeable : chacu n des éléme nts peut être ch a n gé séparéme nt s'il est défectueux.

simp le b â ton à fouir permet de creuser les trous pour enterrer les semences.

Pour briser les mottes , le paysan peut avoir recours à une pioche, ou houe , en bois ou bois de cerf.

Pour la récolte , la faucille apparaît dès -9500 au Proche-Orient : c'est d'abord une longue lame droite , en silex, insérée directement dans un manche recourbé.

Puis elle évolue vers la forme que nous connaissons.

Au village.

Pilons et mortiers, molettes et meules dormantes en pierre tendre servent à transformer le grain en farine .

La transformation de l'alimentation, la consommation de soupes et de bouillies entraînent l 'usage d'ustensiles nouveaux : cuillères, louches et spatules sont façonnées dans des os ou du bois.

DE LA PIERRE AU MÉTAL forgerons fabriquent de lourds outils de lllitt1 / .

Alors seulement seront supp lantés les outils lithiques, qui subsisteront pourtant jusqu'au xx< siècle parmi les peuples que n'ont pas touché les progrès de la métallurgie et du machinisme .. »

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