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Philippe de Beaumanoir, poète et juriste

Publié le 04/09/2013

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S'il est méconnu du grand public, Philippe de Beaumanoir est l'une de nos sources les plus précieuses en ce qui concerne l'histoire de la monarchie capétienne, car il a laissé une oeuvre importante et de haute qualité. Ce juriste, conseiller du roi, bailli et fils de bailli, est en même temps poète et «romancier«.
Beaumanoir inaugure un genre qui sera très français, celui des diplomates écrivains dont les plus connus sont Jean Giraudoux, Paul Claudel et Saint-John Perse. C'est en effet au cours d'une longue mission d'ambassade en Écosse et en Angleterre que le juriste théoricien du pouvoir absolu écrit ses premiers vers, ses premiers poèmes qu'on appelle alors des «chansons«.


BeAUMANOIR (Philippe de Remi, sire de), écrivain français (v. 1250 -Pont-Sainte-Maxence 1296). Il exerça les fonctions de bailli et de sénéchal notamment en Poitou, en Vermandois et à Senlis. Son œuvre romanesque est qualitativement importante avec la Manekine, sur le thème de Peau-d'Âne, et Jehan et Blonde, où le mal d'aimer se guérit par une alternance de baisers et d'aventures. Il est aussi l'auteur de poèmes d'amour, de curieuses fatrasies, et d’une œuvre de légiste, les Coutumes de Beauvaisis.

« héroïne et à décrire en quelques vers une situation dramatique ou amoureuse .

Un bailli honnête et compétent Son travail juridique révèle par ailleurs un «esprit original et in­ dépendant » qui sait faire œuvre de réflexion, de person­ nalité et de caractère .

Si l'on ignore hélas trop de choses sur sa vie personnelle , on suit aisé­ ment sa carrière, tout entière vouée au roi Philippe le Bel et à une certaine idée de la monar­ chie à la française .

Un peu à la manière d'un sous-préfet qui deviendrait préfet -et moins comme un missi dominici qui, par définition, n'a pas d'attache géographique - Philippe de Rémi, qui deviendra sire de Beaumanoir, débute comme bailli de Clermont en Beauvai­ sis.

Il reste cinq ans en poste dans sa région .

Puis, « muté » en Saintonge, il est nommé séné­ chal.

Le titre change mais le tra­ vail est le même .

Le roi investit alors des fournées de baillis, le cas de Beau manoir est la règle .

Treize baillages changent de main en 1287 , dix-sept au prin­ temps 130 3, juste avant que n'éclate l'affaire des Templiers .

Ce sont des techniciens compé­ tents, honnêtes , loyaux , que le roi déplace sur son échiquier politique .

Face aux communes qui rêvent de liberté, aux sei­ gneurs obsédés de pouvoir, Beaumanoir et ses pairs repré­ sentent le roi et incarnent l'effi­ cacité de la monarchie .

Beau­ manoir ira ensuite en Poitou, puis en Vermandois, à Tours, à Caen, à Senlis , à Paris, à Sens enfin, qui est alors une ville im­ portante dont l'archevêque est le primat des Gaules.

Conseiller du roi Après vingt-deu x ans de terrain , Philippe de Beaumanoir est en­ fin nommé au Conseil du roi, sommet d'une carrière menée sans erreur , dans une fidélité exclusive au souverain auquel, comme tous les baillis, il a prê­ té solennellement serment.

Comme Guillaume de Nogaret et d'autres conseillers plus en vue auprès desquels il siège au Conseil, Beaumanoir est un homme du roi.

On ne saurait mieux le définir .

Un serviteur de confiance que le souverain dé­ pêche aussi en inspection pour évaluer le travail et l'efficacité des autres .

Et régler sans tu­ multe les conflits locaux avant qu'ils ne dégénèrent.

Beauma­ noir et ses pairs sont l'avenir de la Couronne .

Le bailli est désor­ mais au centre des relations entre le roi et ses sujets .

Ce n'est plus le modeste intendant qui gérait «la boutique », ven­ dait le bois et le blé du domai­ ne royal.

Il est désormais le mo­ teur du pouvoir .

Un personnage d'autant plus essentiel que tous les officiers royaux n'ont pas, en la matière , la vertu de Beaumanoir.

Philippe le Bel re­ çoit un concert de plaintes concernant les indélicatesses de certains de ses administra­ teurs.

Ce qui n'empêche jamais Beaumanoir de finir ses jour­ nées en «chansons ».

UN TÉMOIGNAGE JURIDIQUE EXCEPTIONNEL Beaumanoir est plus fameux en tant que juriste qu'en tant que poète.

L'amant de «Blonde» a passé une bonne partie de sa vie à rédiger les Coutumes du Beauvaisis.

Il compose cet ouvrage, paru vers 1280, à la demande de Robert de Clermont, le sixième fils de Saint Louis, alors qu'il est bailli en Beauvaisis.

Accompagné d'un précieux commentaire, ce recueil est beaucoup plus qu'une compilation de ces droits cantonaux accumulés au cours des siècles, d'adages juxtaposés sans cohérence .

Il offre un tableau sans égal des institutions de la société féodale.

Le poète qui est souvent juge au tribunal du bailli a rencontré chaque jour les difficultés insurmontables liées à ce fatras incohérent et non écrit .

Il met en ordre et donne un sens à des habitudes néfastes : trop de droits tue le Droit.. »

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