Devoir de Philosophie

Puissance et fragilité de l'industrie japonaise

Publié le 19/10/2010

Extrait du document

Troisième puissance industrielle du Monde — voire la deuxième — le Japon ne cesse de surprendre depuis de nombreuses années. Après avoir connu une rapide croissance dans les années soixante, il paraît faire face beaucoup mieux que les pays occidentaux à la crise actuelle. La puissance industrielle du Japon est admise par ses rivaux : l'ancien élève est maintenant devenu le modèle que l'on cherche à copier. Cette force est-elle sans faille ? Non, car le Japon, s'il a jusqu'à présent jugulé les effets de la crise, ne les a pas moins ressentis brutalement à plusieurs reprises. La vigueur et la rapidité des réactions des Japonais prouvent qu'ils sont conscients de cette fragilité.

« d'entreprises ont conservé un caractère familial, où les relations humaines entre actionnaires, banquiers,parfois même clients et fournisseurs jouent un rôle complexe, déroutant pour un observateur européen.

Lesfusions d'entreprises sont difficiles au Japon, et cela explique leur taille relativement modeste.

Mais il existecependant des liens, un esprit de communauté entre les sociétés, qui permettent par exemple de soutenir lesentreprises en difficulté.

Et surtout d'innombrables petites usines dépendent en fait des grandes : système dela sous-traitance.

Cela donne aux groupes japonais beaucoup de souplesse pour faire face à toutes lessituations. Ce type particulier de relations humaines existe aussi au sein même de l'entreprise, considérée comme une grande famille dont le patron est le chef.

Les avantages pour les employés et les cadres ne sont pas négligeables : principalement la sécurité de l'emploi puisque beaucoup ont un contrat à vie ; le chômage (2,5% des actifs en 1976, 2,3 % en 1978) est faible.

Mais le système apparaît encore plus avantageux pour lepatronat japonais.

Les syndicats sont en fait dans sa main, le personnel peut être déplacé sans difficultésuivant l'intérêt de l'entreprise ; il y a peu de contestation, de grèves.

C'est ainsi que la sidérurgie japonaise apu procéder à une restructuration, c'est-à-dire à une compression des effectifs et à une limitation desaugmentations de salaires, qui a permis de redresser la situation.

La multiplicité des petites usines sous-traitantes facilite les opérations de « dégraissage ».Cette organisation contribue à l'amélioration constante de la productivité.

Certes, celle-ci est d'abord due à une technologie avancée.

Les brevets japonais sont de plus en plus nombreux, notamment dans le domaine del'électronique.

La part des investissements est considérable, les banques drainant l'épargne au profit desentreprises.

Mais le cadre et l'ouvrier japonais contribuent à l'augmentation de la productivité en acceptant detout faire pour assurer la bonne marche de leur usine.

Il existe même des écoles de formation où l'on apprend àfaire des « hommes d'entreprises ». Le développement de la production industrielle ne peut se faire que si les débouchés augmentent dans les mêmes proportions.

Il faut d'abord souligner l'importance du marché intérieur, puisque la population du Japon dépasse 115 millions d'habitants ; marché loin d'être saturé : un Japonais sur cinq possède une automobile (aux États-Unis un habitant sur deux). • Toutefois la conquête des marchés extérieurs prend une importance de plus en plus grande.

Là encore, les Japonais ont démontré leur savoir-faire.

Les sociétés commerciales, étroitement liées aux sociétés industrielles,étudient les marchés à conquérir puis les investissent méthodiquement.

C'est ainsi que les fabricants de téléviseurs,et maintenant d'automobiles, ont pris pied aux États-Unis, puis en Europe.

Les groupes japonais, après deshésitations, ont commencé à investir à l'étranger, d'abord dans les pays d'Asie à main-d'œuvre bon marché, puisdans les pays industrialisés.

Récemment Sony a commencé la construction d'une usine près de Bayonne, Honda va en construire une aux États-Unis, Nissan a conclu des accords avec Alfa Romeo.

Autant de preuves du dynamisme des Japonais, de la puissance conquérante de leur industrie. II.

- LA FRAGILITÉ DE L'INDUSTRIE JAPONAISE. Le Japon, comme les autres grandes puissances occidentales, est touché par la crise économique.

En 1974 et en1975, il a subi brutalement les conséquences de ce que l'on appelle maintenant le « premier choc pétrolier », c'est-à-dire l'augmentation du coût de l'énergie : la production industrielle japonaise a baissé respectivement de 3,1 °A et10,6 %.

En 1977, la croissance a été faible ( + 4,1 %) et les statistiques de 1978 font apparaître une stagnationpar rapport à l'année précédente.

L'industrie a-t-elle aussi ses faiblesses ? A.

La dépendance vis-à-vis de l'étranger. Comme les pays d'Europe occidentale, mais à un degré beaucoup plus élevé, le Japon apparaît très dépendant del'étranger. Les approvisionnements en énergie et matières premières.

— La pauvreté en ce domaine est extrême.

Le Japon n'a que peu de ressources naturelles : un charbon médiocre en faible quantité (moins de 20 millions detonnes), une production dérisoire de pétrole, de fer.

Seule, l'électricité hydraulique représente une ressourceimportante (environ 70 milliards de kWh) mais elle plafonne.

Le Japon est donc presque totalement dépendantde l'étranger, surtout en ce qui concerne le pétrole.

Il ressent, plus que ses concurrents, les effets del'augmentation des prix : la balance commerciale, largement excédentaire en 1977 (plus de 20 milliards dedollars) est devenue déficitaire en 1979 pour la première fois depuis des années et l'est restée au premiertrimestre de 1980.

De plus en plus coûteux, l'approvisionnement n'est pas non plus assuré : la révolution enIran a privé le Japon d'une part du pétrole qui lui est nécessaire. On comprend que dans ces conditions le gouvernement ait adopté récemment un programme dedéveloppement des autres sources d'énergie — nucléaire, géothermie,...

et charbon —.

L'objectif est deramener la part du pétrole à 50 % (contre 75 % en 1977).

Mais le coût des recherches est élevé : on prévoitplus de 50 milliards de francs pour les dix années à venir. 1. Les difficultés commerciales :2. Condamné à exporter sans cesse davantage pour payer ses importations d'énergie, le Japon doit coûte que coûtedévelopper ses ventes de produits industriels.

Jusqu'à présent, il a pu conquérir des marchés, notamment en Asie. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles