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Les Tsiganes

Publié le 24/08/2013

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Cette instabilité devait conduire les Roms à quitter la Perse, où ils avaient toujours refusé de se sédentariser et de devenir agriculteurs, ce qui n'avait en soi rien d'exceptionnel dans un pays comptant de nombreuses ethnies

ENTRE HISTOIRE ET FANTASMES

Bohémiens, Égyptiens, Turcs, Roumains... Trahissant la confusion entourant les origines des Tsiganes, les termes ne manquent pas dans le langage populaire pour désigner ces « gens du voyage« vivant en marge de la

société et nimbés d'un

mystère, souvent entretenu, et épaissi par la pratique de la voyance, des arts divinatoires et autres disciplines nomades. Manifestant déjà leur singularité par cet exil volontaire, ceux qui refusent de rester en Perse, les plus nombreux, se scindent, à une date indéterminée, en deux groupes migratoires, l'un se dirigeant vers le nord-ouest et l'Europe, l'autre vers le sud-ouest et l'Égypte.

« • Ayant dO partout s'adapter pour survivre, les Tsiganes abusent parfois de la crédulité des populations locales, se donnant des titres de princes orientaux qui leur ouvrent les portes des grandes demeures seigneuriales ou se faisant héberger et nourrir par les communes en échange de leurs services de musiciens, de tllsftii'S thlloMe nMIIIft , de vanniers, de maquignons ou de dresseurs .

les Bohémiens entrés DE L'ESPAGNE À L1c:OSSE • C'est en qualité de pélerins en partance pour Saint-Jacques-de-Compostelle qu'une partie des Tsiganes de France se dirige vers l'Espagne, d'abord en Castille, où ils sont accueillis en 1447 , puis en Andalousie, dés que celle-ci est libérée de la domination arabe.

À la fin du xv• siècle, ils devaient croiser les représentants du deuxième groupe de Roms partis quelques siècles plus tôt de la Perse pour l'Égypte qui, aprés un long périple à travers le Maghreb jusqu'à Gibra~ar, faisaient route vers la France et le nord de l'Europe.

• En 1492, les Tsiganes apparaissent dans les nes britanniques et sont signalés en Écosse en 1505.

Un autre courant migratoire pousse les Tsiganes des Balkans vers le nord, en Pologne et en Lituanie, et jusqu'en Russie .

DES IOUCS biiSSAIIES • l'hospitalité certes relative dont avaient bénéficié les Tsiganes à leur arrivée laisse vite la place à une hostilité manifeste des autorités et des populations locales, qui leur reprochent d'abuser de leur générosité.

les villes leur ferment leurs portes , les campagnes les rejettent les contraignant à voler, de la nourriture surtout (la maraude), mais aussi des chevaux .

leur mauvaise réputation est faite, et les Tsiganes sont dés lors accusés de tous les maux.

de la sorcellerie aux enlèvements d'enfants.

• Réagissant à l'afflux de plaintes visant les Tsiganes, les États prennent des mesures plus ou moins sévères, la Suisse dés 1471, l'Espagne en 1499, le Saint Empire germanique en 1500, la France en 1539 .

Dans tous les États d'Europe, des actes officiels imposent aux Tsiganes de quitter le pays ou de se sédentariser et de renoncer à leur cu~ure .

Ceux qui refusent l'Injonction risquent de graves condamnations -ils sont envoyés aux galères le plus souvent -ou subissent la flagellation comme en Allemagne où les exècutions sont fréquentes .

la PI!MitiES DOoiJATIONS VEIS W M(IIQVES • Ce climat répressif va entrainer dés le XVI' siècle une nouvelle migration des Tsiganes, le plus souvent forcée, vers le Nouveau Monde .

les Espagnols et les Portugais les déportent ainsi vers leurs colonies aux Amériques , mais un peu plus tard, les Tsiganes, s'embarquent à bord de navires anglais .

