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Lord Salisbury

Publié le 27/02/2008

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Au milieu du panneau central du réfectoire d'All Souls College, à Oxford, trône un majestueux portrait aux teintes sombres d'où émerge un visage méditatif : celui de Salisbury, trois fois Premier ministre (1885-1886 ; 1886-1892 ; 1895-1902), qui au total a dirigé la politique de l'Empire britannique pendant presque quatorze ans, c'est-à-dire plus longtemps que tout autre chef de gouvernement depuis l'époque de Lord Liverpool et de Pitt. De ce portrait se dégage une impression de volonté, de ténacité, voire de rudesse, renforcée encore par la pâleur du visage presque blafard ; mais il s'y mêle une teinte de mélancolie pensive. C'est que l'homme d'État, si déterminé qu'ait été le chef de parti ou le chef de gouvernement, est en même temps un intellectuel et un empiriste. A coup sûr, la véritable personnalité de Salisbury ne correspond ni à ce conservateur borné et impénitent ni à cet impérialiste provocant dont de trompeuses images d'Épinal ont colporté la légende. C'est d'abord et avant tout un représentant éminent de la vieille aristocratie, le dernier à diriger le parti conservateur et à gouverner l'Angleterre (si l'on met à part l'éphémère passage au pouvoir de Sir Alec Douglas Home, qui d'ailleurs a renoncé à son titre de noblesse en devenant Premier ministre), un homme recru d'expérience historique par tradition familiale, qui a beaucoup vu et beaucoup lu, mais dont le regard ne dépasse guère le monde raffiné de la culture et de la société dans lequel il est né et auquel il se sent appartenir. Attaché à cet univers privilégié pour lui-même et pour son pays, il cherche à en maintenir la suprématie, quitte à accepter les changements nécessaires et à consentir aux concessions indispensables pour pouvoir le perpétuer le plus longtemps possible.

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