Les pays en développement
Publié le 31/12/2018
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UN MONDE INÉGAL
Au cours des dernières décennies, le monde a connu un développement économique considérable, marqué par une intensification des échanges internationaux et des révolutions technologiques. Mais la production des richesses n'a pas bénéficié à tous dans les mêmes proportions, et en particulier aux nombreux États qui ont accédé à l'indépendance durant cette période. Aujourd'hui, 130 pays sont toujours considérés comme « en développement », c'est-à-dire n'ayant pas atteint un niveau de croissance suffisant pour assurer le bien-être de leurs populations. Sous-équipement, endettement, insécurité sont pour ces pays autant de handicaps que l'ONU et ses institutions ainsi que des financements occidentaux tentent de corriger. L'intégration économique mondiale - la mondialisation - a par ailleurs des effets contrastés sur les pays qui peinent le plus à s'arracher au sous-développement. L'avenir de ces États, ou tiers monde, reste l'un des grands enjeux mondiaux.
DU TIERS MONDE AUX PED
Définition du tiers monde
• Le terme de « tiers monde » apparaît pour la première fois le 14 août 1952 dans un hebdomadaire, L'Observateur politique, économique et littéraire, sous la plume d'Alfred Sauvy, dans un article intitulé « Trois mondes, une planète ».
Le tiers monde y est décrit comme l’ensemble des pays n'appartenant ni au bloc de l'Ouest ni à celui de l'Est.
• À l'expression politique
« tiers monde » a succédé celle - économique - de « pays sous-développés », puis de « pays en voie de développement » (PVD). Aujourd'hui, on parle simplement de « pays en développement » (PED).
• Ces pays constituent un ensemble très hétérogène. Ils sont cependant unis par un trait commun : celui
de n'avoir pas connu la révolution industrielle qui a transformé les pays aujourd'hui dits « développés ».
Une réalité disparate
• Les pays en développement recouvrent des situations si contrastées qu'on ne peut parler d'un tiers monde, mais
« des » tiers mondes.
• La Banque mondiale classe les pays en développement en trois groupes : celui des pays à faible revenu - dont le produit national brut par habitant (PNB/hab.) est inférieur à 760 dollars - soit
72 États regroupés sous l'appellation de Pays les moins avancés (PMA) ;
celui des pays à revenu intermédiaire
- dont le PNB/hab. est compris entre 761 et 3 030 dollars - soit 42 États ; celui des pays à revenu intermédiaire, tranche supérieure -dont le PNB/hab. est compris entre 3 031 et 9 360 dollars - soit 16 États.
• Les pays en développement sont au nombre de 130 : en font partie tous les pays d'Afrique noire, du Maghreb, du Proche et
du Moyen-Orient - sauf Israël et les émirats pétroliers -, de l'Amérique latine, de l’Asie
- hormis le Japon et les « dragons » de l'Asie du Sud-Est (Corée du Sud, Hong Kong, Singapour, Taïwan) -et de l'Océanie - exceptées l'Australie et la Nouvelle-Zélande.
• Enfin, les économies émergentes sont les PED connaissant une industrialisation accélérée et une intégration rapide dans les échanges internationaux et offrant un attrait pour les investisseurs étrangers : Chine ou Inde en Asie, Brésil
ou Mexique en Amérique latine, île Maurice dans l'océan Indien. Ces pays présentent toutefois un faible PNB rapporté au nombre d'habitants et une grande partie de leur population vit toujours dans la pauvreté.
La fracture économique Nord-Suo
• La prise en compte de la place des échanges dans le phénomène de développement explique le recours de plus en plus fréquent au terme de « Sud », à la place de celui
de PED, pour désigner les pays non industrialisés. L’inégalité des échanges Nord-Sud - voire Sud-Sud -contribue à opposer un Nord riche à un Sud pauvre.
• Toutefois, cette opposition Nord-Sud ne correspond qu'à peu près à la réalité géographique. Tous les pays en développement ne sont pas situés au Sud, ni tous les pays riches au Nord.
LES PROGRÈS RÉALISÉS DANS LES PED
Selon le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), « les pays en développement ont réalisé en trente ans les mêmes progrès humains que ceux accomplis par les pays industrialisés, mais en près d'un siècle ».
