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Pierre Séguier

Publié le 27/02/2008

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1588-1672 Parmi les grands commis qui durent à la monarchie française du XVIIe siècle l'illustration de leur nom et l'éclat de leur fortune, Pierre Séguier n'apparaît pas, avec le recul du temps, comme un homme de premier plan. Aucun service public ne resta durablement marqué par son empreinte, aucune "réformation" ne fut même esquissée par cet administrateur plus prudent qu'éclairé. C'est sans doute par d'autres traits que son destin fut exemplaire. Mieux qu'aucun autre il représenta un certain milieu social et une conception très unitaire du monde que préparait toute une tradition familiale. Dans ces maisons de grands robins, dont l'ascension avait duré près d'un siècle sous l'ombre tutélaire de la monarchie et des familles princières, le service de Dieu et celui du roi se combinaient tout naturellement avec l'âpre souci de construire une fortune et de se constituer une clientèle. Quand Pierre Séguier reçut en 1633 la garde des Sceaux, sa promotion ne fut pas, pour les contemporains, choix scandaleux ou novateur. C'était moins un personnage qu'une famille dont on consacrait les services passés et présents.

« qu'impliquaient ses fonctions.

En faveur de son gendre, le marquis de Coislin (neveu de Richelieu) Séguier acheta lacharge de colonel-général des Suisses et consentit à sa fille une dot de cinq cent mille livres.

La protection deRichelieu et l'insertion dans la vieille noblesse d'épée compensaient largement ce sacrifice. Tant que vécut Richelieu, le chancelier se comporta en exécutant fidèle de la politique inspirée par le cardinal.

Ilserait fastidieux de le suivre, année par année, dans ses tâches d'administrateur et de haut justicier.

Signalonscependant un épisode marquant : le rôle actif qu'il joua en 1639-1640 en dirigeant la répression qui s'exerça enNormandie après la révolte des Nu-Pieds.

Après la mort de Richelieu et celle de Louis XIII (1643), son rôle grandit auConseil : bien vu de la régente — qui affectionnait fort sa sœur, supérieure des Carmélites de Pontoise — utile àMazarin, Séguier eut pendant quelques années une liberté d'action considérable. Les années de la Fronde furent, par contre, des années pour lui difficiles.

Sa fidélité au jeune roi et à Mazarin fut àplusieurs reprises suspectée.

A deux reprises, on lui ôta les Sceaux.

En juillet 1652, sa conduite prêta le flanc auxplus vives critiques.

Il accepta, en effet, le 26 juillet de présider un Conseil extraordinaire réuni par le duc d'Orléanset le prince de Condé alors en lutte contre le roi. Cette défaillance dura peu de temps.

Dès le 17 août 1652, Séguier quittait Paris pour rejoindre la Cour.

Sansreprendre immédiatement les Sceaux — Molé les conserva jusqu'en 1656 — le chancelier retrouva, sous Mazarin,puis sous Louis XIV, les habitudes de docilité qu'il avait acquises sous Richelieu.

Les contemporains taxèrent souventde servilité — particulièrement lors de l'instruction contre Fouquet — cette obéissance complaisante au pouvoir.Mais pouvait-il en être autrement pour un ministre qui identifiait sa carrière, sa fortune, son destin, au service du roiet de l'État ? Ce service n'était pas sans d'heureuses contreparties.

Nommé, dès 1641, commandeur des ordres de Saint-Michel etdu Saint-Esprit, "Très-Haut et puissant seigneur Messire Pierre Séguier" devint comte de Gien, baron puis duc deVillemor.

Il maria sa seconde fille, Charlotte, d'abord avec le duc de Sully, puis avec le duc de Verneuil, fils d'HenriIV.

L'orgueil qu'il tirait de ces unions provoqua l'ironie de Saint-Simon.

Ces rancunes de la vieille noblesse ne fontque mieux ressortir l'exceptionnelle réussite de Séguier.

Lorsqu'il mourut, en 1672, il laissait près de quatre millionsde livres tournois et une famille solidement établie dans l'aristocratie. Étrange destin que celui de Pierre Séguier.

Ce responsable suprême de la justice et de la haute administration nelaissa son nom à aucune œuvre d'envergure.

Et pourtant, à parcourir le fonds immense de ses lettres et de sespapiers, on comprend comment ce très grand serviteur de l'État s'était identifié à lui au point d'y consacrer sonactivité et d'y risquer sa gloire.

Rien de ce qui fut fait de durable pendant un bon tiers du XVIIe siècle ne l'aurait étésans sa participation.. »

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