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Nazisme et stalinisme sont-ils deux régimes politiques comparables ?

Publié le 31/08/2012

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 1.    Le stalinisme se déploie dans une société qui a perdu ses élites anciennes depuis la révolution de 1917, il est la résultante d'une « seconde révolution soviétique « qui aboutit à la mise en place d'une nouvelle couche dirigeante, bureaucratique et partisane (c'est la vision qu'en a dès les années 1930 Trotski), qui a pour ambition de contrôler toute la société et l'économie du pays, qu'ils voient assiégé par le monde capitaliste et fasciste (le nazisme étant considéré par les Soviétiques comme une des variantes des fascismes). Le déploiement du pouvoir de Staline et de la « nomenklatura « se fait sans opposition autre qu'interne au PCUS, dans le cadre d 'une économie totalement étatisée et planifiée par le pouvoir central, qui entame un processus de développement autocentré.  2.    Le nazisme, qui possédait une composante révolutionnaire à l'origine, est parvenu au pouvoir en se mettant au service des couches dirigeantes de l'Allemagne, qui n'étaient pas parvenues après l'effondrement de l'Empire en 1918 à maintenir leur contrôle sur la population et qui craignent une révolution de type soviétique. L'anticommunisme des nazis est une des raisons fondamentales du « compromis autoritaire « qui s'est noué entre les nazis, les agrariens, les militaires, les industriels touchés par la crise des années 1930 et les hauts fonctionnaires de l'Etat, qui ont souvent servi l'Empereur et qui rêvent d'une restauration monarchique. Ce compromis qui est instable conduit à des luttes pour le pouvoir, qui aboutissent à partir de 1937 à la domination des nazis et à la mise au service de leur  ambitions guerrières des intérêts privés, qui restent dominants dans l'économie. La guerre est inéluctable, comme solution à la fuite en avant économique et financière,  par pillage des ressources des pays conquis ou dominés,  autant que comme étape de la réalisation du programme idéologique.  

« infra) D.

Les deux régimes reposent sur des logiques d'exclusion et de terreur, appuyées sur des forces policières émancipées des structures judiciaires mises elles-mêmesous tutelle idéologique (droit naturel du peuple allemand, droit prolétarien) 1.

La police et la justice sont utilisées pour nettoyer la population de tous les opposants(Gestapo, NKVD) 2.

Les deux régimes mettent en place des camps de concentration (KZ, Goulag) pour les opposants ou exclus du régime, où les taux de mortalité étaient très élevés,ce qui permettait leur élimination.

Ces caractères communs indéniables plaident pour une comparabilité des deux régimes, qui sont en fait deux réponses non démocratiques au problème essentieldans les années de l'Entre-deux-guerres, qui est celui de l'intégration des masses, tant urbaines que rurales, dans des structures politiques.

Ce problème, que ni lesrégimes autoritaires ni les démocraties libérales de l'avant première guerre mondiale n'ont été à même de résoudre, a trouvé une solution temporaire de façon enapparence commune, en fait assez différente en Allemagne et en URSS dans les années 1930.

II.

Les logiques qui sous-tendent ces points communs sont différentes et parfois radicalement opposées lorqu'on considère les dynamiques historiques.

Cesdifférences de logiques en font des régimes qu'il est hasardeux de vouloir comparer.

[On se borne ici à développer trois thèmes, mais chaque argument exposé ci-dessus en faveur d'une comparabilité pourrait être traité de même: la logiqueéconomique et sociale, les logiques idéologiques, les dynamiques des systèmes d'exclusion.] A.

Du point de vue économique et social, les deux régimes sont profondément différents 1.

Le stalinisme se déploie dans une société qui a perdu ses élites anciennes depuis la révolution de 1917, il est la résultante d'une « seconde révolution soviétique »qui aboutit à la mise en place d'une nouvelle couche dirigeante, bureaucratique et partisane (c'est la vision qu'en a dès les années 1930 Trotski), qui a pour ambitionde contrôler toute la société et l'économie du pays, qu'ils voient assiégé par le monde capitaliste et fasciste (le nazisme étant considéré par les Soviétiques comme unedes variantes des fascismes).

Le déploiement du pouvoir de Staline et de la « nomenklatura » se fait sans opposition autre qu'interne au PCUS, dans le cadre d 'uneéconomie totalement étatisée et planifiée par le pouvoir central, qui entame un processus de développement autocentré.

2.

Le nazisme, qui possédait une composante révolutionnaire à l'origine, est parvenu au pouvoir en se mettant au service des couches dirigeantes de l'Allemagne,qui n'étaient pas parvenues après l'effondrement de l'Empire en 1918 à maintenir leur contrôle sur la population et qui craignent une révolution de type soviétique.L'anticommunisme des nazis est une des raisons fondamentales du « compromis autoritaire » qui s'est noué entre les nazis, les agrariens, les militaires, les industrielstouchés par la crise des années 1930 et les hauts fonctionnaires de l'Etat, qui ont souvent servi l'Empereur et qui rêvent d'une restauration monarchique.

Cecompromis qui est instable conduit à des luttes pour le pouvoir, qui aboutissent à partir de 1937 à la domination des nazis et à la mise au service de leur ambitionsguerrières des intérêts privés, qui restent dominants dans l'économie.