Une espérance de vie en progression • En progression régulière, l'espérance de vie mondiale moyenne à la naissance est aujourd'hui de 64 ans pour les hommes et de 67 ans pour les femmes. L'écart entre les pays riches et les pays pauvres se resserre : le différentiel n'est plus que de 9 ans pour les hommes
- il était de 24 ans en 1955 -et de 14 ans pour les femmes
- il était de 27 ans en 1955.
«
lA
PRODUCTION INDUSTRIELlE
• Depuis les années 1980, l'expansion
industrielle s'est ralentie en Afrique
et en Amérique latine, en raison des
crises économiques quasi endémiques
dans ces continents et de la stagnation
économique en Occident.
·Si l'Asie connaît globalement
un développement industriel,
celui-ci demeure concentré dans
les Nouveaux Pays industrialisés (NPI},
les « petits dragons », qui ont pris leur
essor dans les années 1970, auxquels
il faut ajouter la Chine qui a vu son
dynamisme économique couronné par
une adhésion à I'OMC en 2001, mais
aussi d'autres économies émergentes
comme la Malaisie et l'Indonésie.
LES RAPP ORTS
ÉCONOMIQUES NORD· SUD
LES tCHANGES ENTRE PAYS DtVELOPPtS
ET PAYS EN DWELOPPEMENT
• Depuis 1990, le volume des produits
manufacturés exportés par les PED
est en constante progression.
Il représente plus de la moitié de
leur commerce extérieur.
Les matières
premières constituent donc moins
de la moitié des exportations, dont
moins d'un tiers sont des combustibles.
• Les trois quarts des exportations
des PED sont réalisées avec les pays
industrialisés.
Inversement, le Sud
achète dans les pays développés
moins de 20 % des produits
manufacturés qu'il importe.
• Enfin, contrairement aux idées reçues,
la majorité de la production mondiale
agricole et des extractions minières
- hors pétrole -provient du Nord.
l'INSTABILirt DU PRIX
DES PRODUITS DE BASE
• Depuis 1980, les échanges Nord-Sud
se sont dégradés, entraînés par la chute
du prix des matières premières
agricoles et industrielles.
• J:instabilité du prix des produits
de base s'explique en partie par la
surproduction, la mauvaise conjoncture
dans les pays riches et par la mise
au point de produits de substitution.
lEs EFFETS DE LA CRISE tCONOMIQUE
• La poursuite de crise économique
a rendu plus difficile le remboursement
de la dette contractée par les PED
dans les années 1970.
• Entre le besoin du tiers monde
d'emprunter toujours plus pour financer
son développement et les prêts
inconsidérés accordés par les banques
occidentales, la dette a démesurément
gonflé.
Entre 1980 et 1990, le montant
de celle-ci est passé de 580 milliards
de dollars à 1 500 milliards de dollars.
• Avec une dette totale presque égale
à son revenu annuel, l'Afrique est
la zone financièrement la plus fragile.
• Parmi les autres États dont les
finances ont été particulièrement mises
à mal par la crise financière des années
1980 figurent le Brésil.
dont la dette
s'élève à plus de lOO milliards de dollars,
le Mexique, l'Argentine, mais également
les Philippines, le Maroc ou le Nigeria.
• Cet endettement excessif provoque
aussi une augmentation de l'inflation.
LE PltGE DE L'ENDETTEMENT EXTtRIEUR
• En 1989, le plan Brady -du nom
du secrétaire américain au Trésor
de l'époque - a instauré des remises
et des rééchelonnements de dettes.
• Parallèlement, ce plan a suscité
la création d'une forme de tutelle
du Nord sur le Sud, à travers le FMI
et la Banque mondiale.
Cette tutelle
ajoute des pressions politiques
aux problèmes économiques.
• Pour les pays les plus pauvres,
comme ceux de l'Afrique subsaharienne,
le remboursement de la dette
représente aujourd'hui le quart
de leurs recettes d'exportation.
Pour les pays à revenu intermédiaire,
le taux est encore plus élevé (40% pour
la Côte d'Ivoire et 60 % pour l'Algérie).
• Une telle ponction sur leurs
ressources obère le développement
des régions concernées.
• Les remises de dette ponctuellement
octroyées par les pays créanciers
entérinent un état de fait plus qu'elles
ne contribuent à résoudre le problème.
l'INSÉCURIT É.
