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Mohammed V

Publié le 27/02/2008

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La naissance, en 1910, de Mohammed V passe inaperçue. Lorsqu'il monte sur le trône le 18 novembre 1927, rien ne laisse prévoir que ce prince de dix-sept ans, dont la santé était précaire, le teint pâle et le caractère très effacé, se placerait à la tête du mouvement nationaliste quelques années plus tard, serait le premier roi du Maroc indépendant et compterait parmi les dirigeants de la révolution africaine et du non-alignement.             Par le traité de Fès de 1912, le Maroc est devenu protectorat français. Il devait se gouverner lui-même par ses propres organes, sous le simple contrôle de la France. Lorsque le sultan Moulay Youssef meurt, en 1927, la politique française au Maroc a changé depuis deux ans. A la formule de contrôle appliquée par Lyautey a été substituée, après son départ en 1925, l'administration directe. C'est à ce changement de politique qui n'était possible que si le trône était occupé par un monarque effacé et docile ­ que Sidi Mohammed, troisième fils de Moulay Youssef, dut d'être choisi au détriment de ses deux frères aînés, jugés trop turbulents, pour succéder à son père le 18 novembre 1927. Promu sultan, Sidi Mohammed n'en a pas moins été ignoré par les autorités françaises du protectorat. Pour ces autorités, le sultan n'était là que pour des rôles de parade et pour signer les dahirs  (textes législatifs) sur le contenu et le sens desquels il n'était point éclairé.  

« La naissance, en 1910, de Mohammed V passe inaperçue.

Lorsqu'il monte sur le trône le 18 novembre 1927, rien ne laisse prévoir quece prince de dix-sept ans, dont la santé était précaire, le teint pâle et le caractère très effacé, se placerait à la tête du mouvementnationaliste quelques années plus tard, serait le premier roi du Maroc indépendant et compterait parmi les dirigeants de la révolutionafricaine et du non-alignement.

Par le traité de Fès de 1912, le Maroc est devenu protectorat français.

Il devait se gouverner lui-même par ses propres organes, sousle simple contrôle de la France.

Lorsque le sultan Moulay Youssef meurt, en 1927, la politique française au Maroc a changé depuis deuxans.

A la formule de contrôle appliquée par Lyautey a été substituée, après son départ en 1925, l'administration directe.

C'est à cechangement de politique qui n'était possible que si le trône était occupé par un monarque effacé et docile que Sidi Mohammed,troisième fils de Moulay Youssef, dut d'être choisi au détriment de ses deux frères aînés, jugés trop turbulents, pour succéder à sonpère le 18 novembre 1927.

Promu sultan, Sidi Mohammed n'en a pas moins été ignoré par les autorités françaises du protectorat.

Pources autorités, le sultan n'était là que pour des rôles de parade et pour signer les dahirs (textes législatifs) sur le contenu et le sens desquels il n'était point éclairé.

C'est justement la promulgation d'un de ces dahirs qui marquera la renaissance du nationalisme marocain et rétablira les liens entre celui-ci et le reste du monde arabe.

Il s'agit bien sûr du dahir berbère du 16 mai 1930, qui était le point culminant d'une politique de distinction entre Arabes et Berbères, entamée en 1914.

Le dahir berbère sapait l'unité des tribunaux chérifiens, en soustrayant de leur juridiction le droit d'appel provenant des tribunaux coutumiers berbères et en le mettant sous la juridiction des tribunaux français.

Pourles Marocains, c'était plus qu'un affront à l'intégrité de la justice et de la nation, c'était une attaque contre l'Islam lui-même.

Ajoutons àceci les tentatives de conversion des Berbères au christianisme par le vicaire apostolique de Rabat, et l'on comprendra l'indignation quecette politique a soulevée non seulement au Maroc mais à travers le monde musulman.

Une telle réaction était une révélation pour lejeune sultan.

C'était le début d'une alliance entre Sidi Mohammed et de jeunes nationalistes à la recherche d'un symbole et d'un pointde ralliement.

Ce symbole, ce sera le jeune monarque.

Le 18 novembre 1933, les nationalistes lancent l'idée de la fête du trône etorganisent des manifestations d'attachement au sultan.

Lors de sa visite à Fès, au mois de mai 1934, la foule lui réserve un accueil dontl'ampleur inquiète les autorités françaises, au point qu'elles demanderont au sultan de condamner les chefs nationalistes qui en étaientles organisateurs.

Le sultan, cependant, ne peut qu'approuver le plan de réformes que lui ont présenté les nationalistes le 1er décembre 1934 en même temps qu'au résident général et àPierre Laval P1962 qui se trouve alors à la tête du gouvernement français.

Bien que très nuancé, le plan de réformes vise à faire sortir le Maroc de sa situation coloniale et à le lancer sur la voie de la modernisation et du développement.

Le dédain avec lequel le plan de réformes est reçu par les autorités françaises est ressenti par le sultancomme un affront personnel.

Seules sa sagesse et sa modération innées semblent avoir empêché le souverain d'approuver les mesures d'action directe entreprises par lesnationalistes contre les autorités françaises.

Trois jours après l'invasion de la France par l'Allemagne, Sidi Mohammed lance un appel à tous les Marocains pour qu'ils appuient lepeuple français dans sa lutte.

