Russie entre modernisation et autocratie
Publié le 21/02/2012
Extrait du document
- Le choc de la défaite de Crimée
1) Un pays étouffé par le pouvoir tsariste et l’Eglise orthodoxe
•Jusqu’en 1855, la Russie continue à vivre sur l’illusion qu’elle domine l’Europe guettée par la révolution (échec de Napoléon en 1812-1815 ; rétablissement de l’empereur d’Autriche sur son trône en 1855). Elle vit à l’heure du programme fixé par le compte Ouranov, ministre de l’Instruction publique de Nicolas Ier : « Autocratie, Orthodoxie, Nationalité «. Tsar de toutes les Russies, béni de Dieu, n’ayant de compte à rendre à personne, le souverain gouverne par décrets (oukazes), servi par une administration pléthorique, routinière et corruptible, la censure et la police étouffant surveillant et punissant par l’emprisonnement ou la déportation en Sibérie toute liberté de pensée.
«
seigneur sur la communauté) devient pour eux un nouveau maître.
Adminis-
tration
•En 1868, l’administration locale est réformée par la création d’assemblée
de district élues ( zemstvos ) comprenant 3 collèges : (propriétaires citadins
paysans) et chargée de construire, et d’entretenir routes, ponts et bâtiments
publics, de gérer l’assistance publique, de veiller à l’hygiène, de créer des
écoles, d’exercer des pouvoirs de police, …
•En 1870, l’autonomie administrative est accordée aux villes avec élections
des Doumas municipales et du maire.
Éducation •La réforme qui se met en place en 1862-1864 donne l’autonomie aux
universités qui peuvent élire leur recteur et qui sont désormais ouvertes à
tous.
De même , l’enseignement secondaire, jusqu’alors réservé aux nobles,
est ouvert et des sections modernes y sont créées.
Justice •La justice est déclaré indépendante de l’administration, les juges
deviennent inamovibles, les débats sont publics et les jurys prononceront le
verdict dans les procès criminels.
Armée •En 1874 est créée une armée nationale sur le principe du service militaire
obligatoire de 6 ans.
•La réforme suscite un enthousiasme dans les milieux libéraux qui réclament un régime
constitutionnel et stimule l’action des sociétés secrètes qui se revendiquent du socialisme
ou qui, à la suite de l’écrivain Tchernychevsky qui lance un « Appel à la jeune Russie,
appellent de ses v œux une révolution violente aboutissant à une République démocratique
et sociale.
•De même, en Pologne la vague libérale prend la forme d’une revendication nationale que
le tsar tente d’apaiser en en octroyant la constitution d’un Conseil d’Etat en 1861 et d’une
Université polonaise.
2) La réaction (1864-1881)
•Devant la poursuite de la protestation, Alexandre II décide l’incorporation dans l’armée
de la jeunesse urbaine, fer de lance du mouvement libéral.
Cette décision qui provoque
l’insurrection en 1864 est rapidement écrasée avec l’aide de la Prusse au prix de 30 000
morts et 70 000 déportés.
•Face à ces événements et surtout après l’attentat dirigé contre lui en 1866, le tsar se lance
dans la réaction, convaincu que toute réforme libérale a pour issue la révolution.
Appuyé
par le mouvement slavophile, il revient sur certaines des réformes accordées :
-La presse est à nouveau surveillée ;
-Les universités placées sous l’autorité du procureur du Saint-Synode (comte
Tolstoï), l’enseignement des sciences naturelles est supprimé et celui d’histoire
réduit ;
-Les Tribunaux sont mis sous tutelle et les déportations administratives
reprennent.
3) L’opposition populiste puis nihiliste
•En réaction, un mouvement « populiste » formé en particulier d’étudiants qui arrêtent
leurs études se développent de 1874 à 1877.
Ils gagnent les campagnes où ils prêchent les
idées nouvelles et le socialisme mais se heurtent à la méfiance du monde rural qui les
dénonce à la police et plus de 2000 populistes sont emprisonnés.
L’impasse du populisme
les rejette vers nihilisme qui prône les attentats (comme le fait Bakounine), telle
l’association « Terre et Liberté » qui en organise contre des personnalités du régime à
partir de 1876.À partir de 1879, les nihilistes s’en prennent au tsar qui échappe à une série
d’attentats au revolver ou à la bombe.
Désemparé, il décide de réunir une commission
pour préparer une Constitution.
Mais le 1 ermars 1881, le jour où il doit signer le décret de
convocation de cette commission, il tombe victime d’un sixième attentat.
III- Alexandre III : autocratie politique et modernisation économique
1) Autocratie politique
•Récusant les concessions libérales de son père, Alexandre III développe, sous l’influence
de son conseiller Pobiédonotsev, procureur du Saint-Synode, l’autoritarisme du régime
dont la devise gouvernementale est : « un maître, une foi, une langue » :
-La police politique, l’Okhrana, traque le mouvement révolutionnaire, le
mouvement libéral est étouffé et la Russie isolée de l’Occident (passeports et
contrôles tracassiers entravant l’entrée et la sortie des voyageurs).
-La presse, les livres et les bibliothèques sont sous le contrôle étroit de la
censure, les livres et journaux étrangers n e pénètrent en Russie qu’après que les
passages jugés dangereux ont été noircis (passés « au caviar »).
-Les éléments populaires sont écartés des écoles et des universités.
-Les zemstvos sont placés sous la surveillance des chefs ruraux, fonctionnaires
ou aristocrates.
=> Dans cette atmosphère d’étouffement intellectuel et d’isolement, la société sombre
dans l’ennui et le découragement dont les pièces de théâtre de Tchekhov portent
témoignage.
•Les nationalités allogènes sont soumises à une intense russification dans les domaines
religieux et linguistique.
Cette politique vise en particulier les Juifs.
Soumis à une
législation restrictive qui leur interdit d’habiter dans les grandes villes, de s’inscrire dans
les universités au-delà d’un numerus clausus , d’acquérir des terres, ils vivent dans les
ghettos des bourgades de l’ouest du pays, servant de boucs émissaires, les autorités
locales et l’Eglise orthodoxe assistant avec complaisance aux massacres et pillages
(Pogroms) dont ils sont l’objet de la part de la population de Bessarabie, de Biélorussie et
d’Ukraine.
Des centaines de milliers migrent vers l’Europe occidentale ou les Etats-Unis
et ceux qui restent se montrant attentifs aux mouvements révolutionnaires..
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