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Mahatma Gandhi

Publié le 27/02/2008

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gandhi
Qu'est-ce qu'un grand homme ? Là-dessus, les avis des historiens divergent. Il y a ceux qui disent que l'Histoire ramène aux biographies des grands hommes ; d'autres pensent que la rencontre de l'Histoire et des grands hommes ne se fait qu'après l'apparition, à l'horizon de la politique, d'événements d'importance ; enfin les déterministes marxistes avancent que seules sont déterminantes les vastes forces aveugles de l'Histoire qui suscitent et se donnent les grands hommes appropriés.             Mais toutes ces définitions, si contradictoires qu'elles puissent paraître les unes par rapport aux autres, ne s'excluent pas mutuellement en totalité. Car, à considérer l'histoire d'un pays, d'un peuple, ou d'une importante période historique, on voit que tel niveau d'organisation de la société engendre un certain type d'éventualité historique, qui, à son tour, s'ouvre à l'apparition de nouvelles figures dirigeantes. Une fois l'une d'elles imposée, c'est autour de sa geste politique que s'organise ou que gravite l'histoire du pays.             Un examen détaillé de l'histoire récente de l'Inde montrerait les liens qui unissent ces diverses définitions du grand homme, ou figure dirigeante. L'apparition d'une certaine industrialisation aux XIVe et XXe siècles engendra de nouvelles structures et forces sociales, y compris de nouvelles élites profondément marquées par la pensée occidentale, et ces éléments nouveaux ­ ces nouvelles forces historiques, dirait un marxiste ­ donnèrent une nouvelle dimension au nationalisme indien, qui, lui, suscita un homme nouveau, d'une stature nouvelle, sur la scène politique.             Cet homme, c'est Mohandas Karamchand Gandhi. Né à Porbandar, une petite ville du Kathiawar, en 1869, cet homme remarquable était le parfait représentant de l'homme du peuple. Au cours de leur longue et douloureuse histoire, les masses n'ont pas manqué de prophètes pour faire connaître leurs valeurs et donner une voix à leurs aspirations, mais aucun ne leur appartint si totalement. Il resta homme du peuple en dépit d'une naissance et d'une éducation qui avaient tout fait pour l'en séparer. Ni sa position sociale ni ses études de droit en Grande-Bretagne ne réussirent à le rapprocher des ésotériques réalités de l'intellect. Il représentait plutôt l'ascétisme traditionnel de l'Inde, fait d'automortification et de mendicité, et, jusqu'à sa mort, il vécut dans une totale nudité spirituelle. Pour une personnalité aussi complexe et, dans une certaine mesure, occidentalisée que Jawaharlal Nehru, Gandhi était " comme un puissant souffle d'air frais " qui " nous fait nous étirer et respirer profondément ; comme un rayon de lumière qui perce l'obscurité et fait tomber les écailles de nos yeux ; comme une bourrasque qui entraîne tout, mais surtout les esprits des travailleurs. Il ne descendait pas des sommets ; il semblait plutôt affleurer à la surface de millions d'Indiens, parlant leur langage et sans cesse attirant l'attention sur eux et leur effroyable condition ".    
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« intégré.

Une telle structure rendait possible la mobilisation des masses, et permettait de rester informé des désirs etsouhaits du peuple, et d'avertir rapidement et efficacement l'appareil et la base de tout changement à la tête duParti.

Cette transformation était, à l'évidence, vitale, car un mouvement ne peut se donner ni élargir une large basesans un réseau organisationnel efficacement implanté.

La transformation affecta également les objectifs du Parti.

Sous la direction de Gandhi, l'ancien mot d'ordre “ ungouvernement autonome au sein de l'Empire ” fut remplacé par l'exigence de complète indépendance, bien qu'il fûttacitement convenu que le statut de dominion ou l'indépendance au sein du Commonwealth seraient acceptés.

L'arme de ce combat nationaliste contre les Britanniques était typiquement indien.

La non-coopération non violenteavait ses racines dans le passé hindou : c'était le sitting dharna : un créditeur ou un plaignant s'asseyait sur le seuil du débiteur ou de l'auteur du préjudice et jeûnait, jusqu'à ce que mort s'ensuive ou qu'il obtienne réparation.

Laforce de cette pratique était de mettre en danger uniquement la vie de la victime de l'injustice, et non celle de sonauteur.

L'idée de faire de cette forme de lutte une arme politique semble s'être concrétisée pour la première fois versseptembre 1906, quand Gandhi la préconisa aux ressortissants indiens d'Afrique du Sud pour protester contre unamendement de la loi sur l'immigration, qui discriminait pratiquement les Asiatiques.

Aux yeux de Gandhi, elle avait ladouble vertu d'apprendre à ses compatriotes à mépriser la peur et à maîtriser la haine.

