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Mao Tsê-toung

Publié le 27/02/2008

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Octobre 1966. A Pékin, du haut de la porte de la Paix Céleste, Mao Tsê-toung salue un million de gardes rouges qui défilent devant lui en brandissant le petit livre rouge. Les gardes rouges, c'est le déferlement des masses contre ces membres du Parti qui " ont pris la voie capitaliste " ; c'est la grande remise en question de la révolution et de l'État ; c'est la première vague de fond de la révolution culturelle lancée par Mao au printemps de cette même année. Dix-sept ans plus tôt, du haut de cette même porte de la Paix Céleste, Mao proclamait l'avènement de la République populaire de Chine. Pendant dix-sept ans, il conduit, mène, inspire une nation, un peuple, un parti dont, au milieu des années 70, il a le suprême courage de proclamer lui-même qu'il est à refaire. Six ans plus tard, alors que la Chine se remet d'une crise qui l'a secouée jusqu'au fond de son âme, il reçoit à Pékin, dans sa résidence au coeur de la Cité interdite, le président des États-Unis, Richard Nixon, qui vient ainsi expier vingt-trois ans de politique étrangère américaine dont un des buts était d'imposer l'isolement de la Chine. L'homme que l'histoire a destiné à être le rénovateur de la Chine naquit le 26 décembre 1893 dans le village de Chao-chan au coeur du Hunan. La maison où il vit le jour est une grosse bâtisse solide et trapue, une de ces fermes de paysan aisé avec sa cour intérieure et ses fenêtres tendues de papier huilé. Passé le pas de porte, on y trouve, à droite, une sorte de salle de séjour, à gauche, une cuisine au plafond bas avec son four et son sol en terre battue. Devant la maison, une route avec, en contrebas, un damier de rizières taillé dans un coteau boisé où le vent fait frémir les sapins. La naissance de Mao Tsê-toung coïncide avec le dernier battement de coeur de l'empire chinois. Jusqu'à l'âge de seize ans, il partage la vie des jeunes de son village ; la misère lui est épargnée car son père est aisé, mais il la voit chez les autres.
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« C'est la fin d'une longue suite d'erreurs.

Désormais, Mao a le champ libre à l'intérieur du Parti qu'il va mener à lavictoire.

Si le chemin qui conduira à la proclamation de la République Populaire sera encore long et difficile, le Partidispose maintenant d'une “ ligne ” qui prendra les dimensions d'une véritable philosophie de l'existence.

Pendantdouze ans, de 1935 à 1947, Mao à partir des cavernes de Yenan, aura le temps à la fois d'expérimenter ses idéessur ce terrain et de créer ce complexe intellectuel et moral que l'on appellera, plus tard, la “ pensée Mao Tsê-toung”. Forcé par les circonstances de mener une tactique de guérilla, Mao, en réanalysant les fondements mêmes de laguerre de résistance, va créer le concept de la “ stratégie ” de la guerre de guérilla.

Certes, on a parfois écrit quedu point de vue militaire Mao n'a rien inventé et qu'il s'est contenté de codifier des règles existantes.

Or, en réalité,ce processus de codification a été un phénomène créateur car c'est un concept nouveau de la guerre qui en est né. Contrairement à une idée souvent répandue en Occident, l'Armée Rouge a toujours été une armée régulière.

Legénie de Mao a consisté à donner un contenu populaire à cette armée, à lui influer une idéologie et à créer autourde ce noyau une force irrégulière de maquisards dont le pivot restait l'armée régulière.

Ainsi la guerre de Mao aconsisté à la fois à développer le facteur de la motivation chez le combattant individuel et à trouver la justearticulation entre des unités “ régulières ” qui emportent la décision et des unités “ irrégulières ” qui créent le cadrepolitico-militaire permettant la victoire. “ Dans l'ensemble du déroulement de le guerre, les opérations régulières joueront le rôle principal et les opérationsde partisans un rôle auxiliaire.

