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Révisionnisme et fascisme

Publié le 27/02/2008

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Les dispositions prises par les Alliés au lendemain du premier confit mondial résultent d'un compromis entre " l'idéalisme wilsonien " qui privilégie le " droit des peuples à disposer d'eux-mêmes " et les soucis de sécurité et d'hégémonie qui, à des degrés divers, caractérisent l'attitude des vainqueurs, principalement de la France.                Le statu quo  établi par les traités qui mettent fin à la guerre et la vague de libéralisation et de démocratisation qui suit immédiatement celle-ci (nombreux sont les pays qui se donnent alors des institutions politiques calquées sur le modèle occidental) fondent ainsi un ordre éminemment précaire, favorable aux puissances victorieuses. La Société des Nations, où domine l'influence franco-britannique, est, à bien des égards, le reflet et l'instrument du nouveau rapport des forces.                Pacifisme, respect du statu quo  de Versailles et démocratie se trouvent de cette manière étroitement associés pour constituer un bloc idéologique ayant à la fois des implications nationales et internationales, toute atteinte à l'un ou à l'autre de ses éléments débouchant sur une remise en question de l'ensemble.                D'une certaine façon le " fascisme " des années 20 est né de cette remise en cause. Il s'inscrit dans une perspective révisionniste et correspond à une attitude de refus de l'ordre international fondé par les traités de 1919-1920. De fait, il trouve son terrain de prédilection dans les pays qui ont subi la défaite ou dont la victoire a été, comme l'affirment les nationalistes italiens, " mutilée " par les exigences des trois Grands, France, Royaume-Uni et États-Unis. Dans les deux cas il y a, incontestablement, une frustration collective qui alimente à la fois les revendications territoriales des gouvernants et la mystique chauvine des peuples.       

« Dans les autres pays de l'Europe centrale, orientale et méditerranéenne, les régimes politiques instaurés au lendemain de la guerre conservent engénéral les aspects extérieurs de la démocratie.

En fait, ils ne cesseront de se radicaliser dans un sens nettement antiparlementaire etanticommuniste, tandis que se développent en leur sein d'authentiques partis fascistes (tel celui que dirige en Roumanie Corneliu Codreanu P1408 ).

Le fascisme italien, qui triomphe en octobre 1922, et le national-socialisme hitlérien, qui arrivera au pouvoir au débutde 1933, constituent des expériences fondamentalement différentes et s'inscrivent dans le cadre des économiesavancées.

L'un et l'autre correspondent à un certain stade de développement des économies capitalistes qui estcelui du passage au capitalisme monopoliste.

Condition nécessaire, mais non suffisante pour que se développe ausens propre du terme le phénomène fasciste.

D'autres facteurs jouent en effet un rôle essentiel : l'existence, dans des pays qui, comme l'Italie et l'Allemagne, ont connu une industrialisation rapide, de massesformées d'individus atomisés, c'est-à-dire coupés des structures d'encadrement de la société traditionnelle (famille,paroisse, corporation, etc.) et isolés, proie facile pour les candidats à la dictature qui proposent aux massesdésemparées le refuge d'une intégration que n'ont pas su réaliser les élites traditionnelles ; la présence de classes moyennes en situation de crise.

Crise due à la grande vague de concentration quiaccompagne la seconde révolution industrielle, mais qui se trouve accentuée par les effets du conflit mondial et parles difficultés économiques de l'après-guerre, plus tard par les conséquences de la " grande dépression ".

Menacéede prolétarisation, la petite bourgeoisie se radicalise dans un sens qu'elle croit conforme à ses intérêts.

En fait,imprégnée de l'idéologie dominante, fortement influencée par le nationalisme et jalouse de ses prérogatives sociales,elle ne choisit pas le camp de la révolution, mais celui des adversaires du socialisme ; la défaillance des élites traditionnelles devant les difficultés croissantes du système libéral.