Il s'écoula presque une annéeavant que le décret d'application de l'amendement ne fût publié, mais entre-temps un organisme l'Association derésistance passive fut formé pour populariser l'idée de désobéissance civile.

Cette première manifestation, inédite,allait fortement contribuer à donner un ressort moral au mouvement.

Gandhi fut condamné à deux mois de prison,tandis que certains de ses compagnons l'étaient à six mois de travaux forcés.

Gandhi, à son retour d'Afrique du Sud, donna en Inde de nouvelles dimensions, quantitative et qualitative, aumouvement de résistance non violente.

Quantitative, dans la mesure où s'était accru le nombre de ceux quiopposaient une telle résistance au régime colonial, submergeant de leur nombre le petit groupe qui contrôlait legouvernement.

Comment aurait-il pu en être autrement, puisque les Britanniques étaient à peine plus de trois centmille dans une population de trois cent trente-quatre millions d'indiens ? A cela s'ajoutait l'élément qualitatif, boycott et non-coopération, refus d'accepter les institutions, l'enseignement etles marchandises britanniques.

A ces fins, un programme détaillé vit le jour le 20 mars 1920 : la population indiennedans son ensemble était appelée à restituer toutes les charges obtenues des Britanniques, tous les honneursaccordés par les colonialistes, à refuser toute fonction, officielle ou non, dépendant du gouvernement, à retirer lesenfants des écoles et universités britanniques, et à les envoyer dans les institutions nationales, à boycotter lestribunaux, à refuser de s'enrôler dans l'armée, et à s'abstenir d'acheter toute marchandise étrangère, à plus forteraison d'origine britannique.

La nouveauté des dimensions et du caractère donnés au mouvement nationaliste ne tarda pas à être perçue.

Desavocats abandonnaient leur charge, les écoles et universités nationales étaient bondées, le marché desmarchandises britanniques déclinait, tous les titres britanniques, qui jusqu'ici étaient élément de prestige, étaientdélaissés, et des centaines de milliers d'hommes et de femmes, qui avaient peu montré d'intérêt pour la politique,surgissaient en première ligne, risquant la prison pour avoir pacifiquement enfreint aux lois britanniques et avoirincité autrui à les imiter.

Mais ce phénomène n'était pas limité à la classe moyenne.

Les paysans, qui n'avaientconnu que l'isolement et la misère, jetèrent aussi leurs forces dans cette révolte d'un nouveau genre.

Eux aussiboycottèrent les Britanniques et, au mépris de leur propre condition économique, ils connurent la prison pour avoirdésobéi aux lois de l'Empire.

Ceci, toutefois, n'était pas la seule nouveauté apportée au mouvement nationaliste en plein essor.

D'autres apportsextrêmement originaux sont dus à Gandhi.

Il donna vie à ses idées dans une incessante succession d'articles, dediscours et de déclarations et, surtout, par son propre exemple.

Chaque réforme qu'il suggérait, chaque conseil qu'ildonnait valait en premier lieu pour lui-même.

Gandhi, en pagne et écharpe de paysan, assis au rouet, occupant sonjour hebdomadaire de silence à prendre des notes, perdu dans la méditation, ou abattu par l'épuisement d'une grèvede la faim, telles étaient les images qu'il donnait à une population en grande majorité analphabète.

Ce n'étaient pasdes attitudes de brahmane, mais un comportement qui parlait sans intermédiaire à l'homme de la rue.

Il faut donc évoquer ici un autre aspect du génie de Gandhi : son pouvoir de comprendre la psychologie du peuple.Avec une infaillible intuition, il savait donner corps à un problème, sans pour autant se mettre lui-même en avant.Quand d'autres appelaient à des meetings de protestation contre tel décret discutable du gouvernement, il appelait,lui, à la grève, ou hartal.

Lorsqu'il dénonçait le gouvernement britannique, celui-ci n'était plus une force despotique contre laquelle il fallait lutter, mais une institution démoniaque à laquelle on devait refuser la collaboration.

Quandd'autres, pour marquer leur hostilité, quittaient l'Assemblée, Gandhi organisait une marche de trois cents kilomètresvers la mer pour en extraire illégalement le sel.

Tout cela n'était pas seulement pour faire concrètement sentir à sescompatriotes l'existence des problèmes, mais aussi pour les convaincre de leur ascendant moral sur un adversairepuissant.

Le poids de la prétendue supériorité occidentale, morale ainsi que matérielle, qui opprimait si lourdementl'Inde victorienne et post-victorienne, était finalement levé et rejeté sur les Occidentaux eux-mêmes.

Ce qui caractérisa surtout l'impact de Gandhi sur le mouvement nationaliste fut son pouvoir de réconcilier et d'homogénéiser les intérêtsdisparates qui composaient le Congrès, contribuant ainsi à en faire un rassemblement plutôt qu'un parti politique rigide.

Il y avait les Socialistes,. »

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