Malgré la défaite, il reste fidèle à la France et ce que certains Français accepteront dans cette défaite, il lerefusera.

Ainsi, il n'admettra pas de commissions d'armistice de l'Axe en 1941 et s'opposera fermement à l'application de la politiqueantisémite nazie sur le sol marocain.

Pendant cette période, Sidi Mohammed fera deux rencontres qui marqueront profondément les conceptions qu'il se faisait de l'avenir de son royaume.

Au mois de janvier1943, il rencontre, à Casablanca, Roosevelt P289 et Winston Churchill P070 .

Lors d'un dîner à Anfa, Roosevelt P289 déclare à Sidi Mohammed que la situation coloniale connaîtrait un changement radical après la guerre.

Sur le plan politique, la Charte de l'Atlantique KW146 promettait la fin du colonialisme.

Sur le plan économique et en ce qui concerne le Maroc, au lieu de laisser drainer ses richesses naturelles par les milieux financiers français et britanniques, le souverain pourrait faire appel à des firmescommerciales américaines qui l'aideraient à exploiter ces richesses moyennant des pourcentages ou des sommes forfaitaires.

De tels propos tenus en présence deChurchill P070 et du général Noguès ouvrent de nouvelles perspectives pour le souverain et, de plus, ne laissent planer aucun doute dans son esprit quant à la nouvelle hiérarchie des puissances à l'échelon global.

Pendant l'été 1943, Sidi Mohammed rencontre le général de Gaulle P115 .

De cette rencontre, nous avons un témoignage qui nous confirme que le jeune sultan, isolé dans son palais de Rabat, était devenu un roi décidé à reprendre son pouvoir, et qui se présente comme le chef du mouvement national.

De Gaulle P115 rapporte dans ses Mémoires qu'il avait “ pris contact d'homme à homme avec le sultan Mohammed ben Youssef.

Ce souverain jeune, fier, personnel, ne cachait pas son ambition d'être à latête de son pays dans la marche vers le progrès et, un jour, vers l'indépendance.

A le voir et à l'entendre, parfois ardent, parfois prudent, toujours habile, on sentait qu'ilétait prêt à s'accorder avec quiconque l'aiderait à jouer ce rôle, mais capable de déployer beaucoup d'obstination à l'encontre de ceux qui voudraient s'y opposer.

Je crusdevoir prendre le sultan Mohammed ben Youssef, directement, pour ce qu'il était, c'est-à-dire décidé à grandir, et à me montrer pour ce que j'étais, c'est-à-dire le chefd'une France suzeraine mais disposée à faire beaucoup pour ceux qui tenaient à elle.

Utilisant le crédit que m'ouvrait dans son âme le succès et l'inspiration de la Francecombattante, je nouai avec lui des liens d'amitié personnelle.

Mais aussi nous conclûmes une sorte de contrat d'entente et d'action commune auquel nous ne manquâmesjamais, ni l'un ni l'autre, aussi longtemps que moi-même pus lui parler au nom de la France.

” Hélas, après la guerre et l'avènement de la IVe République, de Gaulle P115 ne parlait plus au nom de la France, et celle-ci a manqué à sa parole.

Les nationalistes, qui avaient mis en veilleuse leurs revendications pendant que la France traversait la période difficile de 1939-1944, publient le 11 janvier 1944 une déclarationd'indépendance.

Les autorités françaises réagissent avec violence, châtient les nationalistes et blâment le sultan.

C'est le début de la crise franco-marocaine que, pour SidiMohammed, seule une révision radicale des rapports entre les deux nations peut résoudre.

Par son voyage à travers le pays et son discours de Tanger du 10 avril 1947, ilconsacre l'idée d'un Maroc unifié et indépendant.

La crise s'accentue et, en 1950, c'est la rupture avec les autorités du protectorat et les caïds féodaux sur lesquels elless'appuient.

Sidi Mohammed mûrit encore ses conceptions et les expose lors de la fête du trône du 18 novembre 1952.

Il souhaite un Maroc jouissant de toute sapersonnalité sur le plan international et où les libertés civiques, le droit syndical et l'instruction soient garantis pour tous.

Les autorités françaises répondent en l'exilant le20 août 1953.

En son absence, le pays devient ingouvernable.

Ce sera le déclenchement du terrorisme dans les villes et de la guérilla dans les campagnes.

Pour y mettrefin, une seule solution : rendre le monarque légitime à son peuple.

Le retour triomphal de Sidi Mohammed a lieu le 6 novembre 1955.

En tant que Mohammed V, roi du Maroc, il négocie et obtient l'indépendance totale du pays le 2 mars 1956.

Pendant les dernières années de sa vie, Mohammed V utiliseson prestige et sa popularité pour consolider le pays et créer les bases de son développement économique et social.

Sur le plan international, il se pose en médiateur dansle conflit franco-algérien, fait adhérer le Maroc à la Ligue arabe et aux Nations Unies.

Il range le Maroc dans le camp des pays non alignés en mettant fin à la présencesur le sol marocain d'importantes bases aériennes et aéronavales américaines et françaises.

Avec Nasser P245 , il fonde le Groupe de Casablanca en janvier 1961, un des premiers noyaux de l'intégration africaine.

Lorsqu'il meurt, le 26 février 1961, Mohammed V a déclenché tous les mécanismes visant à faire du Maroc un État moderne etdémocratique.. »

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