Si on ne comprend pas cela, si on ne voit pas clairement que les opérations régulièresseront décisives pour l'issue de la guerre, si on ne prête pas attention à l'édification de l'armée régulière ainsi qu'àl'étude des opérations régulières et à l'art de les diriger, il n'est pas possible de remporter la victoire sur le Japon.

” Sur cette base, Mao crée la distinction entre la tactique et la stratégie.

Sur le terrain même il élabore les règles ducombat et va même jusqu'à prescrire le détail de l'équipement de chaque combattant.

Sur un plan général, ilprojette sa doctrine militaire dans un cadre planétaire : ainsi, si l'Armée Rouge, stratégiquement faible, peutaccumuler les succès tactiques, le monde socialiste, stratégiquement en minorité, peut accumuler des victoireslimitées pour finalement ainsi aboutir à la victoire finale. Mais si Mao en est venu à élaborer, à ce point dans le détail, sa pensée militaire, sa voie ne s'est jamais voulu cellede la guerre.

Pour lui, la guerre populaire c'est avant tout le combat politique, l'éducation des masses.

Les coups demain, le terrorisme, il les rejette.

La violence, enfin, n'est que le dernier recours de celui auquel on nie la libertéd'expression. L'attention que Mao a prêtée à la guerre ne l'a, et de loin, pas empêché de se pencher sur les problèmeséconomiques.

En fait, on peut dire que pour lui le combat était un tout, où l'on ne pouvait séparer le politique dumilitaire, de l'économique et de la culture.

Ainsi, pour lui, mettre “ le politique au poste de commandement ” c'estfaire acte d'économiste car là où il n'y a pas de direction politique correcte il ne saurait y avoir d'économie biencomprise.

D'où le rejet du développement pour le développement et de l'enrichissement en tant que tel qui nepeuvent mener qu'à la stérilité de l'esprit. Pour ce faire, Mao veut remplacer l'intérêt personnel par la dynamique collective.

Promouvoir le développement del'individu par et dans la communauté, c'est la ligne de masse.

Pour cela, il faut que le peuple entier s'engage dans lavoie du développement.

Le bénéfice à court terme est remplacé par la notion de rentabilité historique où latransformation de l'homme, de son sens des valeurs, de sa perception de la société va de pair avec latransformation de l'économie.

L'aboutissement de ce processus, où les ressources de la nation sont mobilisées dansun effort commun, où l'homme s'enrichit non pas parce qu'il prend mais parce qu'il donne, c'est en fin de compte lacréation d'une nouvelle société basée sur une morale nouvelle. C'est à ce stade que la pensée de Mao atteint sa véritable dimension.

Là où d'autres ont voulu restructurer unesociété ou développer une économie, Mao, lui, veut changer l'homme.

On ne saurait concevoir une ambition plusgrande ! Alors comment s'étonner que l'homme qui est le porteur de cette philosophie n'ait pour les biens matérielsqu'un attachement minime ? Ceux qui l'ont connu à cette époque l'ont décrit comme étant presque frugal dans sa vie quotidienne.

Il ne changede chaussures que quand elles sont usées et ses repas consistent, généralement, en deux plats et une soupe.

Sonbureau, ce sont quelques meubles d'aspect simple et des étagères débordant de livres.

Sa vie durant il est restécelui qui veut le changement, le mouvement, la rénovation constante, la mise en question perpétuelle.

Même ledésordre, à ses yeux, peut être un enseignement.

Les préceptes, les dogmes, les bureaucrates, tous ceux ou cellesqui s'accrochent à leurs titres, à leurs prérogatives, à leurs fonctions, il n'a jamais pu les supporter.

S'il le fallait, saphilosophie se résumerait en deux phrases : “ servir le peuple ” et “ il est juste de se révolter ”. A ce titre, ce Communiste a toujours été antiétatique.

Au pouvoir de la bureaucratie, il vise de substituer le pouvoirdu peuple, concrétisé par l'autogestion à tous les niveaux.

Certes une révolution exige une direction, mais cettedirection, cette centralisation devient dangereuse si elle ne s'accompagne pas d'une forme de démocratie àl'intérieur du système.. »

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