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Richard Neville, comte de Warwick

Publié le 22/02/2012

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Ce fut par une habile manoeuvre de flanc qu'à Saint-Albans (21 mai 1455) se révéla Richard Neville, comte de Warwick, le " faiseur de rois ". En cette journée, il assura la fortune de la Maison d'York et la sienne. Bien des obscurités subsistent sur le personnage, sur le rang qu'il convient de lui assigner. N'aura-t-il été qu'un aventurier sans scrupule, et de surcroît cruel, un stratège adroit, dont les lenteurs ou les audaces plongent dans la perplexité, un beau chevalier ou un couard ? Et que dire de sa force réelle, quand certains contemporains assurent qu'autour du bâton noueux, son emblème, trente mille hommes ont pu revêtir sa livrée rouge, et quand d'autres ne parlent que de quelques milliers de suivants ? Il naquit le 28 novembre 1428 d'une lignée aux branches multiples, que de riches alliances et les faveurs royales avaient prodigieusement grandie. Son père, dans les veines de qui coulait du sang plantegenêt, était comte de Salisbury ; par sa tante, mariée à Richard d'York, il était neveu de ce dernier. Lui-même, promis dès l'âge de dix ans à une Beauchamp, devait hériter de l'opulente fortune de cette famille, dont le comté de Warwick. Son enfance s'était écoulée sur les borders écossais, où il apprit le métier des armes. Avec tous les siens, il s'attacha à la cause de son oncle York. C'est pourquoi il participa à la rencontre de Saint-Albans : à l'âge de vingt-six ans, il était entré dans l'Histoire.

« Rappelons que le comte conservait à Calais ses anciens pouvoirs.

Ceux-ci furent étendus aux cinq ports et à toutela côte anglaise avoisinante. On lui confia les borders écossais, dont traditionnellement sa famille exerçait le gardiennage.

Il était revêtu deplusieurs dignités, dont celle de grand chambellan.

Un supplément de revenus en résulta, que Commynes a "ouyestimer quatre vingts mil escuz l'an...

sans son patrimoine".

Celui-ci, pense-t-on, en valait autant. Le luxe royal qu'il déployait, les hommes qui se "retenaient" devers lui par voie contractuelle ou par le biais de lamaintenance, qui, par centaines, le suivaient dans ses déplacements, dont le défilé au son des clairons, bannièredéployée, éblouissait et le grandissait, tout ceci l'obligeait en effet à des dépenses considérables que des empruntsà la marchandise et aux villes aidaient à régulariser.

Le réseau familial tendu sur toute l'Angleterre et des amitiéstrès sûres appuyaient encore l'orgueilleuse puissance de Warwick : tels ses frères Georges, chancelier etarchevêque d'York, et Jean, dont il fit un marquis de Montaigu et un comte de Northumberland après confiscationdes très riches biens appartenant aux Percy.

Ainsi le comte d'Essex, Henri Bourchier, apparenté à la famille royale ettrésorier du royaume, son oncle Fauconberg, devenu son lieutenant à Calais et plus tard comte du Kent. Huit mois de l'année, il les passait dans le Yorkshire ou sur les borders, le reste sur la route de Middleham à Londres,ou bien à inspecter sa flotte, à suivre les débats du Parlement, à recevoir des ambassadeurs étrangers.

Ilentretenait une abondante correspondance ; rien d'important ne se produisant qu'il ne fût consulté.

S'il laissa àd'autres le soin de soumettre les Gallois, lui luttait contre les Lancastriens du Nord : Il mit quatre ans à lesdébusquer de leurs retranchements d'Alnwick, de Dunstanburgh, de Norham et de Bamburgh, sans cesse en butte àdes rébellions locales et à des forces venues d'Écosse ou de France. Il se pencha avec une extrême attention sur ce qui se passait dans ce dernier pays.

Répondant en effet à l'appel deMarguerite d'Anjou, Charles VII lui avait ouvert depuis longtemps ses ports de Normandie ; après Towton, la guerrefaillit éclater que l'avènement de Louis XI parut différer : l'ancien dauphin avait naguère professé pour Warwick dessentiments d'estime ; il lui avait envoyé des hommes pour se battre contre la Rose Rouge.

