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Mikhaïl Gorbatchev

Publié le 22/02/2012

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Mikhaïl Gorbatchev a deux carrières : l'apparatchik provincial brillant dont la course jusqu'au pouvoir représente un sans faute, puis le héros malheureux qui en voulant réformer le système communiste l'a fait exploser poussant son pays à la ruine. Personnage controversé, honni chez lui, reconnu ailleurs, il espère encore une troisième carrière. A vingt-quatre heures de train de Moscou, à côté de Stavropol, au sud de la république de Russie et au nord du Caucase, Privolnoïe, hameau de trois mille trois cents âmes a vu naître Mikhaïl Gorbatchev. Étrangement, cette région de plaines ondulantes, au ciel immense, celle des Cosaques, d'une population audacieuse à l'esprit libre ressemble à une autre plaine : l'Arkansas, cette Amérique profonde, berceau de Bill Clinton. Mikhaïl Sergueïevitch Gorbatchev est né le 2 mars 1931. Entre l'automne 32 et le printemps 33, au plus fort de la famine provoquée par les collectivisations forcées, ordonnées par Staline, les deux tiers de la population du village disparaissent. Tous les enfants en bas âge meurent ­ tous sauf Micha Gorbatchev. Son grand-père, un koulak, un de ces riches fermiers dont le "petit père des peuples" a demandé l'extermination, a senti le vent tourner. Il a fondé lui-même un kolkhoze et s'est inscrit au parti. Il sauve ainsi sa famille de la famine. Le père de Mikhaïl se trouve un des premiers à échanger sa charrue de bois contre un petit tracteur rutilant offert par le commissaire du peuple. L'esprit libre des Cosaques, et l'instinct de survie : deux atouts dans le jeu du jeune Micha. A sept ans, il voit son grand-père en dépit de ses efforts socialistes, arrêté et envoyé au goulag pour un an. A dix ans il accompagne son père à la gare de Stavropol, celui-ci part sous les drapeaux en Pologne. Son absence dure cinq ans.
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« Dans sa région, se trouve une station thermale fréquentée par tout l'establishment du Parti, Mineralnye Vody.

C'estlà que Gorbatchev démontre son habilité.

Il sait tout faire : assurer le confort personnel de chacun, trouver de lavodka, du caviar, des filles, organiser des rencontres ou au contraire les éviter à ceux qui s'y refusent.

Il est l'hôtesouriant, et efficace d'une population de vieillards obsédés de pouvoir et d'intrigues.

Mieux que cela, se répand l'idéequ'il y a à Stavropol un homme de terrain qui rendrait service à Moscou. C'est ainsi qu'il croise le parrain de son parrain : Andropov, patron du KGB, protecteur de Kulakov qui, à la mort decelui-ci en 1978, attire à Moscou ce jeune homme si vif et dévoué. Enfin Moscou ! Il siège comme expert agricole, délégué au comité central.

En 1982, quand à la mort de Brejnev,Andropov prend le pouvoir, Gorbatchev est dans son sillage.

Il n'a que deux ans pour s'affirmer comme possiblesuccesseur.

Ce n'est pas tout à fait suffisant et Tchernenko le devance.

Mais il ne tient qu'un an et le18 mars 1985Gorbatchev est élu premier secrétaire général du Parti communiste d'Union soviétique. Cet apparatchik passe à l'offensive et se révèle un réformiste.

Il lance la Perestroïka (l'ère des réformes) et laGlasnost (la transparence).

Ses mots clefs sont décentralisation, délégation du pouvoir, autogestion,démocratisation.

Son espoir : rénover mais conserver le même cadre.

Andreï Sakharov disait : "Un systèmetotalitaire fonctionne sur le tout ou rien." En clair : modifier le système, c'est le détruire.

Gorbatchev met donc ledoigt dans un engrenage que, très vite il ne parviendra plus à maîtriser.

Pourtant, il obtient en deux ans tous lespouvoirs : président du Soviet Suprême (le parlement) à la suite d'une réforme lancée par lui en 1988, secrétairegénéral du Parti communiste d'Union soviétique confirmé en 1990, président du conseil de défense et président d'uneinstance qu'il a créée lui-même : le bureau russe du Comité central. Ses propositions de libéralisation et d'autogestion auront le résultat inverse de celui qu'il espérait.