Ils prennent alors part à la colonisation de l'Amérique du Nord , formant des communautés en Virginie et en louisiane, parfois dans les nes des Cara·•bes comme la Jamaïque .

TENTATIVES D'(UMINAnON 0 D'INT(GIAnON • les Tsiganes, qui avaient déjà payé, en raison de leurs incessants déplacements, un lourd tribut à la sanglante guerre de Trente Ans (1618-1648) entre États catholiques et protestants d'Europe, sont rattrapés par les guerres de religion en France, où ils subissent l'intolérance de louis XIV.

Peu avant la Rèvocation de l'édit de Nantes (1685), par laquelle louis XIV interdisait le sol français aux protestants, des textes royaux promettent aux Bohémiens les mêmes persécutions et dragonnades et appellent à leur élimination du royaume de France .

• la situation des Tsiganes d'Europe ne cannait guère d 'amélioration au cours du XVIII' siècle .

• À partir de la fin du XVIII' siècle et tout au long du xiX' siècle, sous l'effet de la Rèvolution française et du mouvement romantique, l'Europe cherche des solutions plus pragmatiques pour sédentariser ces Bohémiens, qui incarnent un certain idéal de liberté .

• En Hongrie, on leur donne des terres et des bêtes, qu'ils préfèrent le plus souvent revendre pour reprendre la route, même si certaines de ces tentatives de sédentarisation sont couronnées de succès .

• l'Espagne cherche aussi à sortir les •- de la marginalité, en interdisant se solde par un èchec .

l'usage du mot gitano et en les forçant à abandonner leur langue et leur style de vie; mais cette tentative brutale d'assimilation • En revanche, aux Pays-Bas, les méthodes sont plus expéditives.

Des battues sont organisées jusqu'à la fin du XIX' siècle contre les Tsiganes , qui devront presque tous quitter le pays.

DE NOUVEWS VAGUES D'biiGIAnON FOidE VEIS 1.' AllhiQUE • À partir du XVIII' siècle, la déportation des Tsiganes vers le Nouveau Monde comme moyen de se débarrasser d'une population encombrante se généralise.

• Les Portugais, les Espagnols et les Anglais organisent des rafles systématiques de Tsiganes déportés vers l 'Amérique du Nord, le Brésil et d'autres pays d 'Amérique latine .

Ce n'est que vers la fin du XIX' siècle que les Tsiganes participent de leur plein gré aux mouvements migratoires vers l'Amérique .

• la plus grande vague d'émigration vers l'Amérique du Nord commence dans les années 1860, avec les Romanichels du Royaume-Uni, suivis au début des années 1900 par les Kalderash de Valachie .

ENTIE ESCLAVAGE 0 OSTIACISME • les nombreux Tsiganes restés dans les provinces roumaines de Valachie et de Moldavie n 'ont été affectés qu'au XIX' siècle par les mouvements migratoires .

Réduits en esclavage depuis le milieu du xv• siècle dans ces provinces, ils ont gardé la condition d 'esclave jusqu 'en 1855, une rançon de leur habileté dans de mu~iples formes d'artisanat par lesquelles ils avaient su se rendre indispensables .

Une fois affranchis, leur sort était à peine plus enviable.

• S'ils n'ont pas eu la condition d'esclaves en France, les Tsiganes ont payé leur refus de se fixer d'une série de mesures répressives .

Ils sont ainsi visés par l'arsenal législatif visant à contrôler la population , comme la loi sur le« livret ouvrier» de 1803 et celle de 1850 sur la carte d 'électeur, qui menacent de prison pour vagabondage ceux qui ne peuvent prouver leur domiciliation .

Supprimés en 1890, ces dispositifs« anti-ouvriers» continueront à s'appliquer au XX' siècle aux Tsiganes, tenus pour une catégorie dangereuse .

• Dans le Roussillon pourtant ils jouissent d'une certaine liberté, se sédentarisant et nomadisant à leur guise , mu~ipliant les contacts avec les Gitans d'Espagne, participant aux foins th Nhaes et Beaucaire et se réunissant chaque année aux Saintes-Maries-de-la -Mer.