FREIN
AU DÉVELOPPEMENT
L'insécurité -sous toutes ses formes
constitue le plus marquant des facteurs
du sous-développement.
l'INStCURITt ALIMENTAIRE
• L'insécurité alimentaire est due
à la faiblesse des rendements,
à l'absence de système de
commercialisation efficace,
aux migrations engendrées par
les guerres civiles, aux « douanes »
intérieures.
• Elle entraîne la malnutrition des plus
t-------------_, pauvres,
les populations rurales comme
les masses urbaines, et affecte quelque
750 millions de personnes.
LE
FONDS EUROPÉEN
DE DÉVELOPPEMENT
• Financé par les contributions
volontaires des membres de
l'Union européenne, le 9' Fonds
européen de développement (FED),
en vigueur pour la période 20()()-
2005, s'élève à 13,8 milliards
d'euros.
La contribution française,
la plus importante, représente
24,3 % du total.
• Mis en œuvre sous forme
de subventions, le FED finance
des programmes nationaux ou
multinationaux des PED.
Le FED
met l'accent sur le développement
rural et l'autosuffisance alimentaire,
la protection de l'environnement,
le développement social, culturel
et l'éducation des populations.
•
Les premières victimes en sont les
enfants.
Plus de 300 millions d'entre
eux présentent les signes d'une
croissance et d'un développement
retardés.
La malnutrition influe aussi
sur leur scolarisation.
l'INStCURirt SANITAIRE
• J:insrcurité sanitaire est liée au •
La surmortalité infantile en est la
conséquence première.
Chaque jour,
40 000 enfants âgés de moins de 5 ans
meurent en raison d'une défaillance
de soins, soit plus de 14 millions par an.
• Cette surmortalité est engendrée par
les difficiles conditions d'accouchement,
l'ignorance des règles nutritionnelles
pour le sevrage et la croissance,
le manque de vaccin -dans certains
pays, le nombre d'enfants vaccinés
est retombé à 17 %- et la rareté
des points d'eau potable.
• Dans les zones troublées par les
guerres, les épidémies de choléra,
de rougeole, de maladies diarrhéiques
et respiratoires déciment les populations.
• Toujours endémique, le paludisme
est de plus en plus résistant, surtout en
Afrique.
Depuis 1990, cette maladie y
connaît une recrudescence et provoque
près de 2 millions de morts par an.
• Ultime fléau, le sida ne cesse de
se propager.
En Afrique,
il est devenu
la première
cause de
mortalité.
Il a ainsi
fait chuter
l'espérance de
vie de vingt ans
au Botswana et de dix ans en Afrique
du Sud.
Il touche au total plus de
15 millions de personnes dans les PED.
l'INStCURITt POLITIQUE
• Malgré les progrés du parlementarisme,
les PED restent dominés par les
régimes autoritaires : la presse y est
souvent muselée et les droits de 11lomme
niés -que ce soit ceux des minorités
politiques, ethniques ou religieuses.
• Environ 25 millions de personnes
dans le monde ont le statut de réfugié.
Chassées par la guerre ou par les
persécutions, elles ont fui leur pays
et survivent dans des camps situés
au-delà des frontières, grâce à la seule
aide internationale.
Quelque 25 autres
millions de personnes sont déplacées
dans leur propre pays.
l'INStCURirt ENVIRONNEMENTALE
• À la merci d'incidents climatiques et
de catastrophes naturelles-inondations,
sécheresse, tremblement de terre,
éruption volcanique ou invasion de
criquets -, les PED n'ont pas les moyens
de prévenir ou de maîtriser ces fléaux.
• Ils sont le théâtre de nombreuses
atteintes portées à l'environnement :
déboisement.
avancée du désert
pollutions industrielles et marines,
épuisement des ressources non
renouvelables ...
•
Sans dèveloppement les PED peineront
de plus en plus à nourrir, soigner
et éduquer leur population.
Dans
cette optique, et avec l'aide des agences
spécialisées de l'ONU (AID, BI RD, FAO,
FMI, OMS, UNESCO ...
) et des ONG,
quatre voies se dessinent.
l'INVESTISSEMENT HUMAIN
• Le monopole dont disposent les pays
:-----.
développés
sur la
technologie et la recherche
fondamentale
engendre l'exode
des cef'!leaux
du Sud
vers le Nord.