Sollicité par la maisond'York, Louis se déroba pourtant et même conclut un pacte avec Marguerite, à Chinon, le 24 juin 1462 : contre unversement d'argent, la reine engagea la ville de Calais et accepta une trêve de cent ans pour les deux États.

Ons'explique les contacts que Warwick n'a pas manqué de prendre de très bonne heure avec le roi de France.

LorsquePhilippe le Bon parla de réunir un congrès à Saint-Omer pour réconcilier les pays ennemis et entraîner leurs chefs àla Croisade, le comte pensa mener l'ambassade anglaise, mais les affaires écossaises le retinrent (1463).

Un régimede trêves s'instaura néanmoins, que Louis XI, dans des lettres flatteuses où il traitait d'égal à égal avec soncorrespondant, chercha à transformer en alliance véritable.

Il l'invitait à des négociations commerciales, proposa unmariage entre Édouard IV et une sœur de sa femme.

Il le sonda sur un éventuel partage de la Maison de Bourgogne.Jamais l'intimité entre les deux hommes ne sembla plus évidente que les jours où le monarque reçut à Rouen, avecprévenance et solennité, celui qu'il appelait son "cousin" et que la Cour d'Angleterre venait de lui dépêcher (juin1467). Edouard IV cependant s'émancipait.

Tandis qu'en 1464 Warwick négociait pour lui un mariage français, il avaitépousé une veuve, Élisabeth Woodville ; pis, un clan s'était aussitôt constitué, unissant les parents de la reine à dedévoués serviteurs de la monarchie, assez hostiles à Warwick.

Les uns et les autres défendaient un programme anti-français de rapprochement commercial entre l'Angleterre, les Pays-Bas et la Bretagne, ainsi qu'une unionmatrimoniale entre la sœur du roi, Marguerite, et le nouveau duc de Bourgogne, Charles le Téméraire ce derniers'étant montré jusqu'ici farouche adversaire des York.

On devine combien s'est senti blessé dans son orgueil et lésédans ses intérêts celui contre qui se dessinaient ces manœuvres.

Elles le heurtaient dans ses conceptions del'économie.

Plutôt que vendre de la laine à Bruges, il estimait plus rentable pour son pays l'exportation des drapsdont la production augmentait dans les comtés de l'Ouest ; en contrepartie, on achèterait les blés, le sel, les vins etle pastel dont la France regorgeait.

Il poussait également à une politique de fermeté envers les Hanséates, quirefusaient l'accès de la Baltique aux navires anglais.

Quand le Parlement de 1468 vota des crédits de guerre contrela France, il se crut dupé, d'autant que, d'une part, des empêchements étaient mis à des mariages projetés par luientre les deux frères du roi et ses filles, de l'autre, on venait de renvoyer les hommes qu'il avait placés aux postes-clés du gouvernement. La rupture éclata en 1469.

L'archevêque d'York maria Clarence, frère aîné du roi, à Isabelle Neville à Calais, alorsque dans le Kent des manifestes circulaient, annonciateurs de la guerre civile, et que l'Angleterre du Nord s'agitait àla voix de Robin de Redesdal.

Dix jours après qu'eut lieu le débarquement de Warwick sur le sol anglais, le 26 juillet,les troupes d'Édouard furent écrasées à Edegcot et bientôt le monarque se rendit.

C'était la victoire.

Neuf mois plustard, Warwick, après avoir cherché en vain asile à Calais, se présentait à Honfleur pour s'y placer sous la protectionde Louis XI.

Que s'était-il passé ? Ce qui s'était passé, c'était la désagrégation du pays.

Le parti yorkiste s'était divisé ; une agitation xénophobe desplus inquiétantes pour la classe mercantile secouait la population ; le Parlement n'avait pu se rassembler ; lesLancastriens redressaient la tête ; Édouard IV, après un moment d'apparente soumission, avait menacé. En France, le comte et Clarence durent céder aux pressions de Louis et promettre la restauration d'Henri.

On vit, àAngers, l'éternel révolté rester un quart d'heure à genoux devant la reine Marguerite avant d'en obtenir le pardon,puis recevoir promesse écrite d'un mariage entre l'héritier lancastre et sa fille Anne.

Le roi de France promit unsubside de cinquante mille écus, et parla d'une guerre contre le Téméraire (juillet 1470).

Après un retard imputable à. »

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