LE XX' SIECLE : LE TEMPS DU GENOCIDE Sous LA MENACE DES NAnONAUSMES • À la veille de la Première Guerre mondiale, les Tsiganes sont frappés de plein fouet par la vague des nationalismes qui déferle dans la plupart des pays d'Europe .

• En France , la loi de 1912 sur «l'exercice des professions ambulantes et la circulation des nomades» limite considérablement la liberté de mouvement des Tsiganes par l'astreinte d'un • carnet anthropométrique d'identité» qu'ils doivent faire tamponner à chacun de leur déplacement.

• Sous surveillance en France, les JS1fnes font face à des mesures similaires dans plusieurs autres pays d'Europe, où leur situation s'aggrave de façon significative après la fin de la Première Guerre mondiale .

• En Europe orientale , notamment en Roumanie, l'accession au pouvoir des partis nationalistes renforce l 'ostracisme dont ils font déjà bien souvent l'objet.

Mais ce n'est rien comparé au sort que leur réserve le parti national-socialiste d'Ade~ Hitler .

la AMIIGUh'ù DU SYS'ItME COMMUNISTE • Dans les pays d'Europe de l'Est où ils sont le plus nombreux.

les Tsiganes doivent faire face à l'ordre soviétique.

Sédentarisés de force et dépossédés de leur cu~re par un système qui ne tolère pas leur individualisme, ils bénéficient en contrepartie d'avantages sociaux et retrouvent une certaine dignité .

• En Roumanie , ils sont même considérés comme les hommes de main de la dictature de Ceaucescu, ce qui leur vaudra d'être soumis à de mu~iples tracasseries après la chute du régime communiste .

Dans les autres pays d'Europe centrale et orientale, la chute du système communiste au début des années 1990 libère aussi les vieux démons du nationalisme et du populisme, dont les Tsiganes font les frais.

VEIS UNE RECONNAISSANCE DES DIOm DES IOMS • Mais l'Europe ayant dècidé de s'acquitter de sa dette à l'égard de ce peuple persècuté, le respect du droit des Tsiganes figure au nombre des conditions posées pour l'entrée de ces pays dans l'Union européenne .

De fait, l'Intégration dans l'Europe de pays comptant une forte minorité tsigane, comme la Slovaquie et la Hongrie en 2004, et la Roumanie et la Bulgarie en 2007, se traduit par une amélioration sensible du sort Du IESCAHs DE LA • sownON RNALE • de ces populations, qui font toujours • Dés leur arrivée au pouvoir , en 1933, partie des catégories les plus pauvres les nazis organisent une répression mais sont moins sujettes aux féroce contre les Tsiganes , considérés discriminations.

leur situation est comme une race inférieure .

beaucoup plus délicate en ex-Yougoslavie, Des centaines de milliers de Tsiganes particulièrement au Kosovo.

devaient périr dans les camps durant • les Tsiganes ne sont pas non plus la Seconde Guerre guerre mondiale .

à l'abri des discriminations en Europe • les Tsiganes sortent profondément occidentale, où les heurts sont traumatisés de ce génocide, d'autant fréquents avec la population sédentaire qu'il est trop souvent ignoré, sinon environnante , qui supporte malle occu~é .

En France, il faut attendre 1969 voisinage de ces • gens du voyage • pour qu'une loi plus libérale remplace ayant pour seules attaches leurs celle de 1912, et 1988 pour que l'État roulottes et caravanes .

Les vieilles français reconnaisse sa responsabilité, peurs ressurgissent à l'approche des en dressant une stèle à la mémoire campements nomades, pour lesquels des victimes tsiganes sur l'un des sites les conditions d'accueil et de circulation de leur internement à Montreuil-Bellay font l'objet de dispositions réglementaires (Maine-et-Loire) .

trés diverses et souvent inadaptées .. »

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