Si l'esprit deliberté qui souffle autorise de nouveaux journaux, une nouvelle expression artistique et, du moins au début, del'enthousiasme, l'économie russe en revanche s'effondre.

La machine soviétique tombe littéralement en panne. Premier symbole de la panne : la catastrophe de Tchernobyl, le 11 avril 1986.

Glasnost oblige, la révélation de l'étatdes centrales nucléaires en Russie terrifie l'Occident.

Pourtant, Gorbatchev obtient plus de succès à l'étranger quechez lui : le 8 décembre 1987, il signe à Washington avec Reagan un traité prévoyant l'élimination en Europe desmissiles nucléaires de 500 à 5500 km de portée.

Il voyage beaucoup en Europe, rencontre tous les chefs degouvernement, les séduit, se réconcilie avec Pékin en 1989, rend visite au Pape la même année.

Cependant, enURSS la colère gronde : Baltes, Russes, Ouzbeks, Moldaves, Ukrainiens, tous exigent leur indépendance.

LeTadjikistan la proclame unilatéralement sans attendre.

L'Arménie et l'Azerbaïdjan entrent en conflit à propos du HautKarabakh.

Entre revendications et violence, l'union des républiques se défait lentement.

En Russie, le retrait destroupes d'Afghanistan, la réhabilitation des victimes du goulag, des élections tout cela ne suffit pas à apaiser lapopulation plus alarmée par la flambée des prix et la détérioration de ses conditions de vie. Le 26 mars 1989, le futur remplaçant de Gorbatchev sort du rang aux élections législatives : Boris Eltsine remporte85 % des voix à Moscou.

Et alors que le 25 mai, l'élection de Gorbatchev à la tête du Soviet Suprême est confirméeavec des pouvoirs renforcés, les mineurs du Don se mettent en grève et arrivent à Moscou : 200 000 d'entre euxdéfilent dans les rues de la capitale. Le 3 décembre 1989 au sommet de Malte, il signe l'abandon de la doctrine brejnevienne d'intervention dans les paysdu pacte de Varsovie qui limitait la souveraineté des pays de l'Est.

Cela ne suffit pas aux républiques insurgées oùles conflits s'exaspèrent. En 1990, au sommet de son pouvoir, il décide le blocus énergétique de la Lithuanie.

Mais le 1er mai, pendant le défilésur la place Rouge, Gorbatchev est sifflé.

Boris Eltsine président de la Fédération de Russie réclame haut et fort sonindépendance.

Et pour bien marquer sa différence, il va quitter le PCUS. La remise du prix Nobel à Gorbatchev ne convainc personne en Russie du bien-fondé des réformes.

D'autant moinsque l'éclatement du pacte de Varsovie confirme simplement une situation de fait et que l'entrée en vigueur d'unenouvelle réforme économique provoque la flambée des prix et un bond de l'inflation.

Le système tout entiers'effondre et Gorbatchev semble incapable d'y remettre de l'ordre. En août 1991, alors que Gorbatchev est sa famille sont en vacance à Foros en Crimée, les communistesconservateurs soutenus par une partie de l'armée tentent un putsch.

Ce sera Eltsine qui en trois jours, avec l'appuide la population de Moscou et la partie fidèle de l'armée rétablira la situation.

Mais Gorbatchev ne se remettra pasen selle.

Il démissionne de son poste de Secrétaire général.

Le Parti est interdit dans l'armée et dans toutes lesinstitutions, ses avoirs placés sous le contrôle des gouvernements dans chaque république, le comité central estdissous. Le 8 décembre, il assiste impuissant à l'éclatement de l'URSS, remplacée par la Communauté des États Indépendantsdont l'acte de naissance est signé à Alma-Ata par onze républiques.

Trois semaines plus tard, le 25 décembre 1991,il démissionne de tous ses postes.

Eltsine prend sa place, fait vider son bureau dans les vingt-quatre heures. La carrière politique de Mikhaïl Gorbatchev s'achève ainsi brutalement, détesté par ses compatriotes, apprécié parles étrangers.

Il s'invente une autre vie : écrivain, penseur, homme de réflexion.

Il a fondé un Institut d'études. »

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