Louise de La Vallière, reine d'un soir

« Nôtre.

Louis XIV se rend de plus en plus souvent à Ver­ sailles, rêvant aux futurs aménagements ; mais aussi savourant les plaisirs et ses amours ...

La fête des «Plaisirs de l'île enchantée», inspirée de Roland furieux, poème héroïco-comique de !'Italien Arioste, se prépare depuis des semaines.

Des tentes, des portiques, des pal is­ sades et de riches décors ont été mis en place par une ar­ mée d 'ouvriers et d'artisans .

Molière en personne supervi­ se la partie théâtrale .

Un autre Jean-Baptiste , Lully veille à la partie musicale.

Après une ultime répétition, comédiens, danseurs, musi­ ciens et figurants connaissent parfaitement leur rôle : la fê­ te peut enfin commencer.

Au cours de cette journée et de cette soirée exception­ nelles, concerts , représenta ­ tions théâtrales , défilés et tournois se succèdent à un rythme fou ; à peine inter­ rompus par des promenades et de délicieu ses collations.

Ce tourbillon merveilleux du ­ re une semaine entière.

Le soir, les six cents invités, éblouis par tant de faste, soupent à la lumière des chandeliers à vingt-quatre bougies et de deux cents flambeaux que des laquais masqués protègent des cou­ rants d'air.

Les doux charmes de l'amour Tout au long de ces jours, de ces nuits, étincelants, le cœur de Louise bat à l'unis­ son avec celui de son Louis bien aimé.

Bien sûr, la reine Marie-Thérèse est la marrai­ ne officielle des réjouis­ sances.

Le roi lui a même fait écrire un compliment à pro­ pos de son teint charmant.

Mais chacun sait, et elle la toute première, que Louise est l'unique élue du souve­ rain .

Louis le lui a dit publi- 0 _g a.

quement lors du carrousel d'ouverture , en plaçant so n frère, le marquis de La Val­ lière , dans sa troupe d'hon­ neur.

Pour clore les festivi­ tés, le roi organise une lote­ rie après le dîner .

Bijoux, meubles , bibelots d'argent sont diplomatiquement ré­ partis.

Le gros lot va à la rei­ ne Marie-Thérè se mais les pierrerie s vont à Louise .

Charmée par tant d'attention de la part du Roi-Soleil, elle manque défaillir de bon­ heur .

Elle est si heureuse qu 'elle ne voit rien ni per­ sonne d'autre autour d'elle.

Seulement un jeune homme beau et amoureux qui lui offre son amour.

Pour elle, « l'île enchantée» est une île déserte , juste pour elle et Louis.

UNE FEMME DE DIEU Louise de La Vallière est certainement la moins intéressée des favorites de Louis XIV.

Elle restera à la cour jusqu'en 1674; un record digne de cette femme qui ignore les intrigues et les compromissions .

Le roi la fait duchesse en 1667.

li légitime les deux enfants survivants des quatre qu'elle lui a donnés ; Marie-Anne de Blois, née en 1666, et Louis, comte de Vermandois, l'année suivante.

Bientôt, face aux manigances de madame de Montespan qui tente de gagner les faveurs du roi, Louise de Lavallière n'a plus qu'un seul désir : fuir le monde pour retrouver un amour vraiment divin.

En 1675, elle entre chez les Carmélites du Faubourg Saint-Jacques, sous le nom de sœur Louise de la Miséricorde.

Elle s'y distingue par une piété exemplaire et publie un opuscule, Réflex.ions sur la miséricorde de Dieu.

La reine Marie-Thérèse, qui l'a toujours appréciée, pour sa modestie et sa réserve, lui rend visite.

Louise de Lavallière meurt, l'âme en paix, en 171 O.

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