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Message du Maréchal Pétain, chef de l'État français, 11 juillet 1940 (document et analyse)

Publié le 17/01/2022

Extrait du document

Français,

L'Assemblée nationale m'a investi de pouvoirs étendus. J'ai à vous dire comment je les exercerai.

Le gouvernement doit faire face à une des situations les plus difficiles que la France ait connues; il lui faut rétablir les communications du pays, rendre chacun à son foyer, à son travail, assurer le ravitaillement. Il lui faut négocier et conclure la paix. En ces derniers jours, une épreuve nouvelle a été infligée à la France. L'Angleterre, rompant une longue alliance, a attaqué à l'improviste et a détruit des navires français immobilisés dans nos ports et partiellement désarmés... La France vaincue dans des combats héroïques, abandonnée hier, attaquée aujourd'hui par l'Angleterre à qui elle avait consenti de si nombreux et si durs sacrifices demeure seule face à son destin.

Pour accomplir la tâche immense qui nous incombe, j'ai besoin de votre confiance. Vos représentants me l'ont donnée en votre nom. Ils ont voulu, comme vous et comme moi-même, que l'impuissance de l'État cesse de paralyser la Nation...
 

Le travail des Français est la ressource suprême de la Patrie. Il doit être sacré. Le capitalisme international et le socialisme international qui l'ont exploité et dégradé font également partie de l'avant-guerre. Ils ont été d'autant plus funestes que, supposant l'un à l'autre, en apparence, ils se ménageaient l'un et l'autre en secret. Nous ne souffrirons plus leur ténébreuse alliance. Nous supprimerons les dissensions dans la cité. Nous ne les admettrons pas à l'intérieur des usines et des fermes.

Pour notre société dévoyée, l'argent, trop souvent serviteur et instrument du mensonge, est un moyen de domination.

Nous ne renonçons ni au moyen puissant qu'est le profit, ni aux réserves que l'épargne accumule.

Mais la faveur ne distribuera plus de prébendes. Le gain restera la récompense du labeur et du risque. Dans la France refaite, l'argent ne sera que le salaire de l'effort.

... Les familles françaises restent les dépositaires d'un long passé d'honneur. Elles ont le devoir de maintenir, à travers les générations, les antiques vertus qui font les peuples forts. Les disciplines familiales seront sauvegardées.

Mais, nous le savons, la jeunesse moderne a besoin de vivre avec la jeunesse, de prendre sa force au grand air, dans une fraternité salubre qui la prépare au combat de la vie. Nous y veillerons.

Ces vieilles traditions qu'il faut maintenir, ces jeunes ardeurs qui communieront dans un zèle nouveau, forment le fonds de notre race...

Extraits de La France Nouvelle, Appels et messages du Maréchal PÉTAIN, Fasquelle, Paris 1941.

Questions

Le candidat pourra faire un commentaire composé de ce texte ou répondre aux questions suivantes :

1. Situer le document dans le cours des événements tragiques de l'année 1940.

2. Les institutions de la France sont-elles modifiées à la date du texte? Quels sont les changements institutionnels évoqués par le texte ?
 

3. Commenter les phrases en caractères gras.

4. En quoi ce discours annonce-t-il les orientations de la « Révolution nationale « ?

« • Le développement répond aux questions 3 et 4.

Toutefois, il faut, si l'on veut expliquer l'ensemble du texte,dépasser les questions posées.

Dans la première partie, il ne faut pas se contenter de commenter la phrase en grasconcernant l'attaque de Mers El-Kébir, mais reprendre aussi les autres éléments du texte qui évoquent les difficultésimmédiates que recontre la France : situation matérielle, problème de la paix.

Dans la 2e partie, après avoir analyséet commenté les passages sur le « travail » et la « famille », on pourra quelque peu dépasser le texte en consacrantun paragraphe à la « patrie », troisième volet de la devise de la Révolution nationale. plan détaillé Introduction • La débâcle des armées françaises.

La démission de Paul Reynaud et la formation du ministère Pétain (17 juin).Pétain demande l'armistice qui est signé le 23 juin, à Rethondes.

Pétain, le vainqueur de Verdun, a été appelé pour «sauver » une France en plein désarroi.

• L'Assemblé nationale (Chambre et Sénat réunis), pressée et manœuvrée par Laval, accorde, le 10 juillet les pleinspouvoirs au maréchal « à l'effet de promulguer, par un ou plusieurs actes, une nouvelle constitution ».

Le lendemain,Pétain publie ses premiers « actes constitutionnels » : il devient « chef de l'Etat », disposant des pleins pouvoirsexécutifs et législatifs.

La République, sans être renversée, disparaît ; les Assemblées sont aussitôt mises en congé.Pétain, comme le dira Laval, possède plus de pouvoirs que Louis XIV.

Le 11 juillet il s'adresse aux Français aveclesquels il tient à entretenir des rapports personnels, ceux du « chef », ceux du « père ». • L'allocution de Pétain s'articule autour de deux thèmes.

La France est en danger.

Seule une « Révolution nationale », peut permettre de la sauver. I.

La France en danger Avant d'envisager l'avenir, la France doit d'abord faire face aux difficultés immédiates qui l'assaillent ; il faut qu'elle «surnage ». 1.

Mettre un terme à la désorganisation du pays • « Rétablir les communications.

» Les routes, voies ferrées, ponts, etc, ont été partiellement coupés par lescombats ou pour couvrir la retraite des armées.

Les circuits commerciaux traditionnels ont été rompus.

Mais,surtout, la ligne de démarcation, contrôlée par les Allemands qui peuvent, à leur guise, faciliter ou freiner le passagedes hommes et des marchandises, entrave les échanges entre deux parties complémentaires du pays.

Enfin, lesrelations avec les colonies, pourvoyeuses de matières premières essentielles, demeurent difficiles en raison dublocus exercé par la flotte britannique. • « Rendre chacun à son foyer, à son travail.

» Des millions de Français lancés, depuis juin, sur les routes del'exode.

Ils s'entassent dans les régions méridionales et vivent dans des conditions précaires.

En juillet, 4 millionsd'entre eux sont encore en « zone libre ».

En outre, 2 millions de prisonniers sont détenus en Allemagne et Pétaindemande en vain leur libération.

La désorganisation économique provoque un immense chômage : la seule fermeturedes usines d'armement a entraîné la perte d'emploi pour 1,5 million de travailleurs.

• « Assurer le ravitaillement.

» La baisse de la production (de nombreux paysans sont prisonniers), la rupture descommunications et, bientôt, les prélèvements allemands posent de graves problèmes de ravitaillement.

L'économiede marché n'est pas, de toute évidence, adaptée à une telle situation de pénurie.

Pour éviter que la distorsion entrel'offre et la demande ne provoque spéculation et inflation au profit des seuls gens fortunés, il faut d'urgenceinstaurer le rationnement, bloquer les prix (au risque de favoriser le marché noir), procéder à des réquisitions.

Toutceci demande la mise en place d'une administration particulièrement lourde. 2.

« Négocier la paix » Pétain ne fait qu'évoquer le problème de la paix future.

Pourtant, il envisage de « négocier » cette paix.

Il semblesous-estimer la position de force dans laquelle se trouvent les Allemands : selon toute vraisemblance, Hitler devraitsous peu vaincre l'Angleterre ou la contraindre à une solution négociée. • La France doit craindre une paix « dictée ».

Hitler a toujours affirmé qu'il se vengerait du « diktat » de Versailles.Les exemples de la Tchécoslovaquie et de la Pologne, purement et simplement rayées de la carte, laissent entrevoirle pire : la France n'est-elle pas menacée d'une « polonisation ? » Le démembrement du pays est déjà amorcé :l'Alsace-Lorraine est pratiquement annexée au Reich ; les départements du Nord, « zone interdite », sont rattachésau haut commandement de Bruxelles; les nazis stipendient des extrémistes bretons qui réclament l'indépendance,amorce, peut-être, d'un éclatement de la France.

De plus, les ambitions italiennes sur Nice, la Savoie, la Corse etl'Afrique du Nord inquiètent : Hitler ne va-t-il pas favoriser son allié italien au détriment de l'ennemi « héréditaire »français ?. »

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