Incapables de faire faceà la crise et de conjurer la menace révolutionnaire qui accompagne celle-ci, les classes dirigeantes laissent le champlibre à une " élite de remplacement ", qui a été forgée par la guerre et qui se recrute essentiellement parmi leséléments les moins intégrés de la société de l'après-guerre ou parmi les déclassés et les laissés-pour-compte de larévolution industrielle.

Ainsi se constituent les bandes armées du " premier fascisme ", rassemblement d'ancienscombattants déçus, de " lansquenets " sevrés de " l'odeur des mâles aventures " (E.

von Salomon), de marginaux etde chômeurs.

Leur idéologie, ces groupes de combat (squadre en Italie, S.A.

en Allemagne) la puisent dans lesidéaux contestataires que leur a légués le XIXe siècle dans sa phase antipositiviste.

On y trouve mêlés les thèmesde l'anarcho-syndicalisme, du blanquisme et du nationalisme ; livré à ses seules forces, le fascisme n'aurait aucune chance d'accéder au pouvoir.

Pour survivre et pour se lancerà l'assaut de l'État libéral, il a besoin des subsides des grands propriétaires fonciers et des magnats de l'industrie.Hésitants au début, ceux-ci lui fournissent aide et protection quand il apparaît qu'il est devenu leur ultime recours.Soit pour prévenir une nouvelle offensive révolutionnaire, comme en Italie après l'occupation des usines à l'automne1920, soit comme en Allemagne pour sauver le capitalisme en crise (par une politique d'armement, par la mise au pasdes organisations ouvrières, etc.).

Ainsi se noue une alliance qui constitue l'essence du " second fascisme " et quise traduit par la mise en sommeil des objectifs " révolutionnaires " du fascisme première manière.

L'alliance des grands intérêts et de la petite bourgeoisie représente la base socio-économique du fascisme aupouvoir.

C'est ce critère qui le distingue des régimes purement réactionnaires par lesquels la classé dirigeantetraditionnelle exerce directement sa dictature.

Reposant sur un compromis entre des groupes aux intérêtsdivergents, le fascisme présente au cours de cette troisième phase les caractères suivants : les classes économiquement dominantes exercent à l'intérieur du " bloc au pouvoir " une hégémonie qui n'est pastotale (à la différence des dictatures militaires classiques).

Pour maintenir leurs pouvoirs socio-économiques, ellessacrifient en partie leur domination politique au profit d'un " sauveur " (Duce, Führer) qui est généralement issu de lapetite bourgeoisie.

En échange de quoi elles bénéficient d'une situation qui favorise leurs tendances monopolistiqueset les débarrasse, par le biais du corporatisme, de la pression exercée par les organisations ouvrières.

Mais en même temps le fascisme au pouvoir doit fournir des compensations à la petite bourgeoisie, économiquementlésée.

Compensations de prestige, par l'adoption d'une politique extérieure " dynamique ", et surtout possibilités depromotion sociale offertes par le parti et par les organisations qui en dépendent.

Enfin, le totalitarisme fasciste se distingue des autres régimes d'exception mis en place par les classes dirigeantespar son souci d'intégrer les masses au nouveau système.

Ceci implique des concessions et des avantages accordésaux classes populaires dans le but de les rallier au régime sans porter atteinte aux intérêts majeurs du capitalisme.Mais aussi l'enrégimentement des masses dans des organisations corporatistes et paramilitaires, ainsi que leurencadrement par le parti unique.

En fin de compte, on aboutit à la mise en place d'un système totalitaire pur, dans lequel le parti et le chef national ( Hitler P148 ou Mussolini P241 ) finissent par imposer leur action autonome aux forces socio-économiques qui les ont portés au pouvoir.

Ce quatrième stade du fascisme, qui n'avraiment été réalisé que par l'Allemagne pendant la guerre, pousse jusqu'au paroxysme les méthodes de terreur physique et psychologique (policepolitique, propagande, camps de concentration) qui ont été adoptées au lendemain de la prise du pouvoir.

Deux pays seulement, l'Allemagne et l'Italie, répondent à cette définition étroite du fascisme.

Ailleurs, la grande. »

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