• Cet exode n'est toutefois pas
inévitable, à l'exemple de l'Inde,
qui abrite des centres de recherche
avancée, notamment dans le secteur
informatique, et où des banques
occidentales délocalisent une partie
de leurs activités d'analyse financière.
LE TRANSFERT DE TECHNOLOGIE
• Pour améliorer leur productivité, les
PED doivent se moderniser et recourir
aux technologies d'origine étrangère.
• Plusieurs obstacles freinent la diffusion
de celles-ci : le coût élevé des licences
et brevets, des produits nécessaires,
de l'installation de laboratoires
sophistiqués et de la rétribution
d'un personnel hautement qualifié,
ainsi que l'absence de liens entre
l'université et l'industrie.
• Des solutions à cette situation
peuvent être apportées par le biais
de la formation de techniciens à
l'étranger ou l'apport de main-d'œuvre
émigrée, de la création d'écoles
techniques et professionnelles,
de l'adaptation des technologies
modernes en les associant avec
des techniques traditionnelles.
• L'appareil étatique des PED doit
intervenir non seulement pour créer
le contexte institutionnel et juridique
indispensable à l'économie de marché,
mais aussi pour apporter des
instruments de politique budgétaire
et monétaire qui seront favorables
au développement.
• La stabilité politique constitue
la principale conditions pour stimuler
le développement économique.
Les perspectives de démocratisation
dans de nombreux PED, ouverte
au début
des
années 1990,
apportent
à cet égard
un espoir
qui demeure
toutefois
- �-· --fragile.
• Aujourd'hui, comme le montre l'essor
des petits pays asiatiques, le processus
de développement ne peut se réaliser
à l'écart du marché mondial.
Ce dernier
est à la fois le destinataire des produits
manufacturés fabriqués par les PED, mais
aussi un pourvoyeur d'Innovations
et d'informations.
• Toutefois, cette conquête des marchés
extérieurs, pour être efficace, doit
s'appuyer sur un marché intérieur solide.
LE DÉVELOPPEMEN T
DURABLE
• Le développement durable propose
une gestion plus réfléchie, plus équitable
de la planète et de ses ressources
naturelles afin de répondre aux besoins
présents sans compromettre l'avenir
des générations futures.
• Aujourd'hui, cette question constitue
un nouveau défi pour la coopération
entre le Nord et le Sud.
LA GESTION DES RESSOURCES NATURELLES
• La gestion des ressources minières,
végétales et animales est au centre
des préoccupations des pays du Nord.
Les taux de déboisement en Amérique
latine et en Asie sont aujourd'hui
supérieurs à 1 % du total restant par
an.
Or, la régression des forêts a de
graves conséquences sur le climat la
vie des gens et la survie des animaux.
• Si cette prise de conscience d'un
devenir commun de l'humanité est
encourageante, elle n'est pas partagée
par les pays du Sud dont l'objectif
premier est de s'assurer des revenus
d'exportation, en vertu du droit de
disposer librement de leurs ressources
naturelles affirmé par l'ONU en 1952.
• Il s'ensuit une sorte de marchandage
entre PED et pays industrialisés.
Les premiers acceptent le principe
de la mise en place d'une gestion
des ressources contre l'octroi
de concessions économiques
par les seconds.
Le Sud exige aussi
un traitement différencié en matière
de normes environnementales.
lA PRIORllt À ACCORDER
• Aujourd'hui 1,3 milliard d'habitants
n'ont pas accès à l'eau potable,
et 1,5 milliard à un réseau
d'assainissement.
Ce sous
équipement est la cause essentielle
de la mortalité infantile.
• Dans les pays qui connaissent
un début d'Industrialisation,
la pollution urbaine est plus importante
que dans les pays occidentaux.
Plus de 1,7 milliard de personnes
vivent dans des zones où les normes
fixées par l'Organisation mondiale de
la santé (OMS) ne sont pas respectées.
• La lutte contre la désertification
et la diminution du rendement
des terres agricoles concerne
plus de 1 milliard de personnes.
Au fléau de la sécheresse s'ajoutent
des techniques archaïques et une
mauvaise utilisation de l'irrigation.
Des institutions de l'ONU fournissent
conseils techniques et appuis financiers
à des programmes de gestion des
ressources agricoles et hydrologiques
qui associent étroitement
les populations concernées..
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