La guerre est inéluctable, comme solution à la fuite en avant économique et financière, parpillage des ressources des pays conquis ou dominés, autant que comme étape de la réalisation du programme idéologique.

B.

Les idéologies respectives des deux régimes reposent sur les prémices profondément différentes, qui entraînent des conduites très différentes et qui expliquent enparticulier leur antagonisme historique presque permanent.

1.

L'idéologie nationale-socialiste, si elle intègre des éléments modernistes (culte de la technique, du corps et du sport), est avant tout passéïste, avec comme idéauxceux d'un Moyen-Age « corporatiste » mythifié, d'un retour à une « pureté originelle de la race » (la performance sportive manifestant aussi la supériorité de la race,cf.

mise en scène des Jeux olympiques de 1936) .

Le racisme occupe en effet dans le nazisme une place tout à fait centrale (à la différence du fascisme italien, où ilest une pièce rapportée dans la seconde moitié des années 1930), et au coeur de ce racisme se trouve l'antisémitisme.

La dimension affective est importante, avecmise en avant de l'instinct contre la raison et l'esthétisation du politique.

Le nazisme est hostile à tous les courant issus des Lumières.

Cela conduit par exemple à nepas craindre les contradictions dans le discours officiel (les Juifs comme race, mais aussi comme résultat de métissages anciens et préjudiciables à la qualitéhumaine) , et le régime à regarder avec suspicion les développements les plus récents des sciences (les sciences nucléaires sont considérées comme juives et lesrecherches sur la fission ne sont donc pas prioritaires).

La guerre est considérée comme un moyen d'expression légitime de la supériorité dans le cadre du darwinismesocial.

2.

Le matérialisme dialectique se présente comme la version la plus avancée du rationalisme, et repose sur le scientisme et le technicisme (cf.

Staline sur lesartistes, « techniciens de l'âme »).

La doctrine s'appuie sur une conception téléologique de l'histoire, l'avènement jugé inéluctable dans le futur de la société sansclasse entraînant la fin de l'histoire.

Cela conduit le régime à développer considérablement l'éducation scientifique et technique, et à mener une politique culturelletrès active, accélérant la mutation de la société soviétique stalinienne, et préparant par là même les bases de son effondrement futur Partie intégrante de l'idéologie sont les logiques d'exclusion, mais c'est dans le cadre de leurs conséquences que la distance se mesure le mieux.

C.

Les logiques d'exclusion, si elles se traduisent sur le terrain par des situations souvent proches pour les déportés (cf.

les témoignages littéraires de Primo Levi etde Varlam Chalamov), répondent en fait à des logiques profondément différentes, au delà de l'enfermement commun des opposants politiques 1.

A une logique d'exclusion classiste en URSS stalinienne s'oppose une logique d'exclusion raciste en Allemagne nazie.

La déportation de peuples entiers parStaline ne répond pas à une logique raciste, mais est « justifiée » par le caractère inassimilable de ces populations dans une société soviétique qui récupère fortementune composante nationale russe depuis la seconde moitié des années 1930.

Parmi ces populations déportées se trouvent les Allemands de la Volga.

2.

Si les deux systèmes font fonctionner des camps de travail où la mortalité est importante, seuls les nazis ont pris des dispositions pour l'assassinat de masse desdéportés raciaux dans des « camps d'extermination ».

Le traitement extrêmement dur des prisonniers de guerre soviétiques dans les camps allemands, très différent decelui des prisonniers d'autres nationalités, est très largement lié au mépris des nazis pour la « race inférieure des Slaves ».

D.

et transition vers la conclusion L'irréductibilité des deux régimes se traduit bien dans l'hostilité presque constante de leurs relations bilatérales; le communisme et le fascisme sont des repoussoirsdans chaque pays.

« L'antibolchévisme » est une composante importante de l'idéologie nazie, et la lutte contre le « fascisme » est centrale dans la politique duKomintern à partir de 1934.

Le pacte germano-soviétique surprend donc le 23 août 1939.

Alliance jugée contre nature par les uns, alliance révélatrice de la collusionentre les deux systèmes par les autres, elle ne dure guère puisque l'Allemagne agresse l'URSS en juin 1941.

A cette date, il est clair pour les Alliés anglo-saxons queles deux régimes sont incomparables, et que l'on peut s'appuyer sur l'un pour combattre l'autre.

La Grande Alliance démontre l'existence de ponts possibles entre ladémocratie libérale et le stalinisme, que des textes communs préparant l'après-guerre viennent renforcer.

Conclusion: L'effondrement de l'Allemagne nazie consécutive à la défaite militaire et le triomphe de l'URSS stalinienne en 1945 marquent bien les différences profondes quiexistent entre les deux régimes, au delà de leurs points communs comme régimes totalitaires.

Les deux régimes sont en fait incomparables.

La disparition de l'URSS après 1990 est liée à d'autres facteurs que ceux qui expliquent la disparition de l'Etat allemand de 1945 à 1949.

Ce sont des facteursessentiellement internes, notamment l'incapacité de l'URSS de sortir des structures staliniennes bien au-delà de 1953.

L'héritage stalinien n'est toujours pas liquidé enRussie ni dans beaucoup des Républiques issues de l'éclatement de l'URSS.

En Allemagne fédérale en revanche la disparition du nazisme a permis à des forces démocratique préexistantes de se redévelopper et de faire aujourd'hui de ce paysun des modèles de la démocratie libérale.. »

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